Créé en 2016 par le département et les intercommunalités des Yvelines (78), puis rejoint en 2020 par le département des Hauts-de-Seine, Seine-et-Yvelines Numérique accompagne les acteurs publics qui le souhaitent dans la conduite de leur politique numérique du quotidien. «_Notre mission est de mettre à disposition des communes notre expertise et savoir-faire numérique, en mutualisant les moyens_», explique Laurent Rochette, directeur général du syndicat. Retour sur cinq années de projets au bénéfice des entreprises et des citoyens de ce vaste territoire francilien.
RCL : Comment définissez-vous la mission de Seine-et-Yvelines Numérique, premier opérateur interdépartemental en France ?
Laurent Rochette : Notre syndicat est une entreprise de service public dont la mission consiste à concevoir et mettre en oeuvre des plateformes de services innovantes et mutualisées en matière de numérique pour améliorer le cadre de vie des habitants. Ces services sont destinés à nos membres, tous issus du secteur public local dans les départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine. En travaillant avec nous, ils accèdent à des produits et services moins chers, grâce notre centrale d’achats créée pour répondre à leurs besoins.
Quels chantiers emblématiques avezvous conduits durant vos cinq années d’existence ?
L.R. : Pour commencer, nous avons souhaité améliorer la couverture numérique du département des Yvelines afin d’offrir aux habitants l’accès au très haut débit (THD) de manière égalitaire et uniforme sur l’ensemble du territoire, un préalable à la création de services numériques. En partenariat avec les opérateurs Orange, SFR et Yvelines Fibre, filiale de TDF, nous avons équipé 693000 foyers répartis sur 259 communes, avec un travail spécifique sur les zones rurales qui représentent quelque 100000 foyers. Dès lors que l’infrastructure était aboutie, nous avons lancé progressivement – à la demande du département des Yvelines– une politique d’équipement des collégiens et leurs enseignants, puis des écoles primaires, en équipements individuels mobiles et proposé une offre élargie de services pour le numérique à l’école, validée par l’Éducation nationale. Puis très rapidement, le syndicat s’est intéressé à la sécurité. 1800 caméras de vidéoprotection ont été déployées aux abords d’une centaine de bâtiments publics des Yvelines comme les collèges, les casernes de pompiers et les établissements départementaux, un dispositif contrôlé par le centre départemental de supervision des images créé en 2019.
Où en êtes-vous en matière de territoires connectés ?
L.R. : En 2021, Seine-et-Yvelines Numérique a lancé une opération pilote pour équiper les communes des Yvelines en bornes de recharge des véhicules électriques (BRVE) grâce à une offre clé en main – installation, maintenance et suivi. Aujourd’hui, les enjeux portent sur les équipements qui vont rendre des services aux citoyens et apporter des informations utiles aux élus pour la gestion de leur ville : capteurs de trafic, capteurs de bruit ou de qualité de l’air, détecteurs de crues, éclairage public intelligent, etc. Or, nous constatons actuellement un manque de coordination dans la mise en oeuvre de ces équipements. L’enjeu pour le syndicat ? Identifier l’ensemble des initiatives puis proposer aux collectivités ou aux établissements publics de travailler en partenariat. Seine-et-Yvelines Numérique pourrait devenir le point de convergence de toutes ces initiatives, proposer un réseau de transport de données sécurisé et homogène, héberger l’ensemble des données et offrir aux élus la capacité d’analyser ces données. La vidéoverbalisation, un sujet plébiscité par les communes, fait également partie des sujets que nous étudions. Il est devenu très difficile pour les maires de recruter des policiers municipaux d’où la volonté de certains d’entre eux d’automatiser ce service afin de répondre à cette problématique. Il y aurait là un véritable gain économique pour les communes et de sécurité du quotidien pour la population, mais il reste encore des points juridiques à éclaircir.
Comment appréhendez-vous les défis liés à la cybersécurité sachant que plusieurs collectivités sur votre territoire ont été victimes de cyberattaques ?
L.R. : La multiplication des cyberattaques contre les systèmes d’information nous a conduit à travailler sur cette thématique. Il est vrai que les collectivités locales sont devenues des proies très attractives pour les cyberpirates. La commune de Houilles par exemple, membre de notre syndicat, s’est vue contrainte de débourser environ 500000 € pour la reconstitution de ses données qui avaient été cryptées. La demande est forte compte tenu du nombre d’attaques. Or les collectivités et les établissements publics n’ont pas suffisamment d’expertise en interne pour y faire face et les prestataires contactés en urgence sont quelquefois pris au dépourvu. C’est un besoin sur lequel nous allons construire une réponse. Avec cette nouvelle activité, nos adhérents pourront trouver chez nous des outils de sensibilisation, de formation et de protection ainsi qu’une aide en cas d’attaque informatique.
Quels sont vos projets pour 2022 ?
L.R. : Nous poursuivrons nos actions avec un engagement majeur en faveur du numérique pour l’éducation : le projet d’équipement individuel mobile des élèves du CM1 à la 3e et des établissements publics et privés a été décidé par le département des Yvelines le 28 janvier 2022 pour un montant de 126 M€. sur six ans. Nous lançons également cette année une offre de vidéoprotection de la voie publique au bénéfice des communes qui le souhaiteront. Beaucoup d’entre elles n’ont pas les moyens de s’équiper et ne disposent pas des ressources humaines nécessaires pour assurer le vi sionnage et le traitement des données en continu. La récente loi sécurité globale autorise désormais la mutualisation dans ce domaine. Seine-et-Yvelines Numérique proposera une offre inédite complétée de services élargis. Par ailleurs, l’inclusion numérique fait partie de nos préoccupations. Nous commençons cette année la mise en oeuvre d’un passe numérique sous forme de chèques, lancée par les deux départements et portée par le syndicat, qui permettra à des publics éloignés du numérique de se former gratuitement auprès du tissu associatif du territoire. Enfin, le projet de dématérialisation numérique lancé en 2021 se poursuivra visant à proposer aux communes un système d’archivage SAEH (Système d’Archivage Électronique Hybride) pour le compte des archives départementales des Hauts-de-Seine et des Yvelines dès 2023.
Propos recueillis par Blandine Klaas
SEINE-ET-YVELINES NUMÉRIQUE EN CHIFFRES
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