« Nous fournissons aux collectivités des outils opérationnels pour aborder le virage de la transition écologique »

Territoires
16 février 2023

Laurence Monnoyer-Smith, directrice du développement durable du Centre national d’études spatiales pilote également l'Observatoire spatial du climat (SCO) qui rassemble, à ce jour, les agences spatiales de 36 pays, dont « les plus gros émetteurs de CO2. L’objectif du consortium est de déployer des projets opérationnels et réplicables dans les territoires mais également dans le monde, notamment en zones vulnérables. 60 projets sont en cours ou en démarrage. Rencontre.

RCL : Présentez- nous l’Observatoire spatial du climat (SCO)

Laurence Monnoyer-Smith : L’observatoire spatial du climat est une initiative internationale sous l’égide du One Planet Summit. Celle grande alliance internationale a été lancée officiellement en juin 2019 lors du salon du Bourget par 23 agences spatiales et organismes internationaux (l’Agence Spatiale Européenne, le bureau des Nations Unies pour les affaires spatiales et le Programme des Nations Unies pour le développement), qui ont signé, à l’occasion, la « déclaration d’intérêt ». Après trois ans d’existence, le SCO s’est organisé autour d’une charte internationale qui a permis d’officialiser, de structurer sa gouvernance et de favoriser une collaboration au niveau international. Aujourd’hui, une trentaine de pays ont ratifié la charte, notamment les grands pays émetteurs d’émissions de gaz à effet de serre, les Etats-Unis, la plupart des pays européens, le Brésil, l’Inde, la Chine et quelques pays africains comme le Maroc ou le Gabon… La Russie, quant à elle, vient de sortir de l’alliance.

RCL : Comment le SCO opère-t-il ?

LMS : L’Observatoire fournit des outils pour étudier et surveiller les impacts du changement climatique à l’échelle locale en combinant les données des observations satellitaires avec d’autres sources. Car les données spatiales sont un outil indispensable pour assurer l’observation des phénomènes liés au changement climatique (sécheresse, inondations, pollution etc.) et pour améliorer les connaissances sur l’état de notre planète. Nous opérons par projet au service des territoires, comme par exemple, les collectivités locales ou les agences de santé…, confrontés à la problématique du changement climatique. Nous leur fournissons un outil 100% opérationnel pour répondre à leur besoin. Ce qui fait, d’ailleurs, l’originalité du SCO dans le paysage des organisations internationales.

Les projets sont pilotés par des consortiums publics/privés, à savoir des centres de recherche, mais aussi des start-up, des entreprises, des experts reconnus…tous garants de la qualité des données fournies.

RCL : Comment travaillez-vous concrètement ?

LMS : Sur la base de données spatiales conjuguées à des données locales de type socio-économique (population, urbanisation, espaces protégés, infrastructures linéaires et locales…) nous construisons des outils d’information, de pilotage de suivi et de prévention à échéance 10 ou 20 ans, qui se présentent sous la forme d’une plate-forme web. Tout l’intérêt de ces outils est de pouvoir les répliquer. Plus concrètement, si nous développons un outil d’aide à la gestion d’élévation du niveau de l’eau pour la ville de Palavas-les-Flots, ce même outil peut être répliqué aux Seychelles ou au Sénégal. Pour les pays qui n’ont pas les moyens financiers ou techniques, cette mutualisation des solutions est une réponse aux inégalités sociales et territoriales. Si je devais résumer en une phrase, nous fabriquons des solutions puis nous les mutualisons.

RCL : Comment le SCO choisit les projets ?

LMS : Aujourd’hui, une soixantaine de projets sont en cours ou en démarrage avec l’objectif de les déployer d’ici 2025 partout dans le monde. Nous venons de lancer le quatrième appel à projets. Ce sont souvent des consortiums qui participent, regroupés autour d’un laboratoire de recherche qui développe des algorithmes et des analyses de données, des experts, des entreprises et des start-up qui, elles, développent les solutions à une problématique clairement identifiée par un territoire qui peut être, les inondations, la sécheresse, la chaleur dans les villes… toujours autour de la problématique du changement climatique. Notre conseil scientifique étudie minutieusement chaque projet, s’il répond aux critères SCO, à savoir opérationnel et nécessitant l’utilisation de données satellitaires, alors le projet est lancé.

RCL : Finalement votre label est une sorte de tiers de confiance ?

LMS : Exactement puisque chaque projet adopté bénéficie d’un label qui facilite l’accès aux financements. Nous garantissons à l’utilisateur que l’outil repose sur des données robustes et sur des travaux de recherche qui sont éprouvés et qui ont mobilisé les plus grands experts. Ce label aide les collectivités à boucler leur tour de table.

RCL : L’Observatoire spatial du climat (SCO) vient de présenter sa feuille de route, lors de la 73ème édition du Congrès international d’astronautique : quelles en sont les grandes lignes à court et moyen termes ?

LMS : A court terme, le congrès mondial a été l’occasion de renforcer notre gouvernance en mettant autour de la table toutes les parties prenantes et plus uniquement les agences spatiales comme au démarrage. Car notre premier objectif est d’élargir l’ensemble de contributeurs en accueillant des entreprises, des start-up, spécialistes de la donnée et des organismes de recherche. Notre second objectif est le déploiement à plus grande échelle de nos solutions. Notre ambition est de partager tous les outils que nous avons développés depuis trois ans en les répliquant à l’échelle du pays mais également à l’international. Notre troisième objectif, est d’ouvrir nos données. Celui-ci s’inscrit à moyen terme, mais il est fondamental pour les futurs projets. Car plus on dispose de données plus on pourra aller loin dans les services que l’on pourra proposer.

RCL : Face aux défis climatiques, comment mettre en place cette transition écologique ?

LMS : En fournissant des éléments de prévisions précis, nous aidons les collectivités à anticiper les évènements et à mieux aborder le virage de la transition. Le changement climatique pèse financièrement lourdement sur le budget des territoires car il impose des changements voire souvent des ruptures dans bon nombre de leurs décisions. Les outils que nous proposons permettent de prioriser les investissements et d’apporter des réponses adaptées à chacun.

 RCL : Est-ce que les territoires ne se sont pas démunis ?

LMS : Les collectivités locales sont déjà très mobilisées et la réglementation les oblige à planifier leurs investissements. Reste, évidemment, la mobilisation des moyens. Nous organisons le Congrès de l’Observatoire Spatiale du Climat en France le 21 mars prochain, nous serons ravis d’accueillir les acteurs des collectivités locales et de d’échanger sur leurs besoins.

Propos recueillis par Danièle Licata

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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