Mulhouse, la première qui ville révolutionne le transport avec le compte mobilité

Territoires
22 avril 2021

À Mulhouse (Haut-Rhin), réserver son trajet de bus, puis son véhicule d’autopartage, et son vélo sur une seule et même application, c’est possible grâce au « Compte mobilité ». Il relève du principe de MaaS (Mobility as a service), premier service global de mobilité initié en France en 2018. Pour Christophe Wolf, directeur mobilités et transports à Mulhouse Alsace Agglomération (M2A), après deux années d’utilisation et 8 000 utilisateurs, la prochain étape est de continuer à intégrer plus de services tout en simplifiant son utilisation ».

RCL : MaaS : ce nouvel acronyme (pour « Mobility as a Service ») est sur toutes les lèvres dans le monde des transports. De quoi s’agit-il ?

Le Cerema qui a mis en place un observatoire de MaaS, donne une définition simple : il s’agit de proposer à l’échelle d’un territoire, un service qui permet de s’informer et de réserver son mode de déplacement, quel soit celui-ci. A Mulhouse, derrière ce concept, se trouve une information intermodale et multimodale centralisée et en temps réel sur l’ensemble des modes de déplacements possibles, y compris la voiture et une tarification adaptée au déplacement demandé. Le MaaS a pour objectif d'offrir aux usagers un service intégré, complet et simple. Il est très clairement un outil au service de notre politique de mobilités. Car en temps qu’Autorité Organisatrice de la mobilité, nous avons des objectifs qui portent notamment sur le développement des mobilités vertes et vertueuses pour l’environnement dans le sens de l’intérêt général.

RCL : L’agglomération alsacienne a lancé en 2017, le « Compte mobilité », une première en Europe. De quoi s’agit-il ?

Le compte mobilité est une application qui permet aux utilisateurs d’accéder à l’ensemble des possibilités de mobilités, bus, vélos, voitures en auto-partage, sur l’ensemble de l’agglomération à partir d’une interface unique. En téléchargeant l’application, vous pouvez monter dans un bus, décrocher un vélo pour une journée, une semaine ou une année, vous pouvez vous garer dans un parking sécurisé géré par l’agglomération avec des barrières à l’entrée et à la sortie, ou enfin réserver votre voiture auto-partagée. Chacun peut choisir autant de services qu’il souhaite : les transports en commun, vélos en libre-service, location, parkings et voitures en libre-service.

Notre objectif étant de s’adresser à un plus grand nombre d’usagers qui habitent et /ou travaillent dans l’agglomération et plus récemment de touristes. Et c’est tout l’enjeu du compte mobilité qui simplifie considérablement l’accès aux différents modes de transports. Concernant la consommation, à chaque trajet, chaque stationnement, ou chaque location de véhicule, les utilisateurs se déclarent sur l’application et bénéficient alors du meilleur prix possible au moment de l’achat. Ce n’est qu’à la fin du mois que le paiement sera effectué. La facture moyenne tourne autour de 10 euros. Sur son Compte mobilité, il est aussi possible de suivre ses consommations de déplacements en temps réel, voire de planifier un budget spécifique et recevoir des alertes lorsqu’elles dépassent le plafond prévu. Ces fonctions ont été suggérées par les usagers eux-mêmes, qui, dès 2016, ont été associés à la réflexion à travers des tables rondes organisées dans toute l’agglomération. Une fois mis au point, avant d’être lancé auprès du grand public, le Compte mobilité a même été testé par une cinquantaine de personnes pendant six mois. Et dans les prochains mois, d’autres offres sont appelées à enrichir le Compte mobilité : les taxis, les bornes de recharge électrique en cours d’installation dans la ville ou encore le paiement du stationnement.

RCL : Mulhouse Alsace Agglomération fait figure de précurseur puisque le Compte Mobilité a été mis sur les réseaux en septembre 2018. Quel premier bilan tirez-vous ?

Aujourd’hui, nous comptabilisons 8 000 utilisateurs. Nous nous étions fixés un objectif ambitieux de 10 000 usagers. Même si la crise sanitaire et notamment les confinements ont quelque peu ralenti la demande, on peut dire que les objectifs sont quasiment atteints. Toute la démarche consiste à lever les barrières d’accès aux services de déplacement comme la voiture-partagée, ou le vélos en libre-service, qui sont à eux seuls compliqués d’utilisation pour une grande partie de la population. Nous espérons aussi orienter les gens vers une mobilité plus durable et provoquer des changements de comportements plus vertueux, notamment pour ceux qui habitent en centre-ville, même si l’idée n’est pas d’opposer l’ensemble de ces services à la voiture individuelle. Nous sommes conscients que ce couteau-suisse que l’on propose, s’il simplifie la démarche des usagers, ne peut révolutionner du jour au lendemain leurs habitudes de transport. Il nous faut persévérer dans notre démarche volontaire.

Si, comme je le disais, nous comptabilisons 8 000 utilisateurs, nous enregistrons environ 500 usages par jour pour les transports urbains, 500 pour les vélos en libre-service, alors que la voiture partagée n’a pas totalement rencontré son public. Mais nous enregistrons tout de même 400 abonnés. Ce qui a permis à notre partenaire de multiplier le nombre de stations et de nouveaux véhicules. Mais, force et de constater que les nouveaux usages ne sont pas réguliers.

 RCL : Est-ce que la crise sanitaire a rabattu les cartes en matière de comportement des usagers ?

D’une manière générale, oui. On constate à Mulhouse une forte baisse de fréquentation dans les transports urbains, de l’ordre de 20 à 30 %. Ce qui est très inquiétant, car ce manque à gagner impacte notre politique de mobilités sur le territoire. Pour y faire face, nous avons engagé avec le Conseil de Développement, une réflexion à moyen et long terme sur la politique de mobilités. Sur la base de ses conclusions, nous ouvrirons un Grenelle des Mobilités pour identifier les pistes de développement.

RCL : Comment utilisez-vous toutes les données générées par le Compte mobilité ?

Ce dispositif permet d’engranger et d’agréger une multitude de données. C’est un puits d’information qui nous renseigne sur les pratiques de déplacements et nous permet ainsi d’ajuster notre plan mobilités. Bien sûr la collectivité est garante de leur confidentialité et reste propriétaire de ces données. Mais pour l’heure, nous nous mobilisons sur le fonctionnement et sur les incitations des populations à adhérer à cet outil en travaillant tout particulièrement sur le parcours client et l’expérience utilisateur. Nous avons encore des progrès à faire.

RCL : Face à la désertification des centres-villes, le compte mobilité est-il un moyen de faire revenir les populations ?

Attention, le MaaS, ne propose pas de solutions de transports là où ils n’existent pas. Le centre-ville de Mulhouse est en train de redorer son blason. C’est un travail de longue haleine mais les choses bougent petit à petit. Pour preuve, un promoteur offre aujourd’hui un crédit de 500 euros sur le compte mobilité à tous ceux qui acquièrent un logement. On voit déjà que l’on achète plus des murs mais un usage. Les loueurs de voitures, les constructeurs sont également sensibilisés, déjà convaincus que les Français seront de moins en moins propriétaires de leur véhicule. On sent bien le déplacement de la propriété vers l’usage. Le compte mobilité prend donc tout son sens.

RCL : Le compte mobilité est-il accessible au plus fragiles ?

Le compte mobilité, pour qu’il atteigne son objectif, à savoir faire évoluer les habitudes vers des comportements plus vertueux, doit séduire un maximum de personnes. Et pour cela, il faut que l’application soit simple et abordable. Le défi premier est qu’il séduise mais aussi que toutes les offres soient utilisées. Il y a un vrai travail de notre part pour inciter les gens à utiliser l’ensemble des services proposés. Concernant les plus fragiles, la simplicité de l’application est un véritable atout. Pour ceux qui ne possèdent pas de smartphone, la collectivité a développé de nombreux dispositifs mais également pour les personnes en difficultés physique et sociale que l’on continue à proposer et à développer.

Propos recueillis par Danièle Licata

 

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