DÉCRYPTAGE. Le mandat municipal qui vient de s’achever aura été décisif en termes de développement d’outils numériques au sein des collectivités. Une évolution rapide qui devrait inciter les futures équipes à centrer leur action sur l’éthique et la place du citoyen.
C'est en 2014 qu'ont été nommés les premiers adjoints au maire en charge des questions liées au numérique. Et comme dans bon nombre de collectivités qui ont fait ce choix, audacieux à l’époque, il y avait tout à édifier. « Une vraie période de sensibilisation pour nos collègues élus et pour les maires qui n’avaient pas forcément cette fibre numérique », se souvient Constance Nebbula, conseillère déléguée à l’économie numérique et à l’innovation à la mai- rie d’Angers (49). Donc un mandat 2014- 2020 consacré au développement d’outils numériques, encore peu présents au sein des collectivités, la mise en place du haut débit, puis de très haut débit et l’installation de la fibre optique sur l’ensemble du territoire devient un objectif national. C’est l’ère du Wi-Fi gratuit dans les lieux publics, des services publics dématérialisés, des applis mobiles municipales, des plates-formes de concertation, et de certains édiles avant-gardistes qui font leurs premiers pas vers la ville intelligente.
Si elle a contribué au développement économique de certains territoires comme à rendre plus efficaces les services publics, cette vague technologique a également suscité une certaine méfiance de la part des citoyens « qui ne comprennent pas toujours la valeur d’usage de l’ensemble de ces transformations », explique-t-on à Lyon (69). Mais il y a aussi cette fracture qui touche quelque 13 millions de citoyens qui se sentent exclus de l’écosystème numérique. Parce qu’ils sont âgés et ne maîtrisent pas la technologie. Parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers de s’équiper en matériel informatique. Parce qu’ils sont en manque de formation ou tout simplement parce qu’ils vivent sur un territoire dépourvu de réseau. Aujourd’hui, le numérique n’est plus une question technologique, mais politique, qui appelle des réponses au niveau national comme dans les territoires, tant le numérique est devenu la colonne vertébrale de l’ensemble des politiques publiques. La rédaction a identifié cinq défis que les nouveaux édiles devront relever au cours du prochain mandat.
Le numérique induit une transformation profonde qui introduit des opportunités, mais aussi de nouvelles problématiques associés : citoyenneté, transparence, utilisation des données personnelles, biométrie. Le débat éthique est nouveau, mais nécessaire face aux préoccupations ex- primées par les citoyens. Les élus nan- tais ont pris les devants en élaborant, en juin 2019, une charte métropolitaine de
la donnée qui pose des valeurs simples autour du principe d’éthique, de transpa- rence et sur l’intelligence artificielle. Ain-
si, Nantes Métropole (44) a été l’une des premières collectivités à voter le principe
de non-utilisation d’un algorithme auto- matique d’intelligence artificielle pour la prise de décisions individuelles.
« Sans réseau, il n’y a pas d’usage, rap- pelait le maire de Le Favril (28), petite commune de 358 habitants, sur le forum des interconnectés, en février dernier.
L’État doit veiller à ce que tout le monde puisse accéder aux services dès lors que l’on ne disposera que de services dématérialisés à terme. » En effet, la dématérialisation totale des services publics est annoncée pour 2022.
Boom de la consommation d’énergie, épuisement des ressources non reno velables, gestion des équipements en fin de vie... le digital pollue et, au risque d’alourdir notre empreinte écologique, nous devons réduire son impact environnemental. Boulogne-Billancourt (92) qui accueille près de 40 % d’emplois dans le secteur du numérique montre l’exemple. Voilà quelques semaines, la municipalité a voté la création du premier laboratoire mondial dédié à la recherche des technologies respectueuses de l’environnement, une plate-forme mondiale de réflexion et d’échanges d’expériences : le Low-tech Lab Boulogne-Billancourt-Grand Paris.
Aujourd’hui, 13 millions de Français seraient éloignés du numérique. Le constat
de cette fracture a amené la commission des élus du réseau "les interconnetés" à produire le manifeste Agir face à l'urgence de l'illectronisme, qui pose six convictions et formule plusieurs propositions à mettre en oeuvre.
La transformation numérique des villes entraîne une production massive de data qui, bien utilisées, constituent un excellent outil de développement du terri
« Le RGPD nous a fait prendre conscience que les données que nous fournissions à de grands opérateurs privés mondiaux pouvaient servir à quelque chose, tout comme les données que nous possédons », affirme Catherine Dognin-Sauze, vice-présidente de Lyon Métropole en charge du numérique. Selon le cabinet de conseil indépendant Wavestone, « les territoires doivent pouvoir se servir de ces données pour le pilotage de leurs politiques publiques ou la mise en place de nouveaux services ».
Blandine Klaas
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