« Les centres-villes doivent être des lieux de convivialité »

Territoires
23 février 2023

Longtemps les grands oubliés des politiques publiques d’aménagement, ainsi que le souligne Jean- Pierre Lehmann, président de la Fédération Nationale des Centres-Villes « Les Vitrines de France », le cœur des centres-villes retrouve un certain dynamisme et une attractivité là où le travail en commun des acteurs locaux sous l’impulsion des maires se fait dans la concertation. Il faut noter également bien sûr, les programmes « Action Cœur de Villes » et petites villes de demain qui ont aidé à la prise de conscience nationale et initié de nombreux chantiers.

CL : Quel est le rôle de la Fédération Nationale des Centres-Villes ?

Jean-Pierre Lehmann : La Fédération Nationale des Centres-villes a vu le jour il y a trente ans à Nancy. Au départ, nous voulions attirer l’attention des pouvoirs publics sur le danger que représentaient les autorisations d’ouvertures de millions de mètres carrés commerciaux en périphérie des villes. Ceci sans succès. C’est alors que nous sommes devenus petit à petit une « boîte à outils » de plus en plus complète à destination de nos adhérents en leur proposant des solutions dans tous les domaines pour redynamiser leur centre-ville. Aujourd’hui la fédération regroupe plus de 750 villes adhérentes (mairies, communautés de communes, chambres consulaires, associations de commerçants...). Grâce aux retours terrains d’actions positives menées localement, mais aussi grâce à une veille permanente sur l’évolution des consommateurs et des nouvelles formes de commerce dans le monde, la FNCV informe et propose des solutions concrètes dans tous les domaines de la vie commerçante des centres-villes. Qu’il s’agisse d’animations, de décorations de rues, de sites internet, d’applications villes innovantes, de chèques cadeaux ou de cartes de fidélité..., la FNCV propose des prestataires labellisés et à tarifs négociés ; elle est de plus, devenue « expert » des commerces de centre-ville et consultée, à ce titre, par les élus en quête de solutions pour redynamiser leur centre-ville.

RCL : Vacance commerciale, accès difficile, habitat dégradé... les centres-villes ont été désertés ces dernières années. Sont-ils les grands oubliés des politiques publiques d’aménagement du territoire ?

J.-P.L. : Les centres-villes ont été, durant des décennies, les oubliés de la politique d’aménagement du territoire. Dans les années 1933, des urbanistes dont le plus connu est Le Corbusier se sont réunis au large d’Athènes et ont adopté un texte commun connu sous le nom de charte d’Athènes. Cette charte définissait un nouvel urbanisme différenciant les lieux de travail, les lieux d’habitations, les lieux de loisirs et les lieux de commerce, ce qui a entraîné l’étalement urbain, la nécessité de moyen de transport et l’importance de la voiture. Cette nouvelle organisation qui prévaut encore aujourd’hui s’est faite au détriment des cœurs de villes jusqu’alors seuls lieux de consommation. D’autre part, le développement des métropoles s’est fait au détriment des villes moyennes ou petites et celles-ci ont vu à la fois baisser leur population et leur richesse économique. En conséquence, rien ne sert de remettre des commerces dans le centre de certaines villes si en amont on n’y a pas réinstallé ses habitants et de l’emploi générateur de pouvoir d’achat. Aujourd’hui rien ne sert de continuer à pleurer sur les erreurs du passé, au contraire, il convient d’en tirer les leçons et de s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs qui sont sollicités de toutes parts (périphéries, internet...) et qui sont ballottés par les bouleversements économiques et écologiques

RCL : Mais ce changement de paradigme est récent...

J.-P.L. : Effectivement. Cela fait un peu moins d’une décennie que quelques villes ont commencé à bouger sous l’impulsion de maires conscients du rôle moteur des villes moyennes dans le développement de leur territoire. Aujourd’hui, la volonté de redynamisation du cœur des villes moyennes est générale et le pro- gramme « Action Cœur de Villes » lancé en 2017 qui a pour objectif de répondre aux difficultés d’attractivité, de logements dégradés ou de vacance commerciale, a permis d’amplifier le mouvement même si la mission conjointe de contrôle sur la revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs du Sénat dénonce, en réalité, la très faible participation financière de l’État. Le gouvernement annonce 5 milliards d’euros mobilisés d’ici à fin 2022 afin d’accompagner les 234 villes moyennes dans la redynamisation de leurs centres-villes, mais si les élus reconnaissent l’efficacité du programme, ils dénoncent en réalité la très faible participation financière de l’État. Le Sénat avance le chiffre de 600000 millions d’euros. Quoi qu’il en soit, les collectivités locales portent l’essentiel de leurs transformations pour accroître la dynamisation de leur centre-ville.

RCL : Si chaque maire y va de ses priorités, existe-t-il un dénominateur commun à toutes les villes moyennes ?

J.-P.L. : Il n’existe pas, en effet, de solution identique pour tous les centres-villes, les actions de redynamisation dépendent de leur taille et de leur situation géographique. Mais il existe malgré tout un dénominateur commun, qui se résume en un seul mot : le qualitatif, en opposition au quantitatif qui s’applique aux commerces de périphérie et à internet. Un centre-ville qualitatif est un lieu de rencontres, de convivialité, de patrimoine, de concepts innovants et d’accueil souriant. C’est aussi un lieu de découverte de créateurs, d’artisans et de producteurs de produits du terroir. C’est un lieu où l’on favorise les circuits courts, plébiscités par les Français. Et puis, c’est aussi bien sûr, un lieu facilement accessible par tous les moyens de déplacement, comme la marche ou le vélo. C’est un lieu apaisé avec ses zones piétonnes et le plus souvent verdoyantes et où il fait bon vivre.

Propos recueillis par Danièle Licata

 

 

Paroles de maires

RCL
Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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