Les principales mesures du plan de relance en faveur de l’inclusion numérique devraient porter un coup d’accélérateur inédit. Coconstruit avec les collectivités territoriales et les acteurs de l’inclusion numérique, il repose sur deux principes : confiance dans les projets des territoires et rapidité de déploiement. De quoi augmenter les marges de manœuvre financières des élus. Explications.
Pour Jacques Moulin, directeur Général de l’IDATE, le Think Tank de l’économie numérique, « les élus sont en première ligne en matière de transformation numérique. Et tous les territoires sont concernés. Car ils sont les intégrateurs et les agrégateurs de l’écosystème qui embarque à la fois l’économique et le sociétal. Et de poursuivre : « Il faut véritablement que les élus locaux se prennent en main pour assurer la bonne synergie entre tous les acteurs économiques, qu’ils soient privés et publics. Le plan France relance est donc une occasion inédite pour les territoires déjà engagés dans la transformation numérique, d’accélérer la cadence. » Pour les accompagner dans la définition et la réalisation de leurs projets de transformation, ce ne sont pas moins de 88 millions d’euros du plan France Relance qui vont être mobilisés. « Un fonds qui permet de soutenir le développement d’outils numériques utiles pour l’action quotidienne des collectivités territoriales, tout en favorisant la formation au numérique des agents des collectivités qui seront chargés d’utiliser ces outils. L’enveloppe sera mobilisée en incitant les territoires à se regrouper afin de mutualiser les investissements », explique le gouvernement dans un guide spécial plan de relance à destination des maires. Ainsi, trois grands types de projets pourront être financés.
À partir des besoins formulés par les collectivités, l’État financera la conception, le déploiement ou le passage à l’échelle d’outils numériques utiles au plus grand nombre. Par exemple : un outil de signalement de routes endommagées, un outil de contrôle technique du logement, un outil pour organiser un conseil municipal en ligne, etc. L’État financera également l’amélioration de la qualité de la dématérialisation de certains services numériques et leur modernisation. Par exemple : la mise en accessibilité d’un site pour des personnes souffrant de handicap, l’utilisation de France Connect, le développement de portails d’open data. Enfin, par l’intermédiaire des préfectures, les collectivités pourront soumettre un projet numérique et recevoir des aides à l’ingénierie ou encore à la formation des agents pour la bonne mise en oeuvre de ce projet.
En parallèle, le plan France Très Haut Débit (PFTHD) sera poursuivi et amplifié pour accélérer le déploiement de nouveaux réseaux de fibre optique sur l’ensemble du territoire, au plus tard fin 2025. Grâce à de nouvelles subventions de l’État au profit des collectivités territoriales qui installent ces réseaux dans les zones rurales, France Relance permettra de garantir l’accès à Inter- net fixe (par la box) de très grande qualité pour tous. Car pour l’heure, la fracture numérique persiste entre les zones urbaines et périurbaines où plus de 80 % des locaux (logements et locaux professionnels) peuvent bénéficier d’une connexion en fibre optique et les zones rurales et de montagnes qui bénéficient d’une couverture de seulement 30 %, selon le Baromètre des résultats de l’action publique : « La France de la fibre optique », publié par le Think Tank Terra Nova, même si une accélération du déploiement dans les zones les moins densément peuplées est à l’oeuvre en 2020 avec 5,8 millions denouvelles lignes installées.
FORMER ET ACCOMPAGNER TOUS LES FRANÇAIS
Mais ce n’est pas tout, le plan France Relance consacre un investissement exceptionnel pour accélérer l’appropriation par tous les Français des nouveaux usages et services numériques. « Il est aujourd’hui essentiel de savoir utiliser les outils numériques pour accéder à ses droits, télétravailler, suivre la scolarité de ses enfants, échanger avec des proches, se cultiver et se divertir... Or, 13 millions de Français sont mal à l’aise avec les nouveaux usages et les nouveaux outils numériques. » constate Jacques Moulin. C’est pourquoi, le gouvernement investit massivement pour former et accompagner tous les Français. 250 M€ sont mobilisés pour agir aux côtés des collectivités territoriales en faveur de l’appropriation du numérique par tous. L’objectif est simple : pour mieux former, il faut plus de professionnels, des structures équipées et plus nombreuses partout sur le territoire et des outils pour les aidants. C’est pourquoi, 4 000 conseillers numériques France Services vont être recrutés, formés et déployés sur le terrain. Ils proposeront des ateliers d’initiation au numérique : échanger avec ses proches, protéger ses données, faire son CV, acheter ou vendre un objet sur Internet, faire des démarches en ligne, etc. L’État finance la formation et l’activité pendant deux ans.
DES KITS D’INCLUSION NUMÉRIQUE
Par ailleurs, la conception et le déploiement de kits d’inclusion numérique, attractifs et accessibles, seront mis à disposition dans les bibliothèques, centres sociaux, mairies, tiers-lieux, associations caritatives, etc. Enfin, le service public numérique « Aidants connect » qui facilite et sécurise l’intervention d’un aidant (secrétaires de mairie, travailleurs sociaux, etc.) pour réaliser une démarche administrative en ligne pour le compte d’un usager non familiarisé avec les outils numériques sera généralisé. Des modules de formation au numérique pour les aidants seront aussi prochainement proposés. « Si ces nouveaux crédits permettront de financer des outils numériques pour faciliter et accélérer les procédures des citoyens et le travail quotidien des agents, mais aussi de renforcer la cybersécurité, ils aideront surtout les territoires à entrer dans la compétitivité internationale. Car le numérique est le gage essentiel de notre attractivité et de notre compétitivité », insiste Jacques Moulin. Et d’ajouter : « Si nous voulons une France forte, il nous faut des territoires forts et il nous faut développer des projets économiques sur le long terme. » Alors que les dépenses représentent actuellement 3 % du budget de fonctionnement des blocs communaux, elles devraient atteindre 7 % d’ici 2025, selon les calculs du Think Thank IDATE.
Danièle Licata
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