Porté par la loi de transition énergétique, qui prévoit que 10 % du gaz consommé en France d’ici à 2030 doit être renouvelable, mais aussi par une stratégie régionale forte, le développement de la méthanisation en Île-de- France se poursuit avec l’objectif de mener la région sur la voie de l’autonomie énergétique.
Produire du gaz vert présente plusieurs avantages selon Bertrand de Singly, directeur clients territoires Île-de-France de GRDF, l’opérateur du réseau de distribution de gaz naturel en France : « C’est une manière différente de donner de la valeur à des déchets qui jusqu’à présent étaient valorisés autrement. C’est une énergie locale produite à partir de gisements de proximité, donc qui favorise les coopérations locales et permet le développement de nouveaux emplois dans l’ingénierie. » L’Île-de-France compte actuellement une quarantaine de sites de méthanisation qui représentent l’équivalent de 10 % de la production nationale de gaz vert, produit à partir de résidus agricoles, de biodéchets issus de la restauration et des industries agroalimentaires, mais aussi des boues de stations d’épuration. « Le gaz produit est injecté dans le réseau et satisfait à de nombreux usages classiques : cuisiner, se laver, se chauffer. Aujourd’hui en Île-de-France, le développement est assez fort sur la mobilité, notamment les transports collectifs avec plus de 1500 bus franciliens qui roulent au bioGNV. En 2029 les trois quarts des bus utiliseront cette énergie », explique Bertrand de Singly. Si aujourd’hui, la quantité de gaz injecté dans les réseaux franciliens correspond à l’approvisionnement en gaz de 125 000 logements, les acteurs franciliens publics comme privés nourrissent de plus grandes ambitions.
La Seine-et-Marne en tête
Les projets de méthanisation se développent à grande vitesse dans la région. En tête de file, la Seine-et-Marne se fixe pour objectif de couvrir 75 % des besoins résidentiels en gaz d’ici à 2030 avec un gaz 100 % renouvelable, soit une production de 2500 GWh/an. Le département, l’un des plus dynamiques en matière de méthanisation à l’injection, s’est engagé à accompagner la transition vers une énergie verte, décarbonée et renouvelable, en initiant une politique partenariale en faveur de la production de biogaz : la charte CapMétha77. Les signataires de cette charte, parmi les- quels la préfecture de Seine-et-Marne, la chambre d’agriculture de région Île-de-France, la région Île-de-France, l’Ademe, l’Union des maires et des EPCI de Seine-et-Marne, le syndicat départe- mental des énergies de Seine-et-Marne, GRDF et GRT Gaz s’engagent à réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l’air, augmenter la production locale d’énergie renouvelable pour les usages résidentiels et une mobilité décarbonée au bioGNV, soutenir la valorisation des sous-produits agricoles et des déchets organiques dans une logique d’économie circulaire locale. À l’horizon 2026, une centaine de projets régionaux portés par les acteurs du territoire, essentiellement des agriculteurs mais aussi des syndicats de déchets ou d’assainissement, devrait émerger dans la région affirme-t-on chez GRDF. Rien qu’en Seine-et-Marne, une vingtaine de projets est attendu dans les prochaines années. Cette dynamique agricole se développe également dans les Yvelines, l’Essonne et le Val-d’Oise avec une dizaine de sites qui sera mise en service dans ces départements. Par ailleurs, la région devrait voir émerger des projets emblématiques de valorisation des déchets urbains. L’un d’entre eux, le site de biométhanisation de Gennevilliers, est développé conjointement au cœur du plus grand port fluvial d’Île-de-France par le Syctom qui, chaque année, traite et valorise quelque 2,3 millions de tonnes de déchets ménagers produits par les Franciliens et le Sigeif, syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île-de-France qui fédère 189 collectivités. L’unité de biométhanisation d’une capacité de 50 000 tonnes produira à partir des déchets alimentaires 31 gigawtts de gaz propre. La mise en service est prévue pour 2025.
Les eaux usées mises à contribution
Pour atteindre les objectifs de décarbonation, les eaux usées des Franciliens sont elles aussi utilisées à des fins énergétiques. C’est l’objectif du projet d’innovation Cométha lancé en 2017 qui associe le Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP) et le SYCTOM autour d’une ambition d’intérêt général : concevoir une solution de traitement commun, durable et performante pour les boues d’épuration et la fraction organique des ordures ménagères résiduelles. Deux unités pilotes, la première implantée sur l’usine SIAAP Seine Valenton (94) et la seconde à Triel-sur-Seine (78) confiées à deux groupements d’entreprises et de chercheurs expérimenteront pendant trois ans des nouveaux procédés de traitement. À l’issue de cette période, un lauréat sera désigné pour industrialiser la production d’énergie verte. Malgré une dynamique sans précédent, les défis du verdissement du gaz naturel imposent de trouver d’autres voies complémentaires à la méthanisation. Deux filières sont notamment en train de se structurer pour répondre aux enjeux de développe- ment du gaz vert : la pyrogazéification qui propose une alternative pour la valorisation de certains déchets résiduels et le power-to-gas qui permet de convertir en gaz l’excédent d’électricité issue des éoliennes et des centrales solaires. Ainsi, la production de gaz verts pourrait augmenter progressivement l’indépendance énergétique des territoires.
B.K.
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