La Vallée de la Chimie, le poumon de l’activité industrielle lyonnaise

Territoires
10 février 2021

La Vallée de la Chimie a été sélectionnée parmi les 66 nouveaux sites « clés en main » dévoilés en juillet par le gouvernement. Inscrite désormais dans le « Pack rebond » destiné aux Territoires d’industrie, la plateforme accélère sa mue. Rencontre avec Julien Lahaie, directeur de la mission Vallée de la Chimie.

 

RCL : Comment s’inscrit la mission Vallée de la chimie dans le développement de ce territoire industriel historique ?

Julien Lahaie : Créée en 2013 à l’initiative des industriels, la Vallée de la Chimie est une plateforme industrielle qui regroupe une douzaine de grands sites Seveso et concentre plus de 50 000 emplois dont plus de 10 000 spécifiquement sur la plateforme Chimie-Énergie-Environnement. Le site héberge six grands centres de recherche à dimension internationale et 2 000 chercheurs en R & D industrielle. Autour des trois champs historiques de l’activité, chimie-énergie-environnement, nous déployons aujourd’hui une chaine de valeurs qui va bien au-delà, puisque nous accueillons une multitude d’activités autour de la chimie bio-sourcée, les nouvelles énergies comme l’hydrogène, la biomasse et le photovoltaïque. Nous avons également de nombreux projets sur les matériaux composites par exemple. À l’image de Terenvie qui a construit une plateforme de dépollution via la phyto-remédiation. L’objectif est d’accélérer la transition des grands sites industriels existants vers ces nouveaux sujets qui concourent à la décarbonation du territoire.

RCL : Vous êtes inscrits depuis juillet dans le « Pack rebond » parmi 66 autres sites industriels, qu’attendez-vous de ce label ?

J.H. : Avant tout, nous sommes fiers d’avoir décroché ce label. C’est le fruit du travail d’accompagnement des projets industriels que l’on réalise au sein de Vallée de la Chimie depuis sa création. Ce label est bien la preuve que la France et ses territoires industriels sont outillés en ingénierie et ressources humaines, deux leviers qui facilitent les implantations industrielles. Grâce au « Pack rebond »nous attendons, clairement une réduction des délais d’instruction, des procédures et autorisations. Mais également des lignes de crédits pour la réalisation d’études nécessaires à l’installation d’entreprises et plus largement à la concrétisation de nombreux projets que nous avons pour l’heure laissés dans les cartons, comme les terrains pré-aménagés prêts à l’emploi ou encore, la construction d’une halle industrielle qui pourra accueillir des start-up ou des PME en phase d’industrialisation et que l’on souhaiterait garder sur le territoire.

RCL : Quid alors du foncier disponible ?

J.H. : Malheureusement, il ne nous en reste peu. « L’Appel des 30 ! » que nous avons lancé en 2015, qui visait alors à aller chercher de nouveaux projets industriels en chimie, énergie et environnement, a permis de consommer les derniers fonciers industriels disponibles. Aujourd’hui, nous ne disposons plus que de 10 hectares situés essentiellement au sein du site Seveso.

RCL : En quoi la crise de la Covid-19 peut être un accélérateur ?

J.H. : Même au plus fort de la crise, les industriels ont fait preuve d’une très grande agilité. Durant le confinement, 90 % de nos plateformes ont continué de fonctionner, notamment celles situées sur des secteurs stratégiques comme les molécules pour la pharmacie, mais aussi le gel hydroalcoolique, dont nos industriels sont les premiers fournisseurs, ou encore le silicone que l’on retrouve dans certains dispositifs chirurgicaux dont les masques de respirateurs. Pour ce qui est de la relocalisation des industries sur le site, transférer un outil de production implanté depuis des années à l’étranger en France, me paraît compliqué. En revanche, nous sommes persuadés que de nouveaux investissements qui étaient prévus au départ à l’étranger, pourront plus facilement aujourd’hui rester en France. La crise a révélé l’urgence de construire des chaines de valeurs locales, proches des bassins de consommation. Et pour le coup, nous sommes très bien positionnés.

RCL : Comment la Vallée de la Chimie profite-t-elle à l’ensemble du territoire sur lequel elle est implantée ?

J.H. : D’abord, elle est un bassin d’emplois à forte valeur ajoutée. Ensuite, elle a vocation à devenir l’usine énergétique métropolitaine, en fournissant toutes les énergies renouvelables dont l’ensemble du territoire métropolitain élargi a besoin, notamment grâce à la chaleur produite par les industriels. Enfin, nous avons également vocation à accompagner les industriels qui ne peuvent développer à proximité leurs activités industrielles sur le site, faute de foncier.

RCL : Un territoire attractif, c’est un territoire où l’on vit, avec des enjeux forts de politique publique, non ?

J.H. : La Vallée de la Chimie s’inscrit dans un territoire habité. Il compte 100 000 habitants. Notre singularité, c’est cette capacité que nous avons à faire dialoguer du mieux possible le territoire habité et le territoire productif. Concernant le logement, on a pris le sujet à brasle-corps en développant une offre adaptée aux besoins des salariés avec le 1 % logement, mais également en développant un outil innovant « Vivrou » qui permet de trouver un logement adapté à ses besoins. Quant à la mobilité, c’est également un enjeu fort pour le territoire. Face au manque d’infrastructures, nous avons développé avec l’Association du Développement Durable de la Vallée, des alternatives. Le vélo bien sûr, mais surtout, en septembre 2019, nous avons lancé un système de transport à la demande, une sorte d’ « Uber Vallée de la Chimie » qui permet à tous ses habitants et salariés de commander un taxi pour le prix d’un trajet en transport en commun. L’enjeu de demain est de développer les dessertes ferroviaires. Car pour l’heure, nous disposons de dix gares mais très peu de trains s’y arrêtent.

RCL : Comment la Vallée de la Chimie va-t-elle se déployer d’ici à 2030 ?

J.H. : D’ici à 2030, nous aurons engagé la trajectoire de décarbonation de la Vallée de la Chimie avec un objectif de baisser de 25 à 30 % les émissions de CO2.

■ Propos recueillis par Danièle Licata

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Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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