Devenir leader en France et en Europe du vecteur hydrogène, c’est l’ambition de la région Bourgogne-Franche- Comté qui mobilise 90 M€ d’ici à 2030 pour accélérer le développement d’une filière économique régionale. Et opérer sa transition écologique.
Tandis que l’État présentait en septembre dernier sa stratégie nationale en faveur de l’hydrogène décarboné, doté de 7 M€ d’ici à 2030, la région peaufinait sa stratégie industrielle autour de cette filière d’avenir. Labellisée « Territoire d’hydrogène » depuis 2016, la région Bourgogne-Franche-Comté entend bien donner une nouvelle dynamique à la filière hydrogène implantée de longue date sur son territoire. « Le nord de la Franche-Comté qui constitue le poumon industriel de notre région abrite un laboratoire universitaire qui depuis 30 ans fait d’importants travaux sur la pile à combustible et concentre plus de 60 % de la recherche académique en France sur ce sujet », explique Marie-Guite Dufaye, présidente de la région. Dès 1998, le Fuel Cell Lab (FC Lab), premier projet de recherche sur la pile à combustible était porté par l’Université de Franche-Comté à Belfort (90) avant de devenir l’un des principaux centres de recherche sur l’hydrogène au niveau européen. Puis, petit à petit, la recherche académique s’est transformée en recherche & développement.
Aujourd’hui, de véritables innovations industrielles naissent dans la région, incitant cette dernière à participer à la construction d’une filière industrielle autour de l’hydrogène. Un hydrogène vert bien sûr « produit à partir d’électricité issue de panneaux solaires, de parcs d’éoliennes, de centrales hydroélectriques… », précise la présidente. De nombreux projets ont vu le jour au cours des dix dernières années avec des entreprises majeures de Bourgogne-Franche-Comté qui s’investissent sur l’hydrogène, comme Alstom (locomotive Prima), Gaussin (logistique industrielle), Schrader (valves), Valmétal (véhicules spéciaux) ou encore Delfingen (transfert de fluides). Le 6 octobre dernier, l’équipementier automobile Faurecia –leader mondial de la mobilité propre – inaugurait son centre d’expertise mondial dédié aux systèmes de stockage à hydrogène dans le pays de Montbéliard représentant un investissement total d’environ 25 M€, dont 4,9 M€ de subventions accordées par la région Bourgogne-Franche-Comté. D’ici 2023, une usine de production en grande série de ces réservoirs verra le jour sur le parc Technoland, à Étupes (25). Le groupe Faurecia prévoit la création à terme d’une cinquantaine d’emplois à haute valeur ajoutée sur le site de Bavans (25) qui compte déjà près de 750 salariés dédiés à son activité Clean Mobility.
Attirer des investisseurs
Le désengagement du géant mondial General Electric dans la région, qui prévoit notamment la fin de certaines activités liées à l’énergie, ne fait que renforcer la volonté des élus d’accompagner cette filière en conservant notamment les compétences sur son territoire. Car il est là le véritable atout de la région, cet ensemble constitué de chercheurs, scientifiques, ingénieurs et techniciens suffisamment développé pour attirer des investisseurs français et étrangers. « Et ce ne sont pas les fonds qui manquent », selon la présidente de la région qui évoque notamment les fonds européens qui s’ouvrent massivement sur ces sujets, les plans sectoriels ainsi que les aides de l’État. « Nous devons attirer les investisseurs munis de projets puis les accompagner le mieux possible ».
De nouveaux projets
La région qui vient d’engager 10 M€ pour l’hydrogène sur son plan d’accélération de l’investissement régional mise beaucoup sur le cluster Hydrogène de Bourgogne-Franche-Comté, un lieu unique de partage d’informations et de collaborations pour la communauté hydrogène régionale (recherche, pôle, clusters, entreprises, collectivités...) qui permet aux acteurs de se coordonner de façon efficace et réactive, d’échanger sur les projets structurants en cours ou à venir, sur les dernières évolutions du marché et les actions nationales ou internationales en cours. La région parie également sur l’ouverture d’ici à deux ans de l’Institut national de stockage d’hydrogène (ISTHY), créé dans le cadre du Programme d’investissements d’Avenir mis en place par l’État pour cofinancer les projets innovants. L’ISTHY sera un des principaux centres de référence en Europe pour la qualification, le test et la certification des réservoirs à hydrogène. Enfin, elle s’est regroupée avec cinq autres régions pour commander à Alstom quinze rames de son train à hydrogène. La Bourgogne-Franche-Comté en achètera trois pour une valeur de 50 M€. Pour que ce projet réussisse, « il faut que tout le monde travaille dans le même sens, prévient Marie-Guite Dufaye, qu’il y ait une dynamique mutuelle entre les collectivités, mais aussi avec la recherche scientifique, l’innovation et les industriels qui sont en train d’investir massivement sur ce vecteur d’énergie qu’est l’hydrogène. C’est ce que nous prétendons faire à travers l’écosystème que nous avons constitué. »
Blandine Klaas
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