La fracture territoriale se creuse en France

Territoires
07 mars 2019

DÉCRYPTAGE. Le premier « Baromètre des territoires » Ipsos pour Villes de France, réalisé en partenariat avec la Banque des territoires, juste avant la crise des « Gilets jaunes », témoigne de l'ampleur de la fracture en France. Si pour huit Français sur dix, les métropoles sont les « chouchous » du gouvernement, c'est pourtant dans les villes moyennes et rurales qu'il fait bon vivre.

Grande métropole, ville moyenne ou commune rurale ? Si les Français avaient le choix, c'est dans une ville moyenne que 43 % d'entre eux poseraient leurs valises (contre 35 % dans une commune rurale et 22 % seulement dans une grande ville). Et pour un tiers des Français (32 %), ce sont les communes de 5 000 à 30 000 habitants qui apparaissent comme les villes idéales. C'est ce qui ressort du 1er baromètre des territoires de Villes de France, réalisé en partenariat avec la Banque des territoires, juste avant la crise des « Gilets jaunes ». « Un indicateur qui montre l'ampleur de la fracture qui creuse le pays et qui me en relief les causes profondes de cette "fièvre jaune". Il ressort clairement que le clivage territorial n'est plus seulement celui qui sépare Paris des régions, mais désormais celui qui oppose les très grandes villes (Lyon, Lille, Nantes…) aux villes moyennes et aux zones rurales », commente Caroline Cayeux, maire de Beauvais (60) et présidente de l'association Villes de France.

LA VILLE MOYENNE, MIROIR DES INQUIÉTUDES DES FRANÇAIS
« La ville moyenne ressort comme une sorte de ville miroir, reflétant aussi bien les aspirations que les inquiétudes des Français », commente Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin (02). Certes, les populations manifestent un fort sentiment d'attachement à leur commune (87 % d'entre eux considèrent leur ville comme particulièrement agréable et 66 % préfèrent vivre dans leur région que partout ailleurs en France, contre seulement 43 % des Parisiens) et pour cause : les villes moyennes réunissent tout ce qui fait la qualité de vie au quotidien. Dans l'ordre, la tranquillité, la sécurité, la proximité de la nature, les transports et le cadre de vie. La recette parfaitement adaptée aux familles avec enfants (87 % des sondés des villes moyennes jugent leur ville adaptée à leurs besoins contre 76 % pour Paris première couronne) et aux seniors (81 %). Conséquence : six habitants sur dix s'imaginent rester dans leur commune plus de dix ans, contre 54 % des habitants des métropoles et 34 % des Parisiens. Mais ce fort attachement n'empêche pas les inquiétudes qui ne cessent de monter, accompagnées d'un fort sentiment d'abandon et de rejet de l'État. « Des résultats qui peuvent servir de clé de lecture pour mieux comprendre les tensions actuelles », décryptent les auteurs de l'étude. Le fossé le plus visible est l'accès à l'emploi : 40 % seulement des habitants de villes moyennes jugent leur territoire attractif d'un point de vue économique, soit près de 30 points de moins que ceux des métropoles (67 %). Au manque d'attractivité s'ajoutent des offres de services dégradées : « En matière de commerce, de loisirs et de culture, de transport ou d'enseignement supérieur, les villes moyennes enregistrent des scores de satisfaction systématiquement inférieurs aux métropoles (14 points de moins en moyenne). Mais ce qui est particulièrement préoccupant, c'est l'offre de santé : 42 % des habitants des villes moyennes jugent qu'elle s'est détériorée quand seulement 40 % jugent leur territoire attractif en matière d'emploi. Soit 30 points de moins que les Métropoles ! », s'alarme Frédérique Macarez. Pas étonnant alors que 86 % d'entre eux estiment que leur centre-ville est en « train de mourir ». L'un des autres enseignements de ce baromètre est le manque de confiance des habitants de villes moyennes dans les instances nationales (gouvernement, Administration…) pour résoudre leurs difficultés. Ils préfèrent, en effet, s'en remettre aux mairies. Ainsi, 43 % des Fran- venir des élus locaux, très loin devant les entreprises locales (28 %) et le gouvernement (24 %). « Pas étonnant, les métropoles sont vues comme les "chouchous", tant il apparaît aux Français que les politiques publiques ont favorisé les grandes villes au cours des dernières années », souligne Villes de France.

LE LOCAL PLÉBISCITÉ PAR DEUX TIERS DES SONDÉS POUR TROUVER DES SOLUTIONS
Alors pour faire revivre les bassins d'emplois, c'est localement que les solutions doivent s'inventer. Parmi les leviers proposés, les Français jugent que pour améliorer la situation de l'emploi dans leur territoire il faudrait réduire les impôts et les taxes des entreprises (33 % des sondés), avant même l'aide aux entreprises et aux dirigeants de PME (28 %), la formation continue (26 %) ou la promotion des nouvelles technologies (17 %). Dernier levier du classement, le renforcement des moyens aux services publics comme Pôle emploi (12 %). Signe de désabusement des Français vis-à-vis des établissements publics et des administrations. « Pour les habitants des villes moyennes et des communes rurales, l'avenir est donc "local". D'ailleurs ils sont beaucoup plus confiants pour leur commune (deux tiers des sondés) que pour la France et, a fortiori, l'Europe (deux fois moins nombreux), tient à ajouter Frédérique Macarez. C'est une reconnaissance pour nous, les maires, et cette étude est une feuille de route précieuse. Avec l'action Coeur de Ville nous allons dans le bon sens », conclut Caroline Cayeux.

Source: Baromètre des Territoires 2019 Ipsos- Villes de France.

 

Danièle Licata

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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