Les travaux du projet de la Bassée (77) ont démarré en début d’année. Objectif : contenir les crues de la Seine en stockant le surplusd’eau dans un bassin. Coût de l’opération : 114 M€ dont 100 M€ pour les travaux.
Les risques d’inondation sont une réalité sur le territoire francilien. Le projet de la Bassée, dont les travaux ont démarré en début d’année, permettra de contenir les crues majeures de la Seine en stockant le surplus d’eau dans un bassin. Il complètera l’action des quatre lacs-réservoirs déjà existants sur la Marne, la Seine l’Aube et l’Yonne. Mi-décembre 2020, le projet de la Bassée construit entre Montereau-Fault-Yonne et Bray-sur-Seine en Seine-et-Marne, à la confluence de la Seine et de l’Yonne, était déclaré d’utilité publique. Concrètement, il prévoit l’aménagement d’un casier pilote – au lieu des neuf casiers présentés dans le projet initial en 2012 – un espace endigué de 360 hectares associé à huit kilomètres de digues et une station de pompage afin de contenir 10 millions de mètres cubes d’eau en cas de crue majeure de la Seine. C’est le schéma proposé par l’Établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs pour assurer, à l’avenir, une meilleure protection des communes franciliennes contre les inondations. « Pour limiter l’effet des crues de la Seine, il nous faut agir en amont sur l’Yonne, son principal affluent » explique Grégoire Isidore, directeur de la Bassée et de l’hydrologie, adjoint au directeur général des services. En effet, un rapport du ministère de la Transition écologique publié en décembre 2018 confirme que l’Yonne a apporté, en janvier 2018, 40 % de la crue observée à Paris-Austerlitz. Le dispositif consiste à retenir les eaux de la Seine au moment du passage de la crue de l’Yonne, en pompant et en stockant dans des casiers l’eau de la Seine au moment du pic de crue. « Nous allons pour cela construire un ouvrage sur la Seine qui, par son caractère actif et grâce à un système de pompage, viendra agir indirectement sur la crue de l’Yonne, ajoute le directeur. Avec cet aménagement, nous aurions fait baisser de 15 centimètres le niveau maximal des crues sur la Seine en janvier 2018. » Il sera utilisé tous les cinq à six ans pour une durée moyenne de quinze jours. Le reste du temps, l’EPTB souhaite que des activités perdurent, dans cet espace non habité qui aura vocation à accueillir des activités agricoles, de chasse et de pêche.
UNE STATION DE POMPAGE AUX MULTIPLES VOCATIONS
C’est une station de pompage qui permettra le remplissage de la digue en prélevant l’eau de la Seine pour la stocker dans le casier. L’ouvrage industriel de 50 mètres de diamètre sera équipé de huit pompes ultra-puissantes capables de pomper jusqu’à 42 mètres cubes d’eau par seconde et doté d’un système de gestion centralisé. Des ouvrages hydrauliques associés permettront de vidanger le site et d’assurer la continuité du réseau hydrographique secondaire. Ce même équipement pilotera l’opération de vidange du casier, une fois la crue maîtrisée. Pour donner une utilité plus large à ce bâtiment, l’EPTB en accord avec les élus, a souhaité d’en faire un outil qui soit utile pour les collectivités locales, les scolaires et les associations. Ainsi, le toit du bâtiment sera accessible tel un jardin public, surmonté d’un belvédère comme support inédit de découverte du territoire.
DES ENJEUX ÉCOLOGIQUES
Le projet inclut un volet de valorisation écologique de la zone humide de la Bassée aval sur lesquels d’importants enjeux écologiques ont été soulevés à l’occasion des nombreux débats publics organisés depuis 2012. « Nous allons réaliser des travaux de restauration écologiques dont l’objectif est de recréer pour la faune des habitats naturels caractéristiques de cette zone de la Bassée aval avant les grands aménagements des années cinquante et soixante. Nous travaillons pour cela avec les associations locales et naturalistes de manière à être le plus efficient possible », affirme Grégoire Isidore. 13 % du coût des travaux seront consacrés à des mesures de travaux écologiques contre 5 % généralement pour les projets d’infrastructure, selon l’EPTB. C’est ainsi que cinq zones de valorisation écologique prioritaires ont été identifiées sur lesquelles des mesures de protection environnementale seront menées, visant à restaurer les habitats naturels sensibles et les lieux de vie des amphibiens grâce à des barrières spécifiques.
Les premières étapes, qui consistent à libérer l’espace nécessaire à l’implantation de la digue et de la station de pompage, ont débuté en janvier 2021. Des opérations de débroussaillage des buissons et bosquets puis d’abattage et de dessouchage des arbres dans le strictrespect des espèces animales seront réalisées. L’ensemble des arbres sera valorisé selon leur nature et leur potentiel. Enfin, des opérations visant à éradiquer la renouée du Japon seront menées. Classée « espèce exotique envahissante », cette plante pose un problème écologique important en provoquant la disparition de la flore locale essentielle à l’équilibre de la biodiversité Après le passage de la DRAC pour les fouilles archéologiques, seront construites dès le second semestre les infrastructures logistiquesnécessaires au démarrage début 2022 : un quai fluvial, une piste de chantier ainsi qu’une zone de stockage de matériaux seront aménagés.
Coût du projet : 114 M€ dont 100 M€ pour les travaux. 14 M€ seront consacrés aux frais d’études et d’acquisition foncière. La moitié du financement est assurée par l’État grâce au fonds de prévention des risques naturels, dit le fonds Barnier. La métropole du Grand Paris, principal EPCI bénéficiaire du projet, assurera 30 % du coût tandis que les 20 % restants seront financés par l’EPTB Seine Grands lacs. La mise en service est prévue début 2024.
Blandine klaas
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