Les piscines publiques sont des postes de consommation énergétique très importants pour les collectivités locales. Face à la flambée des prix de l’énergie, elles doivent trouver des solutions pour réduire leur facture, maintenir une qualité de service public et répondre aux besoins des administrés.
En l’espace de quelques mois, les coûts de l’énergie ont explosé pour les collectivités. À Cergy-Pontoise (Val d’Oise), le budget de l’ensemble des dépenses énergétiques de la communauté d’agglomération qui était de 4,4 millions d’euros en 2021 a atteint 5,9 millions d’euros en 2022. Pour 2023, il est estimé à 12,1 millions d’euros, soit une augmentation de 6,2 millions d’euros par rapport à 2022 (+105 %), et une hausse de 7,7 millions d’euros par rapport à 2021. Ce contexte énergétique inédit et exceptionnel contraint les collectivités et leurs groupements à prendre des mesures drastiques concernant leurs piscines, souvent chauffées au gaz, dont les charges de fonctionnement pèsent très lourd dans leur budget. Face à la flambée des coûts de fourniture pouvant aller jusqu’à 300 %, obligeant certaines collectivités à fermer temporairement leurs équipements aquatiques, il existe des solutions. De la couverture thermique d’un bassin à l’isolation complète d’une toiture, en passant par les écogestes ou une baisse de la température de l’eau et de l’air, il est possible de planifier des actions dans le temps pour garantir la pérennité et la performance des piscines. Telles sont les recommandations du programme ACTEE porté par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR – Territoire d’énergie) dans un guide intitulé « Explosion des prix de l’énergie dans les piscines : que faire ? » publié à l’at- tention des collectivités locales. Ce document préconise une stratégie en trois temps permettant de répondre aux difficultés de court terme pour faire face à l’explosion des prix avec des actions à faible investissement, orientées autour du pilotage des consommations et la sobriété énergétique. Viennent ensuite des actions liées à de petits ou moyens travaux, prenant particulièrement en compte la performance des équipements énergétiques puis, sur le long terme, des actions de rénovation lourde pour assurer l’amélioration du bâti.
Améliorer la performance énergétique
De plus en plus, les contrats de performance énergétique (CPE) sont plébiscités par les maîtres d’ouvrage comme outils privilégiés pour la réduction des consommations d’énergie. L’objet principal de ce type de marché étant de garantir l’amélioration de la performance énergétique réelle des bâtiments par rapport à une situation de référence. « Nous intervenons fréquemment au travers de contrats de performance énergétique portant sur la maîtrise et la fourniture d'énergie, l'exploitation et la maintenance, explique Yannick Duport, directeur commerce et marketing pour Dalkia, une filiale du groupe EDF qui accompagne ses clients dans la transition énergétique. Après avoir établi une situation référence avec le client, nous lui proposons des actions de performance énergétique visant à réduire dans la durée ses consommations et sa facture tout en maintenant le confort et la sécurité des baigneurs. Cela passe par de nombreuses actions comme ajuster les températures de l’eau et de l’air en fonction de paramètres extérieurs, développer l’utilisation d’énergies locales bas carbone : se raccorder à un réseau de chaleur, mettre en place une chaudière biomasse ou une pompe à chaleur. Cela passe aussi par le remplacement du système d'éclairage par des leds, plus économes en énergie, par la mise en place de systèmes de comptage pour adapter le pilotage à la fréquentation du lieu, par la télégestion ou encore par les écogestes au travers de la sensibilisation des personnels et des occupants. Dans le contexte actuel de sobriété énergétique, les demandes sont plus nombreuses pour l'ajustement des températures de l'air et de l'eau. Baisser de un ou deux degrés simultanément ces températures peut rapidement conduire à des réductions de consommation de 10, 15 voire même 20%.» Pour mieux maîtriser les dépenses du centre aquatique Carré d’eau qui fête en 2022 ses quinze années d’existence, Grand Bourg Agglomération (Ain) a signé avec la société Onsen un contrat de performance énergétique d’une durée de cinq ans qui fixe les objectifs d’économies d’énergie à atteindre, soit une baisse de 20 % des consommations primaires. Cette performance sera rendue possible grâce notamment à la mise en place d’un système de récupération de chaleur des eaux grises pour préchauffer l’eau froide alimentant les bassins.
Pour répondre à ces enjeux de performance énergétique, la FNCCR a lancé le programme d’accompagnement ACT’EAU dédié au soutien des projets d’efficacité énergétique des piscines et centres aquatiques publics à travers des financements sur les études et des missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage.
Des piscines chauffées à moindre coût
Certaines collectivités n’ont pas attendu la hausse des prix de l’énergie pour investir dans des solutions alternatives afin d’alléger leur facture énergétique sur le long terme. Il est ainsi prévu que le futur centre Aquatique Olympique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) soit raccordé au réseau de chaleur du Syndicat mixte des réseaux d'énergie calorifique (Smirec), développé et exploité par Plaine Commune Energie, et alimenté grâce à la récupération de la chaleur fatale du data center Equinix qui s’est engagé contractuellement à fournir gracieusement cette chaleur pour une durée de 15 ans. Dans le Pas-de-Calais, la communauté de Communes de Desvres-Samer a signé un partenariat avec l’entreprise ArcelorMittal. La chaleur rejetée dans l’atmosphère par l’usine pour refroidir ses tôles galvanisées est récupérée pour chauffer l’eau et l’air ambiant du centre aquatique.
Pour contrer la crise énergétique, les piscines doivent devenir plus écologiques et investir dans des solutions moins énergivores comme l’énergie solaire, la géothermie ou la biomasse conseille l’association France urbaine dans une note publiée à la rentrée. C’est le projet de la communauté d’agglomération Porte de l’Isère (CAPI) qui a fait construire à Bourgoin-Jallieu (Isère) la première piscine Bepos de France, inaugurée à l’été 2022. C’est-à-dire un bâtiment à énergie positive qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme pour son fonctionnement grâce à plusieurs dispositifs mis en œuvre : 600 m2 de panneaux photovoltaïques, une couverture thermique qui génère 30% d’économies sur les besoins de chaleur de la piscine, un système de récupération de chaleur sur les eaux grises et sur l’eau de renouvellement des bassins, une ventilation naturelle en complément de la ventilation mécanique, une déshydratation de l’air par renouvellement d’air neuf extérieur et la connexion au réseau de chaleur urbain pour chauffer l’eau et l’intérieur de la piscine. Le stade nautique de Douardenez (Finistère) achevé en juillet 2021 s’intègre lui aussi dans une démarche de gestion économe des énergies. Le système de traitement de l’eau permet une faible consommation et une eau agréable pour les nageurs tandis que l’orientation du bâtiment favorise l’éclairage naturel et permet de réduire la consommation électrique, de même que la qualité de son isolation thermique. Pour l’énergie, c’est la biomasse qui a été retenue avec une chaufferie au bois qui permet de couvrir 85% des besoins en chauffage tout en apportant un soutien économique à la filière bois du territoire.
B.K.
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