Comprendre les habitants pour mieux construire la ville

Territoires
13 octobre 2022

Parce que l’amélioration des conditions de vie dans la ville est un facteur d’attractivité et de bien-être pour les habitants, la municipalité de Marc-en-Baroeul se fait accompagner par un cabinet spécialisé en psychologie urbaine pour réinventer, avec les habitants, le quartier de la Briqueterie dont les travaux s’étaleront sur les dix prochaines années.

Renouer le contact entre les élus et la population prend toute son importance en amont de la réalisation d’un projet de cette envergure explique Bernard Gérard, le maire de Marc-en-Baroeul, une ville résidentielle aisée de la métropole lilloise. Dans le cadre du projet de réhabilitation complète du quartier sensible de la Briqueterie mené en partenariat avec le bailleur social Vilogia, la ville et son partenaire ont souhaité impliquer les habitants dans l’écriture de ce projet d’aménagement urbain et paysager de 40 M€ qui prévoit jusqu’en 2031 quelque 140 réhabilitations ainsi que 374 démolitions suivies de reconstructions. L’opération démarrée début 2022 vise à ouvrir le quartier sur le reste de la ville, à le rendre plus attractif et à renforcer la mixité sociale. A l’heure actuelle, la totalité de l’offre de logements de ce quartier relève du parc social. Le projet prévoit notamment la constitution d’une offre en accession sociale à la propriété afin de permettre aux habitants qui le souhaitent de devenir propriétaire de leur logement. « Dès le départ nous avons été favorables à une démarche participative. Opérer une réhabilitation qui va révolutionner leur quotidien ne peut se faire sans inquiétude et sans préoccupation de la part des habitants. Nous avons pensé qu’il était pertinent de faire appel à un cabinet extérieur afin de mieux leur expliquer le projet et surtout recueillir les attentes des habitants » explique l’édile.

Le bien-fondé d’une démarche collaborative

Pendant plus de six mois, l’équipe du cabinet de psychologie urbaine Hurba a rencontré les habitants lors d’entretiens collectifs et individuels. « Notre démarche consiste à identifier les facteurs les plus importants pour le bien-être des habitants d’une ville ou d’un quartier. Nous réalisons un diagnostic sur leur état de santé, ce qui les irrite dans leur quotidien, ce qui est facteur de qualité de vie chez eux et qu’il faut préserver, etc. » explique Barbara Attia, fondatrice du cabinet Hurba et pionnière de la psychologie urbaine. Partant du constat que la ville et les conditions de vie en milieu urbain contiennent leur lot de facteurs de risques et irritants du quotidien à l’origine de mal-être, cette ancienne psychologue spécialisée dans les risques psychosociaux au travail a souhaité retravailler le lien entre l’épanouissement des habitants et la spécificité de leur lieu de vie. « Il s’agit d’essayer de comprendre le comportement de l’homme en réaction avec son environnement urbain. Le psychologue urbain doit s’attacher à comprendre ce qui peut faire défaut afin d’orienter des moyens sur les facteurs qui influent sur la qualité de vie et sur le ressenti des habitants» affirme-t-elle. C’est alors une démarche très pédagogique qui s’installe avec les riverains. « A Marc-en-Baroeul, nous avons été les premiers sur le terrain à essayer de comprendre comment le quartier fonctionnait. Nous avons organisé des permanences sur site, nous avons recueilli des données quantitatives pour faire émerger les sujets prioritaires, puis des données plus qualitatives qui ont abouti à la réalisation de 160 cartes du quartier que nous avons analysées. Plus de 250 pages d’entretiens individuels ont été travaillées, des ateliers en petits collectifs ont été programmés et une ligne d’écoute a été créée. » Cette démarche a permis la mise en avant des grands enjeux du projet ainsi que la rédaction d’un cahier des charges : les bâtiments R+4 feront l’objet d’une réhabilitation complète en site occupé ; cinq bâtiments de 374 logements au total seront déconstruits afin d’ouvrir le quartier sur l’extérieur et des constructions de nouveaux logements s’étaleront sur dix ans ; les commerces, les services ou équipements publics trouveront leur place au rez-de-chaussée des immeubles. Tandis qu’une trame verte traversera le quartier, un nouveau parc urbain verra le jour. Concernant le stationnement, un parking souterrain neuf devrait être construit. «Pour la municipalité, c'est une manière de redonner du pouvoir aux habitants. La psychologie urbaine est un facilitateur de consensus» exprime le maire de la ville.

L’observatoire, boussole de l’action publique

Pour mesurer de manière la plus fiable possible les perceptions des habitants, par commune évidemment, mais aussi dans le temps et dans l'espace, pour questionner leur exposition aux différents facteurs urbains et l'impact de cette exposition sur leur santé, un observatoire Santé et Qualité de Vie Urbaine, développé en partenariat avec un docteur en bio statistique, des urbanistes et des architectes, est en cours de création et aboutira à un label « cité heureuse ». Ce label décernera une à cinq étoiles à chaque ville qui souhaitera être analysée. « Nous produirons des cartographies à partir des données recueillies. Elles nous aideront à pointer les facteurs les plus importants pour la qualité de vie des habitants, par ville et par segment de population. Plus il y aura de villes qui se prêteront au jeu du baromètre, plus nous pourrons comparer entre elles des villes de même taille, l'idée étant que cet observatoire soit ouvert à toutes les villes et reflète l'engagement des élus à rendre leur ville plus agréable à vivre » estime Barbara Attia. À partir du moment où sont connus les facteurs qui aideront les habitants à se sentir mieux, la municipalité pourra mettre en place des initiatives, un budget spécifique voire organiser un mandat autour de ces questions. Dès lors que l’on pense les projets dans le bon sens avec les personnes concernées, elles vont généralement moins volontiers vers des recours ou des démarches plus virulentes » remarque la psychologue. Aujourd’hui, Bernard Gérard, est convaincu de l’utilité de la démarche et n’hésitera pas à y avoir recours pour ses prochains projets : « il ne s’agit pas d’un cabinet de communication qui cherche à vendre les idées de la ville.  Les psychologues sont allés véritablement à la rencontre des habitants impactés par le projet pour écouter leurs inquiétudes et libérer leur parole ». Et ça marche. Jusqu’à présent, aucun recours n’a été enregistré.

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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