À Strasbourg, le défi de la mutation des autoroutes en « parc métropolitain »

Territoires
11 mars 2020

DÉCRYPTAGE. Transformer et réaménager les actuelles autoroutes A35 et A351, qui traversent la ville, en un vaste parc métropolitain, c’est le pari de l’Eurométropole de Strasbourg, qui souhaite remettre ces espaces à la disposition des habitants.

Tout le monde, dans la métropole alsacienne, est unanime et concède que l’autoroute A35, qui voit passer 180 000 véhicules quotidiennement à proximité du centre-ville de Strasbourg, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ainsi que l’A351, doivent disparaître. Ce sont alors 560 ha d’emprises au sol sur 27 km de linéaires qu’il faudra transformer et embellir, afin de reconstituer un poumon vert, qui contribuera notamment à faire baisser les pollutions.

Le réaménagement de ce vaste espace est étroitement lié à l’ouverture d’une rocade de 24 km autour de la capitale alsacienne, dont l’ouverture est prévue au plus tard à l’automne 2021. Dans le même temps interviendra le déclassement de l’A35, qui deviendra propriété de l’Eurométropole pour la partie située sur son territoire.

« Le reste de l’autoroute deviendra la propriété de la nouvelle collectivité européenne d’Alsace, qui, officiellement, verra le jour le 1er janvier 2021 », explique Robert Herrmann, président de l’Eurométropole de Strasbourg. Cette requalification est au coeur du tout premier projet partenarial d’aménagement (PPA), signé entre l’État, la région Grand Est, le département du Bas-Rhin et l’Eurométropole de Strasbourg, pour réinventer les paysages et les usages des deux autoroutes traversantes de Strasbourg.

de projet partenarial d’aménagement permet notamment à chacune des parties prenantes d’acter des engagements réciproques, et notamment financiers. « Nous avons mis en place pour cette requalification l’atelier des territoires Réinventer les paysages des voies rapides urbaines strasbourgeoises A35 et axe RNA-A351, un marché d’un montant de 210 000 avec une participation de l’État de 80 000 , le reste étant financé par l’Eurométropole et des études préopérationnelles avec un montant prévisionnel chiffré à 800 000 . L’Eurométropole de Strasbourg et l’État se sont engagés à financer respectivement 50 % et 20 %. La région et le département financeront les 30 % restants », précise Robert Herrmann.

UN DIAGNOSTIC COMMUN

Au cours des six derniers mois, des ateliers animés par les paysagistesurbanistes de l’agence TER, retenue pour la réalisation des études préopérationnelles, assistée des cabinets Arcadis et Indigo, en étroite collaboration avec les maires des 33 communes de l’Eurométropole, ainsi que les services de l’État et des collectivités auront permis de dégager les grandes lignes du futur projet de requalification. Un projet qui porte sur l’infrastructure elle-même, ses abords immédiats et sur les territoires voisins. « Nous avons travaillé avec les différents acteurs in situ dès le début, raconte Henri Bava, cofondateur de l’agence TER. Nous avons commencé cette démarche en ayant bien conscience qu’il s’agissait là d’un projet d’envergure européenne, au carrefour des grands axes de circulation autoroutière. Jusqu’à aujourd’hui, ces grands flux traversaient Strasbourg, en plein coeur de la métropole. »

Reste à imaginer l’avenir de cette autoroute lorsqu’elle sera déclassée en boulevard urbain. « Nous avons abordé le projet par la question du paysage, poursuit Henri Bava. Dans notre analyse de la situation, nous avons considéré les différentes vallées autour de Strasbourg qui sont autant de couloirs verts et paysages. Nous les avons pris dans leur ensemble pour imaginer le grand parc métropolitain de Strasbourg traversant d’ouest en est. Nous avons proposé à la métropole de prendre en compte ce potentiel existant qui offre une identité très particulière à la ville. » Ces préconisations de TER tiennent compte de la volonté des élus de diminuer la circulation, de créer des itinéraires cyclables et des continuités vertes urbaines, de renforcer le covoiturage, d’avoir un véritable poumon vert et une meilleure qualité de l’air.

DES MOBILITÉS RÉINVENTÉES

Les principaux enjeux ? « Constituer une métropole bas carbone, au développement soutenable, ouvrir des voies franchissables par tous quel que soit le mode de mobilité choisi, équilibrer les espaces urbains et naturels, créer des coutures entre les espaces, les communes et les quartiers qui sont cloisonnées, et, enfin, récupérer des espaces pour les transformer », répond le président de l’Eurométropole. Dans ces transformations, une attention particulière sera portée à la gare. « Nous souhaiterions faire une gare à 360 ° permettant de faire dans le coeur de Strasbourg un hub important, accueillant en même temps, dans les transports interurbains et en créant des synergies de manière à ce que les connexions soient faciles, que ce soit sur les voitures partagées, ou les modes doux comme la trottinette ou le vélo. » Entre le contournement ouest de Strasbourg et le futur boulevard urbain, une autre infrastructure votée à l’unanimité par les élus métropolitains, la voie de liaison intercommunale ouest (VLIO) dont la déclaration d’utilité publique est en cours, devrait permettre d’améliorer la circulation à l’ouest de la ville. Pour ce projet d’envergure qui conjugue création d’un véritable corridor écologique, transformation des paysages urbains, mobilités et qualité de vie, de nouvelles études doivent être menées, ainsi que de nouvelles consultations, ville par ville, avec les habitants.

UN PROJET DE TERRITOIRE PAR LE PAYSAGE

Mettre en système « paysage et mobilités » est l’ambition de l’atelier des territoires A35/ A351, conçu comme une discussion ouverte avec les différents interlocuteurs. Il s’agit d’articuler géographie, continuités écologiques, attractivités urbaines et espaces ruraux avec de nouveaux modes de déplacement et d’usages. Passer de l’histoire des transports à celles des mobilités et des flux naturels est l’enjeu pour construire les prémices d’une eurométropole bas carbone.

Blandine Klaas

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Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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