Alors que seuls 13% des agents télétravaillaient avant la crise sanitaire, la moitié d’entre-eux a été amenée à travailler à distance durant les confinements. Quels enseignements tirent-ils de cette expérience ? Quels sont les freins ? Quelles sont les pistes pour démocratiser le travail à distance ? C’est à ces questions que tente de répondre Le « Baromètre Wimi-Ipsos du Travail Ouvert », la première étude consacrée au télétravail dans la sphère publique réalisée durant le second confinement auprès d’un échantillon représentatif de 500 actifs du secteur public. Explications.
« Alors que seuls 13 % des agents télétravaillaient avant la crise, le moitié des agents ont été amenés à travailler à distance durant la crise. Et c’est à marche forcée que le service public a bouleversé ses modes de travail. Une révolution qui s’est faite sans filet et pourtant globalement, avec les moyens du bord, ça a marché ! » résume Antoine Duboscq fondateur de Wimi qui conçoit des solutions collaboratives en ligne.
Presque un an plus tard, quels enseignements peut-on tirer de cette année 2020 ? Une simple parenthèse ou déjà une révolution en marche ? Pour François Cochet, directeur des activités santé au travail du cabinet Secafi, qui vient de publier le guide des risques psychosociaux dans la fonction publique, « il y a aura un avant et un après la crise de la Covis-19 ».
Pas préparés au choc
Selon le sondage, les agents jugent, pourtant, très majoritairement (73 %) que leur organisation n’était pas prête à affronter le premier confinement et ils étaient encore une majorité à penser qu’elle ne l’était toujours pas pour le second confinement cet automne (51 %). Du stress du télétravailleur surchargé à la limite du burn-out, ne parvenant pas à séparer vie personnelle et vie professionnelle, aux agents fatigués par des heures de réunions en ligne, en passant par les naufragés à domicile, privés de directives claires ou d’interactions avec leur managers, au point de se sentir inutile… quelle qu’en soit la cause, le travail à domicile a plongé des milliers d’agents dans le stress, voire pour certains dans la détresse.
« Beaucoup d’agents ont découvert l’intrusion du travail dans leur sphère intime. 58 % jugent que le télétravail rime avec « horaires étendus » et seuls 56 % pensent que le télétravail est synonyme de meilleur équilibre vie professionnelle / vie privée » décrypte Antoine Duboscq.
Et pour autant les agents tirent un bilan largement positif de cette expérience : deux tiers (67%) ont bien vécu le second confinement d’un point de vue professionnel. Le télétravail est synonyme de gain de temps pour 68% d’entre eux, d'efficacité dans le travail personnel (67%) et même de confort (69%), des chiffres comparables à ceux des salariés privés. Seule une minorité d’agents jugent que le télétravail a été pour eux synonyme de « galère » (31%) et de « stress » (24%).
Toute la question est de savoir pourquoi ils plébiscitent le travail à domicile » riposte François Cochet, qui selon lui, « au delà des raisons sanitaires et de la réduction du temps de transport, les facteurs positifs mis en avant par les sondés, sont souvent le miroir des difficultés rencontrées lorsque le travail s’effectue en présentiel : temps de transport trop long, manque d’autonomie, réunions à rallonge ». Et de poursuivre : quoiqu’il en soit, si le confinement a précipité bon nombre de services publics dans des plans de continuation d’activité improvisés, le moyen terme imposera des ajustements car le télétravail à 100 % n’est pas la norme ». En d’autres termes, lorsque que la crise sanitaire sera éradiquée, il faut revenir à un télétravail négocié, car selon les agents interrogés, 59 % pronostiquent déjà que « demain il y aura davantage de travail à distance » dans leur organisation et que « l’organisation du travail sera durablement impactée par la crise ».
Des freins à lever
Confiance : dans les organisations où la hiérarchie fait confiance aux collaborateurs, 70% des agents ont « bien vécu cette période de confinement d’un point de vue professionnel » : c’est 8 points de plus par rapport aux organisations où la hiérarchie ne fait pas confiance aux collaborateurs.
Danièle Licata
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