Les hommes et les femmes inégaux face à la mobilité
Le Forum Vies Mobiles, think tank de la mobilité, met en lumière l’importance du genre dans les inégalités face à la mobilité.
Bien que la situation change lentement, les hommes jouissent toujours d’une plus grande liberté dans leurs déplacements et même si les initiatives pour l’inclusion des femmes sont de plus en plus nombreuses, la route est encore longue pour atteindre l’égalité des genres révèle une note publiée par le think tank à l’occasion de la semaine européenne de la mobilité.
Premier enseignement : le transport est une charge mentale pour les femmes. Pendant des siècles, elles ont été associées à la gestion du foyer et des enfants et assignées à l’immobilité, tandis que la sphère publique était réservée aux hommes. Ces rôles traditionnels, remis en question à partir des années 1970 par les féministes, ont encore aujourd’hui des conséquences sur la mobilité des femmes. Ce sont elles en effet qui réalisent 3/4 des accompagnements des enfants et des personnes âgées et consacrent bien plus de la moitié du temps au travail domestique. Elles parcourent 25% de kilomètres de moins que les hommes par semaine.
Le complexe déplacement des mères
Alors que les femmes sont deux fois moins nombreuses que les hommes à être des « grandes mobiles » pour le travail, elles sont 83% à cesser de l’être après l’arrivée d’un enfant (contre seulement 59% chez les hommes) et 100% à l’arrivée du 2e enfant. Les déplacements des femmes et notamment des mères sont plus complexes que ceux des hommes. Elles ont davantage tendance à enchaîner différentes activités (courses, accompagnement, etc.) lors d’un même déplacement, avec la charge mentale que cela représente : être à l’heure, préparer les enfants, emporter leurs affaires, des sacs de courses ou surveiller les enfants pendant le trajet.Quant à toutes celles qui travaillent dans les métiers du care (aides à domicile, infirmières, femmes de ménage, etc.), traditionnellement dévolus aux femmes, elles sont contraintes à des déplacements quotidiens nombreux et souvent fatigants.
La voiture et les femmes : un accès limité
En raison de ces contraintes, les femmes sont plus réticentes à abandonner la voiture au profit de modes de transport plus durables. Pourtant, moins de femmes sont titulaires du permis de conduire : 80% des femmes ont le permis B contre 90% des hommes. Et dans les ménages qui n’ont qu’une seule voiture, c’est plutôt l’homme qui l’utilise. Les difficultés sont encore plus prégnantes dans les espaces ruraux : dans ces zones où la desserte en transport en commun est souvent défaillante, ce moindre accès à la voiture crée pour les femmes concernées d’importantes difficultés de mobilité, qui entravent leur accès à l’emploi, aux systèmes de garde, aux services publics, aux commerces ou aux loisirs.