La revanche des villes moyennes ?

Assisterons-nous à la revanche des villes moyennes ? France Stratégie livre une grande étude  sur les trajectoires des villes moyennes et leur rôle dans l'aménagement des territoires avant et pendant la pandémie, restituant leur rôle dans une vision renouvelée du développement et de la cohésion des territoires.

Certes, la crise sanitaire a renouvelé l'intérêt public pour les villes moyennes et contribué à ce qu'elles connaissent un regain d'attractivité, alimenté par les départs des grandes villes, les possibilités accrues de travail à distance et l'image d'une meilleure qualité de vie. Mais l’exode massif vers ces villes qui concentrent 35% de la population française et près de 30% des emplois au niveau national, et qui longtemps ont été tenues à l’écart des politiques publiques d’aménagement, est loin d’être une réalité. Si elles affichent de belles dynamiques dans leur ensemble, leur développement est loin d’être homogène sur l’ensemble du territoire. « Dans cette étude, nous nous sommes intéressés aux trajectoires de moyen terme des villes moyennes sur la décennie avant la pandémie puis nous avons cherché à savoir si la crise sanitaire avait confirmé ou bien infléchi ces trajectoires » explique Claire Rais Assa de France Stratégie. Le travail mené sur 202 villes moyennes montre que nombre d’entre elles étaient déjà dans des trajectoires dynamiques avant la pandémie : 85 des 202 villes étudiées, parmi lesquelles Bayonne, Chambéry, Vannes et Sète, ont ainsi connu des trajectoires plus favorables que la trajectoire nationale pendant la décennie précédent la pandémie. Seules 16 % des villes moyennes ont connu des trajectoires « en retrait » sur la dernière décennie.

Des couronnes plus dynamiques

Selon l'étude, les couronnes des villes moyennes sont le plus souvent nettement plus dynamiques que leurs pôles urbains, ce qui les distingue de beaucoup de métropoles. « La croissance démographique en France s'est vraiment concentré dans les couronnes ces dernières années. Entre 2008 et 2018, 45% des villes moyennes comme Aurillac, Évreux ou Rochefort ont subi une baisse de population alors même que leur couronne était en croissance ce qui souligne un déficit structurel de des pôles des villes moyennes rend particulièrement pertinentes les politiques publiques qui ont pu être mises en place de revitalisation de ces pôles des villes moyennes » analyse Claire Rais Assa. D'une région à l'autre les situations varient avec une attractivité générale de l'ouest de la France et des difficultés liées à l'emploi dans le quart nord-est. Ce qui ne résume pas toute leur hétérogénéité, souligne l’étude.

 La pandémie source d’accélération

En croisant les trajectoires de ces villes en matière de démographie, d'emplois salariés privés et de prix de l'immobilier, 42% d’entre elles affichent une trajectoire plus dynamique que la trajectoire nationale avant la pandémie, 30% ont une trajectoire similaire à la trajectoire nationale. Seule une minorité de villes moyennes (16%) ont connu une trajectoire en retrait.  Enfin, une dernière catégorie de villes moyennes ont connu une trajectoire atypique sur la dernière décennie avec une baisse de population, des destructions d'emplois mais où pour autant les prix de l'immobilier ont évolué plus fortement que la tendance nationale. Sur la question de l’immobilier, les données disponibles attestent d'une hausse des prix pendant la pandémie concentrée dans les pôles des villes moyennes, suggérant un possible rattrapage par rapport aux couronnes. « L'effet de la pandémie a pu être diffus et d'ampleur variée selon les territoires, et il est difficile à ce stade de conclure à un effet positif général », relève France Stratégie. « Ce diagnostic est porteur d'enseignements en matière de définition des politiques publiques notamment de l’aménagement des territoires dans les villes moyennes qui accueillent de très nombreux équipements et services ainsi qu’une large gamme de commerce, d'offres de santé, culturelle, d'éducation et de transport, ce qui en fait des relais absolument majeurs pour l'ensemble des territoires environnants et en particulier les territoires moins denses qu'il y a autour de de ces villes moyennes » poursuit Claire Rais Assa. Une centralité qui leur confère un rôle absolument majeur en termes de coopération et de coopération entre les territoires entre eux.

Enquête : les villes moyennes engagées dans la transition écologique

A la suite d’une enquête menée auprès de 41 intercommunalités et 45 communes, le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) dresse un panorama des villes moyennes qui se saisissent de la transition écologique, au-delà des questions de climat et d’énergie. Exemples à l’appui, l’enquête révèle que de nombreuses villes moyennes ont pris la mesure de l’enjeu écologique et qu’elles inventent des solutions innovantes et adaptées aux problématiques spécifiques de leur territoire : plateforme de covoiturage, infrastructures dédiées aux vélos, approvisionnement des cantines en produits bio et locaux, soutien à l’installation de maraîchers, sensibilisation des écoliers à la biodiversité sur le territoire, installation de panneaux solaires sur les bâtiments publics, mise en place de réseaux de chaleur alimentés par des ressources locales, création d’espaces de troc dans les déchetteries...