Les régions relèvent les défis de la rentrée 2022
Transport scolaire, pouvoir d’achat, tarification des cantines, formation professionnelle, orientation… Les régions françaises abordent cette rentrée scolaire 2022 avec beaucoup de détermination.
Dans un contexte économique et social extrêmement sensible, le changement climatique, l’inflation, la flambée du prix de l’énergie ou encore les pénuries de compétences comptent parmi les grands défis que les exécutifs régionaux vont devoir relever. A commencer par l’enjeu du pouvoir d’achat. Les régions renforcent leurs aides individuelles et collectives dans la limite de leurs marges de manœuvre financières afin de contenir le plus possible le coût de la rentrée pour les familles. « L’essentiel du soutien au pouvoir d’achat des familles dans les lycées est porté par les politiques des régions à travers les différentes mesures de gratuité et de soutien à l’acquisition des manuels scolaires, qui même dans une période difficile pour les budgets des régions sont maintenue » a expliqué François Bonneau, Président de la commission Éducation, orientation, formation et emploi de Régions de France, Président de la Région Centre-Val-de-Loire, lors de la conférence de presse de rentrée qui s’est tenue le 31 août à Paris. Et de rappeler que les régions aident notamment à l’équipement numérique des lycéens, « avec la distribution gratuite d’ordinateurs dans certaines régions tandis qu’ailleurs ils sont proposés à des tarifs préférentiels ». Un exemple, 70.000 ordinateurs seront distribués lors de cette rentrée par la Région Grand Est, soit 320.000 au total depuis le lancement du lycée 4.0 en 2017. Dans les Pays-de-la Loire, l’aide à l’acquisition du premier équipement professionnel – outils et tenues nécessaires à la formation – concerne plus de 200 spécialités relevant de l’enseignement technologique et professionnel.
Cantines scolaires : une tarification au plus juste
Le prix des repas des lycéens dans les cantines scolaires est un autre sujet majeur auquel les régions souhaitent apporter une solution. Selon François Bonneau « Les régions font un effort pour proposer les tarifs de cantine les plus réduits possibles, c’est un sujet majeur alors que le coût des matières première, l’augmentation du prix du gaz et l’inflation sur la production des repas prennent des proportions importantes. Les régions prennent tout ou partie de cet effort ». Dans ce contexte inflationniste, la Région Nouvelle-Aquitaine réfléchit aux mesures d’ajustement nécessaires pour maintenir les marges de manœuvre des établissements en faveur de la qualité de la restauration. En parallèle, l’expérimentation d’une tarification solidaire, en fonction des revenus des familles, se poursuit.
Les transports scolaires impactés par la pénurie de chauffeurs de cars
Face à des situations de pénurie de chauffeurs de car qui touchent la majorité des régions, une rencontre exceptionnelle a eu lieu le 24 août dernier au ministère des Transports entre l’Etat, les Régions et les autres partenaires afin que le service des transports scolaires soit assuré au mieux dès la rentrée. « Nous avons une responsabilité importante, c’est la clé d’accès au service public obligatoire, affirme François Bonneau. Nous avons pris le problème très en amont, il y a eu dans les budgets formation professionnelle des régions un effort particulier pour former les demandeurs d’emplois. Dans la région Centre-Val-de-Loire nous en avons formé 200 ». Dans les Hauts-de-France, la mobilisation générale organisée par la Région pour permettre de transporter gratuitement les 212.000 élèves sur le réseau de cars scolaires de la région a abouti à des résultats prometteurs, grâce à l’engagement des entreprises de transport. Celles-ci ont réussi à mobiliser des conducteurs affectés à d’autres activités, des mécaniciens, des cadres et employés de fonction support, mais aussi des jeunes retraités. En somme, tous ceux qui connaissent le métier et disposent des habilitations nécessaires pour assurer temporairement les circuits scolaires dans le respect des normes de sécurité. Le région Bretagne, après avoir lancé une campagne de recrutement dès janvier 2022, a mobilisé ses dispositifs de formation et financé l’obtention du titre professionnel de conducteur de transport en commun (140 parcours proposés en 2021 et 2022). Mais surtout, la région s’est engagée au début de l’été à revaloriser le salaire des conducteurs. Sur le long terme, les Régions sont conscientes qu’elles devront œuvrer à favoriser l’attractivité des métiers de conduite conjointement avec la profession.
La formation professionnelle
Réaffirmant l’engagement des régions pour assurer le meilleur service aux quelque 2,26 millions de lycéens, le président de la Région Centre-Val-de-Loire a pointé les dysfonctionnements générés par la réforme de l’enseignement professionnel. « Les régions sont très attachées à l’apprentissage et se félicitent de l’augmentation du nombre d’apprentis en France. Elles regrettent toutefois que la progression soit beaucoup plus forte dans l’enseignement supérieur qu’elle ne l’est sur l’enseignement professionnel. La réforme n’est pas équilibrée, elle a généré une augmentation considérable du nombre de centres de formation d’apprentis (CFA), donc une concurrence qui crée des surcoûts et sans réel pilotage public. Nous voulons que se développe certes l’apprentissage mais que se développent aussi les lycées professionnels » a-t-il déclaré. La solution selon lui passe par une meilleure synergie entre les deux systèmes mais aussi par un vrai pilotage de l’offre de formation professionnelle, une réhabilitation de l’image de la formation professionnelle, d’autant plus que nous assistons à une tension grandissante sur l’offre et le besoin de compétences. Sans oublier une orientation qui donne aux jeunes une véritable connaissance des métiers de demain. L’orientation sera l’un des sujets phares du congrès des régions qui se tiendra les 15 et 16 septembre prochains à Vichy (Allier). « L’orientation pour changer l’image des métiers, rapprocher la vision que peuvent en avoir les jeunes de la réalité, c’est un élément indispensable » insiste François Bonneau.