Le télétravail, un atout pour la fonction publique territoriale

Aucun doute : le télétravail a révolutionné la culture du travail dans la fonction publique. Alors que seuls 13 % des agents télétravaillaient avant la crise, la moitié des agents a été amenée à travailler à distance durant les confinements, en application de l’ordonnance du 17 février 2021 relative à la négociation et aux accords collectifs dans la fonction publique. Il s’agit du premier accord intervenu dans la fonction publique, en lien entre l’ex-ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, et les syndicats, publié au journal officiel du 3 avril 2022. L’objectif ? Sauvegarder, coûte que coûte, la continuité du service public dans les trois fonctions publiques.

UNE EXPÉRIENCE POSITIVE

Si les agents jugent très majoritairement (73 %) que leur organisation n’était pas prête à affronter le premier confinement (versus 52 % dans le privé)... et qu’elle ne l’était toujours pas pour le second confinement (51 % contre 40 % dans le privé), pour au- tant, ils tirent un bilan largement positif de cette expérience : deux tiers (67 %) ont bien vécu le second confine- ment d’un point de vue professionnel. Et pour cause : le travail à distance est synonyme de gain de temps pour 68 % d’entre eux, d’efficacité dans le travail personnel (67 %) et même de confort (69 %), des chiffres comparables à ceux des salariés privés. Seule une minorité d’agents jugent que le télétravail a été pour eux synonyme de « galère » (31%)et de «stress»(24%).

2020, ANNÉE ZÉRO DU TÉLÉTRAVAIL, ET APRÈS ?

Toujours selon l’enquête, 75 % agents interrogés souhaitent désormais transformer l’essai et 58 % d’entre eux au moins un jour par semaine. Pour autant, pas question d’abandonner son bureau. 81 % souhaitent y travailler la majorité de leur temps. Que dit alors la législation ?

L’agent ne peut être placé à 100 % de son activité en télétravail (sauf circonstances exceptionnelles), celui-ci pouvant aller jusqu’à 3 jours hebdomadaires. Il doit être prévu, pour les autres jours de la semaine, qu’il travaille en présentiel afin, notamment, de ne pas rompre le contact avec ses collègues et de contribuer au fonctionnement du service. Mais seuls les agents dont les fonctions sont compatibles, en distanciel, avec la bonne marche de leur service sont autorisés à télétravailler. Cette compatibilité doit être envisagée à l’aulne des activités de l’agent et non du poste occupé par celui-ci. Pour ce faire, l’employeur doit fournir au télétravailleur l’accès aux outils informatiques et numériques nécessaires à l’accomplissement de ses tâches. Cela signifie que l’ensemble des conditions matérielles doit être requis.

PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE

Pourtant, le télétravail n’est pas un long fleuve tranquille pour tous les agents publics. Avec le confinement, bon nombre d’entre eux ont découvert l’intrusion du travail dans leur sphère privée. Du coup, 58 % jugent que le télétravail rime avec « horaires étendus » et seuls 56 % pensent que le télétravail est synonyme de meilleur équilibre vie professionnelle / vie privée.

Si le travail à domicile a des bénéfices reconnus, comme de permettre de réduire les temps de trajets et dans le même temps son empreinte environnementale, mais aussi d’atténuer les inégalités entre les territoires, certains freins sont encore à lever. En effet, toujours selon le sondage, la culture du présentéisme est encore forte : 65 % des agents jugent que, dans leur organisation, « les gens restent au bureau pour montrer qu’ils travaillent ». 53 % estiment même que les personnes qui travaillent à distance « sont considérées comme des planqués » (7 points de plus que dans le privé).

Mais c’est l’inadaptation des outils qui reste le premier facteur rendant difficile le développement de cette organisation du travail alors que ce frein arrive seulement en troisième position dans le privé. En effet, la moitié des agents estime que les outils fournis ne sont pas adaptés au télétravail et moins d’un agent sur deux déclare avoir facilement accès à ses documents à distance.
Et pourtant, le besoin d’outils de travail collaboratif est flagrant : 92 % des agents du public pensent que pour chaque projet mené en équipe, les gens qui y collaborent devraient avoir accès en ligne à l’ensemble des documents. D’ailleurs, les agents qui ont le mieux supporté le confinement sont ceux qui évoluaient déjà dans une équipe cultivant le travail ouvert avec plus de transparence (71 % des agents ont « bien vécu cette période de confinement d’un point de vue professionnel »), un esprit d’équipe et une confiance réciproque. Mais preuve que les mentalités changent et que les clichés tombent, 74 % (versus 75% dans le privé) jugent, à des niveaux comparables et parfois supérieurs à ceux du privé, que leur organisation promeut le travail en équipe, la confiance (78 % des agents de la fonction publique d’État estiment que la confiance règne entre collègues vs. 77 % dans le privé) et dans un degré moindre, la transparence (68 % vs. 75 % dans le privé). Alors que les échanges par visio-conférence, tchat, messagerie, se multiplient depuis le confinement, se pose la question de la confiance numérique, sujet particulièrement sensible s’agissant de données publiques.

Danièle Licata

 

 

75% des administrateurs territoriaux pensent que le télétravail favorise le bien-être au travail

Quel a été l'impact du Covid et du télétravail sur les pratiques managériales au sein de la fonction publique territoriale ? L'Association des administrateurs territoriaux présente les résultats d’une étude menée auprès de ses membres et réalisée dans la continuité de son RETEX sur l’adaptation des collectivités face à la crise sanitaire.

La crise sanitaire a provoqué chez 75% des administrateurs territoriaux un changement radical de la perception du télétravail selon cette étude menée par l’Association des administrateurs territoriaux (AATF) deux ans après le début de la crise sanitaire. « Jusqu’alors mis en place de façon marginale, le télétravail a connu une généralisation contrainte qui s’est heurtée à une forme d’impréparation, se traduisant par un manque d’équipements adaptés, un cadre légal insuffisamment formalisé, ainsi qu’un déficit global de formation aux risques potentiels induits par le travail à distance » note le document. Néanmoins, après deux ans de restrictions sanitaires, ce nouveau mode de travail s’est durablement installé dans le fonctionnement des collectivités. Ainsi, plus de 92% des collectivités des personnes interrogées ont engagé des négociations avec les organisations syndicales sur le sujet, et 75% des répondants considèrent que la facilitation du télétravail doit faire partie des orientations stratégiques de leur collectivité.

Des enjeux managériaux

L’étude indique que les hauts fonctionnaires territoriaux semblent percevoir le télétravail comme un processus globalement positif. En effet, 62,5% d’entre-eux le considèrent comme une opportunité intéressante financièrement parlant, 75% pensent que le télétravail favorise le bien-être au travail, et 95,8% estiment qu’il est bénéfique pour l’environnement. Cependant ils estiment que l’avènement de ces nouvelles modalités soulève également d’importants enjeux managériaux. Les membres de l'AATF expriment à travers cette enquête leur attachement au vivre-ensemble, et témoignent de leur volonté de ne pas créer d'iniquité entre agents, alors que seules 43% des missions sont considérées comme télétravaillables.

2020, année zéro du télétravail

Alors que seuls 13% des agents télétravaillaient avant la crise sanitaire, la moitié d’entre-eux a été amenée à travailler à distance durant les confinements. Quels enseignements tirent-ils de cette expérience ? Quels sont les freins ? Quelles sont les pistes pour démocratiser le travail à distance ? C’est à ces questions que tente de répondre Le « Baromètre Wimi-Ipsos du Travail Ouvert », la première étude consacrée au télétravail dans la sphère publique réalisée durant le second confinement auprès d’un échantillon représentatif de 500 actifs du secteur public. Explications.

« Alors que seuls 13 % des agents télétravaillaient avant la crise, le moitié des agents ont été amenés à travailler à distance durant la crise. Et c’est à marche forcée que le service public a bouleversé ses modes de travail. Une révolution qui s’est faite sans filet et pourtant globalement, avec les moyens du bord, ça a marché ! » résume Antoine Duboscq fondateur de Wimi qui conçoit des solutions collaboratives en ligne.

Presque un an plus tard, quels enseignements peut-on tirer de cette année 2020 ? Une simple parenthèse ou déjà une révolution en marche ? Pour François Cochet, directeur des activités santé au travail du cabinet Secafi, qui vient de publier le guide des risques psychosociaux dans la fonction publique, « il y a aura un avant et un après la crise de la Covis-19 ».

Pas préparés au choc

Selon le sondage, les agents jugent, pourtant, très majoritairement (73 %) que leur organisation n’était pas prête à affronter le premier confinement et ils étaient encore une majorité à penser qu’elle ne l’était toujours pas pour le second confinement cet automne (51 %). Du stress du télétravailleur surchargé à la limite du burn-out, ne parvenant pas à séparer vie personnelle et vie professionnelle, aux agents fatigués par des heures de réunions en ligne, en passant par les naufragés à domicile, privés de directives claires ou d’interactions avec leur managers, au point de se sentir inutile… quelle qu’en soit la cause, le travail à domicile a plongé des milliers d’agents dans le stress, voire pour certains dans la détresse.

« Beaucoup d’agents ont découvert l’intrusion du travail dans leur sphère intime. 58 % jugent que le télétravail rime avec « horaires étendus » et seuls 56 % pensent que le télétravail est synonyme de meilleur équilibre vie professionnelle / vie privée » décrypte Antoine Duboscq.

Et pour autant les agents tirent un bilan largement positif de cette expérience : deux tiers (67%) ont bien vécu le second confinement d’un point de vue professionnel. Le télétravail est synonyme de gain de temps pour 68% d’entre eux, d'efficacité dans le travail personnel (67%) et même de confort (69%), des chiffres comparables à ceux des salariés privés. Seule une minorité d’agents jugent que le télétravail a été pour eux synonyme de « galère » (31%) et de « stress » (24%).

Toute la question est de savoir pourquoi ils plébiscitent le travail à domicile » riposte François Cochet, qui selon lui, « au delà des raisons sanitaires et de la réduction du temps de transport, les facteurs positifs mis en avant par les sondés, sont souvent le miroir des difficultés rencontrées lorsque le travail s’effectue en présentiel : temps de transport trop long, manque d’autonomie, réunions à rallonge ». Et de poursuivre : quoiqu’il en soit, si le confinement a précipité bon nombre de services publics dans des plans de continuation d’activité improvisés, le moyen terme imposera des ajustements car le télétravail à 100 % n’est pas la norme ». En d’autres termes, lorsque que la crise sanitaire sera éradiquée, il faut revenir à un télétravail négocié, car selon les agents interrogés, 59 % pronostiquent déjà que « demain il y aura davantage de travail à distance » dans leur organisation et que « l’organisation du travail sera durablement impactée par la crise ».

Des freins à lever

Confiance : dans les organisations où la hiérarchie fait confiance aux collaborateurs, 70% des agents ont « bien vécu cette période de confinement d’un point de vue professionnel » : c’est 8 points de plus par rapport aux organisations où la hiérarchie ne fait pas confiance aux collaborateurs.

Danièle Licata

Le télétravail dans la fonction publique : l’essayer c’est l’adopter

Selon un sondage Ipsos réalisé pendant le second confinement pour Wini, éditeur de logiciels, les agents publics plébiscitent le télétravail mis en place à marche forcée par les administrations publiques lors du premier confinement. Si une grande majorité souhaite démocratiser, au-delà de la crise sanitaire, le travail à distance, la moitié des sondés veulent le limiter à une seule journée par semaine.

Le Covid va-t-il bouleverser l’organisation et la culture de travail dans la fonction publique plus profondément que des décennies de réformes de l’Etat ? C’est à cette question que le premier Baromètre « Wimi-Ipsos du Travail Ouvert » consacré au télétravail dans la sphère publique, tente de répondre. Alors que seuls 13% des agents télétravaillaient avant la crise, la moitié des agents ont été amenés à travailler à distance pendant les confinements. Force est de constater que 2020 a déclenché une révolution à marche forcée dans l’organisation du travail dans la fonction publique. Quel bilan alors en tirer ? « Gain de temps, efficacité dans le travail personnel, et confort sont les principaux enseignements de cette nouvelle forme d’organisation du travail » constate Antoine Duboscq, Président de Wimi, éditeur de logiciels. Plus précisément, deux tiers des sondés (67% des 1 000 actifs interrogés dont 500 dans le secteur privé et 500 dans le secteur public) ont bien vécu le second confinement d’un point de vue professionnel, car le télétravail est synonyme de gain de temps (68%) et d’efficacité dans le travail personnel (67%). Du coup, très marginal avant la crise sanitaire, le télétravail est appelé à se généraliser car d’ores et déjà trois quarts des agents (75%) déclarent vouloir télétravailler et 58% au moins un jour par semaine, même si le travail à distance n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

Des freins encore à surmonter

En effet, le manque d’outils adaptés (logiciels notamment) est le premier frein dans le déploiement du télétravail dans la fonction publique. Un agent sur deux (51%) ne peut pas accéder à ses documents à distance. Par ailleurs, la moitié des sondés exprime une méfiance dans les logiciels américains en matière de protection des données professionnelles (51 %) souvent utilisés. Avec le confinement beaucoup d’agents ont néanmoins découvert aussi l’intrusion du travail dans leur sphère intime. 58 % jugent que le télétravail rime avec « horaires étendus » et seuls 56 % pensent que le télétravail est synonyme de meilleur équilibre vie professionnelle / vie privée.