Numérique, changement climatique, protection sociale …Les Français conscients des enjeux mais peu enclins à agir
Des français conscients de tout mais prêts à rien. C’est ce que montre le sondage OpinionWay pour l’INSEEC U. et Printemps de l’économie paru le 7 octobre 2021, une enquête qui dresse un portrait du rapport des Français à la souveraineté.
« Plus que jamais on sent poindre dans l'opinion les limites structurelles de notre modèle de développement, des limites qui se traduisent de façon de plus en plus marquée par l'accroissement des inégalités, par une ultrafinanciarisation de l'économie, par des questionnements très forts sur la mobilité, à la fois celle des hommes mais aussi du capital et aussi des interrogations encore plus fortes sur la soutenabilité environnementale de nos modes de vie et nos modes de développement» explique Pierre-Pascal BOULANGER, Président-fondateur du Printemps de l’économie qui se tiendra à Paris du 12 au 15 octobre 2021. Ces questionnements nous indiquent que le moment est peut-être propice pour bifurquer et mettre en oeuvre des réformes structurelles qui permettent réellement de tourner la page progressivement d'un ancien modèle et commencer à écrire les chapitres suivants d'une nouvelle forme de développement. Si les Français sont conscients des grands enjeux contemporains, qu’ils soient économiques, sanitaires, numériques ou environnementaux, il semblerait qu’ils soient peu enclins à agir pour corriger les tendances qu’ils mettent eux même en lumière. C’est bien le principal enseignement de cette étude.
Enjeux climatiques et protection sociale : deux exemples significatifs
La question climatique notamment cristallise cette ambivalence de l’opinion publique. Les Français sont concernés par le réchauffement climatique mais peu enclins à payer le prix d’une réduction des émissions de CO2. Pour un Français sur deux (50%), la fiscalité est ainsi un mauvais moyen pour réduire les émissions de CO2 en France, rejetant ainsi l’idée d’une taxe carbone par exemple. De même, les Français rejettent l’idée d’une hausse des cotisations sociales et une augmentation des dépenses publiques, même si ces dernières sont corrélées à davantage de prestations sociales. Ainsi, 62% des Français se déclarent défavorables à une augmentation du niveau de protection sociale (revenu universel, RSA jeune etc). Il ressort sur ces sujets une dichotomie générationnelle où certains positionnements minoritaires à l’échelle de la société française, s’avèrent plus répandus chez les jeunes adultes. C’est le cas en matière fiscale où 72% des 18-24 ans estiment que la fiscalité est un bon moyen pour réduire les émissions de CO2 (contre 49% tout âge confondu) ; ou concernant l’augmentation du niveau de protection sociale plébiscitée par 59% des 18-24 ans, contre 37% à l’échelle de la société.
Des Français davantage favorables à des mesures réglementaires
Les Français refusent de payer eux-mêmes le prix de l’action et réclament davantage de régulation de la part de l’Etat. « Ce positionnement est l’expression du besoin d’un cadre normatif encadrant les mutations de la société, mais seulement tant que le prix à payer n’est pas perçu comme pesant sur les finances personnelles » décryptent les auteurs de l’étude. Par exemple, en matière d’économie numérique et de protection sociale, une grande majorité (79%) des Français désire que l’Etat intervienne pour imposer le statut de salarié aux travailleurs des plateformes de livraison. Toujours en matière numérique, les Français estiment que l’Etat doit légitimement intervenir pour protéger les données personnelles mais sans pour autant démanteler les géants du numérique. En effet, 58% des Français ne souhaitent pas démanteler les GAFAM, illustrant un attachement de la population aux services numériques offerts par ces géants. La demande de régulation s’observe également en matière fiscale puisque 52% des Français sont favorables à ce que les firmes multinationales aient un taux d’imposition supérieur à celui actuellement négocié comme taux minimum par 130 pays (15%).
« Les Français estiment donc que le renforcement de l’intervention de l’Etat doit se faire par des voies réglementaires, ce qui exprime l’adhésion à l’idée d’une souveraineté nationale retrouvée, mais dans les limites étroites de décisions qui ne pèsent pas sur leur pouvoir d’achat » conclut l’étude.