Alpes-Maritimes : les déchets plastiques recyclés en carburant

Préserver son environnement d’exception est un enjeu vital pour ce département qui a choisi d’apporter son soutien à un projet innovant : une machine permettant de traiter la pollution en amont en valorisant les déchets plastiques.

Depuis l’été 2020, deux bennes à ordures ménagères de la communauté de communes Alpes d’Azur fonctionnent avec 10 % d’un carburant fabriqué à partir de déchets plastiques. Et ce n’est que le début d’une aventure puisque l’objectif, à terme, serait d’incorporer jusqu’à 40 % de ce carburant dans un plus grand nombre de véhicules. Cette initiative soutenue dès l’origine par l’association Earthwake et le département est l’œuvre d’un enfant du pays, Christofer Costes, qui a mis au point la Chrysalis, une machine capable de transformer le polyéthylène (PE) et le polypropylène (PP) en source d’énergie. Broyés, chauffés à 450 °C puis distillés, 40 kg de plastiques permettent actuellement la production de 40 l de carburant. Une aubaine pour le département des Alpes-Maritimes qui a investi 50 000 euros pour soutenir la construction d’une première ma chine capable d’absorber 3,5 kg de plastiques par jour. Une rallonge de 80 000 euros, un an et demi plus tard, aura permis une montée en gamme. Un second modèle, plus performant traite à présent jusqu’à 300 kg de plastiques par jour. « Des compléments financiers ont permis l’achat d’une machine à broyer, de pompes et d’une citerne pour stocker le carburant », précise le président de la communauté de communes Charles-Ange, Ginésy, également président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, estimant que « c’est la vocation des aides financières des collectivités de donner une subvention pour pousser la recherche, l’invention et l’innovation pour ainsi passer au stade de la productivité ».

UN PROJET COLLECTIF

Vient alors l’étape la plus longue, celle des autorisations de l’État. Si la démarche se révèle fastidieuse, le savoir-faire de l’association Earthwake et l’image de son président, l’acteur Samuel Le Bihan, ont permis d’obtenir la garantie des ministères de l’Industrie et de l’Écologie solidaire de pouvoir utiliser ce gazole après vérification de ses qualités techniques. Pour conduire ce projet, une dynamique de territoire est initiée avec la communauté de communes Alpes-Azur en charge de la gestion des ordures ménagères et des encombrants et la commune de Puget-Théniers qui accueille la Chrysalis dans un local municipal et mobilise ses habitants, des acteurs essentiels de ce projet écocitoyen, en triant leurs déchets plastiques et en les déposant dans

les conteneurs spécifiques mis à disposition dans la commune. « Le coût réel de l’économie que nous réalisons c’est la dépollution de nos territoires», affirme le président qui souhaite « partager cette initiative avec tous ceux et celles qui veulent s’approprier cette affaire pour ramasser les plastiques sur leur territoire ». Le défi consiste désormais à passer au stade industriel de la production de machines, avec la création d’emplois à la clé ainsi qu’une meilleure organisation du tri sélectif et de la collecte des plastiques. « Nous initions un modèle qui ne va laisser aucun plastique sur le territoire. Ça n’a pas de prix », exprime fièrement le président.

Brune Poirson veut lancer la consigne des bouteilles plastiques

La secrétaire d’Etat à la Transition écologique, Brune Poirson, a réuni aujourd’hui à Strasbourg des élus, des ONG, des représentants des fabricants de produit afin de lancer un comité de pilotage qui aura vocation à explorer les conditions et les modalités de mise en œuvre de la consigne en France. Une première réunion très « constructive », selon la sécrétaire d’Etat, qui aura permis à chacun de partager son enthousiasme et parfois ses craintes. « J’ai réaffirmé l’ambition et la ligne rouge fixés par le Premier ministre pour cette concertation. La ligne rouge d’abord, aucune collectivité ne sera lésée. L’ambition ensuite, nous devrons atteindre 90% de collecte en 2029 quand nous ne collectons aujourd’hui même pas 6 bouteilles en plastique sur dix. Au travail ! » a-t-elle déclaré. Les premières conclusions sont attendues mi-septembre afin d’enrichir le débat parlementaire à venir sur le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire qui comprendra une disposition pour autoriser le principe de la consigne sur le territoire.