Des mesures renforcées pour la sécurité des cathédrales

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris le 15 avril 2019 a suscité une forte émotion en France et partout dans le monde. A travers le plan « sécurité des cathédrales » initié en 2019, le ministère de la Culture s’est engagé pour la sécurité des 87 monuments appartenant à l’Etat et des œuvres qu’ils abritent. De nouvelles actions sont programmées.

Le ministère de la Culture mobilise 52 M€ en 2023 pour porter une nouvelle étape de restauration et de sécurisation renforcée des cathédrales. Au sein de ce budget, 40 M€ seront consacrés aux travaux de restauration des cathédrales et 12 M€ pour la sécurité incendie. Prenant appui sur les retours de terrain, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a annoncé de nouvelles actions. Ainsi, l’installation de caméras thermiques sera généralisée pour la détection de zones de chaleur avant l’apparition des fumées d’incendies, des dispositifs seront mis en place – télésurveillance, rondes de contrôle, détection incendie spécifique -afin d’améliorer la sécurité pendant la période de travaux et les installations électriques à risques, non nécessaires à la conservation ou au fonctionnement des cathédrales seront tout simplement supprimées. Pour la ministre, le renforcement du plan « sécurité cathédrales » passe également par l’approfondissement des audits de sécurité et sûreté, sur le modèle des audits complets réalisés en Auvergne-Rhône-Alpes, en Occitanie et en Ile-de-France. Enfin, des experts externes, auprès des DRAC, accompagneront les Architectes des bâtiments de France dans leur rôle de responsable unique de sécurité à raison de deux jours et demi par mois pour chaque cathédrale.

Depuis 2020, des travaux d’envergure ont été engagés pour la restauration des cathédrales françaises. Ce sont plus de 167 M€ qui leur ont été consacrés en 2021 et 2022, dont 25 M€ pour leur sécurisation. Des efforts qui se traduisent concrètement à Orléans, Rodez, au Puy-en-Velay ou encore à Dijon où d’importantes campagnes de travaux se terminent. Par ailleurs, l’évacuation et la protection des œuvres en cas de sinistre sont aujourd’hui facilitées grâce à la formalisation de 66 plans de sauvegarde des bien culturels (PSBC) contre 13 en 2019. Quant au nombre de visites dans les cathédrales des conseillers sécurité-sûreté su ministère de la Culture, il a pratiquement doublé de 2020 à 2022.

La cour des Comptes pointe la fragilité de la politique du patrimoine

La dépense publique totale consacrée à la sauvegarde du patrimoine monumental n’a cessé d’augmenter ces dernières années pour atteindre 2 milliards d’euros en 2021. Mais un quart des monuments historiques reste pourtant dans un état préoccupant, avertit la Cour des comptes dans un récent rapport.

L’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, en avril 2019, puis celui qui a touché celle de Nantes, en juillet 2020, ont révélé l’état dégradé de bon nombre de monuments nationaux. Face à l’émotion collective, Emmanuel Macron a fait de la protection des sites patrimoniaux une des priorités de son action culturelle lors de son premier mandat. Résultat : avec la « Mission Patrimoine » confiée à Stéphane Bern, plus de 600 monuments ont été restaurés, financés en partie par le Loto et les 600 millions d’euros du plan de relance dans le cadre de la crise sanitaire. Hélas, une goutte d’eau, face aux 44500 édifices recensés dont 35 % de manoirs et châteaux et 41 % d’architecture religieuse, de toutes les époques, couverts par le régime des monuments historiques, aux- quels s’ajoutent en réalité plusieurs centaines de milliers d’édifices et d’espaces environnementaux qui sont protégés au titre des abords des monuments historiques ou des sites. Or, « près d’un quart des monuments historiques français est dans un état préoccupant » s’alarment les magistrats financiers de la Cour des comptes dans un récent rapport sur la politique de l’État en faveur du patrimoine monumental.
Pourtant en 2021, ce ne sont pas moins de 2 milliards d’euros qui ont été dépensés essentiellement pour conserver le patrimoine, contre 1,3 milliard avant la crise sanitaire, à peu près à parts égales entre l’État (480 millions de dépenses budgétaires et 115 millions de dépenses fiscales) et les collectivités locales (environ 660 millions, dont environ 310 millions au niveau communal, 243 pour les départements et 110 pour les régions). L’État ayant fortement augmenté ses crédits en sortie de crise sanitaire pour les allouer « à de grands travaux, principalement sur des monuments de premier plan, ou inscrits dans le plan de relance », précisent les « sages de la rue de Cambon à Paris ».

DES RÉFORMES SANS RÉSULTAT
Ces chiffres sont tous des estimations avertit la Cour des comptes qui regrette le manque d’informations, car « visiblement, même au niveau de l’État, hors crédits du ministère de la Culture, on n’a pas vraiment de vue d’ensemble, notamment s’agissant du montant des aides de l’État dont bénéficient les collectivités territoriales au titre du patrimoine local ». Quant aux dépenses des collectivités elles-mêmes, leur estimation « est encore plus imprécise ».
Déjà le « bilan sanitaire » des monuments historiques réalisé en 2018 avait pointé l’état « préoccupant » pour près d’un quart d’entre eux. Or pour les « Sages », les objectifs visés de hausse des opérations de conservation du patrimoine, en dépit des réformes successives (2004, 2005, 2009 et 2016), n’ont vraisemblablement pas été atteints en dépit des mannes financières « importantes et constantes ». Ils pointent notamment une désorganisation au niveau des collectivités territoriales depuis que la maîtrise d’ouvrage est confiée aux pro- priétaires (collectivités territoriales ou propriétaires privés) mais également des carences en matière de maîtrise d’ouvrage de la part des propriétaires que les services de l’État (directions régionales des affaires culturelles – DRAC –, services déconcentrés) sont amenés à compenser. À cela vient s’ajouter une mauvaise répartition territoriale des architectes avec un niveau tech- nique « hétérogène » alors que de nombreux départs à la retraite sont à venir dans les corps techniques de l’État (conservateurs, architectes, ingénieurs, techniciens...). Tout cela fait que « l’exercice des protections des monuments et des sites reste pointilliste, au détriment d’une démarche globale de mise en va- leur ». La politique du patrimoine « laisse trop peu de place à une approche intégrée passant par le conseil aux collectivités et la concertation avec les acteurs locaux », alors même qu’une telle approche serait « essentielle pour des petites et moyennes villes anciennes dotées d’un patrimoine remarquable mais confrontées à de réelles difficultés économiques et sociales » déplore la Cour des comptes.

QUELLES PISTES D’AMÉLIORATION ?

Les recommandations de « la rue de Cambon » pour la préservation du patrimoine portent sur quatre thèmes : La dépense publique, avec notamment une harmonisation des conditions des aides de la DRAC et un traçage plus précis des besoins des collectivités ter- ritoriales. La protection des monuments historiques, avec la création d’un « carnet sanitaire » pour chaque édifice.La conservation et la mise en valeur des monuments, avec un renforcement de la mission de soutien des architectes des bâtiments de France auprès des maîtres d’ouvrage. La fiscalité, avec l’appel à un travail interministériel d’évaluation des dispositifs fiscaux applicables aux monuments historiques.

Danièle Licata

 

Patrimoine : une collecte de dons pour les communes sinistrées par la tempête Alex

La Fondation du Patrimoine lance un appel national à la générosité publique afin de venir en aide aux communes de la Vallée de la Roya, de la Vésubie et du Haut-Pays, dans le département des Alpes-Maritimes, dévastées par la tempête Alex à l’automne 2020.« Le démarrage rapide des travaux, au-delà du message d’espoir porté vers toute une population, représente un enjeu économique majeur. Il permettra de donner du travail aux artisans locaux, aux métiers d’art, et aux entreprises spécialisées dans la restauration du patrimoine » explique-t-on à la Fondation du Patrimoine. Si le patrimoine historique, dont le patrimoine religieux, a apparemment résisté - aucun monument n’a été emporté - les 500 mm de pluie ont gravement endommagé les toitures d’édifices déjà vulnérables par le poids des siècles. L’eau est entrée à l’intérieur des édifices, et a entrainé des dommages annonciateurs d’une prochaine et rapide dégradation (fissures, décroutages, affaissements, etc.). Or selon Fondation du Patrimoine « il s’agit pour une grande partie d’un patrimoine remarquable par ses caractéristiques et sa rareté : de style « baroque ligure », on ne le trouve que dans cette partie de la France ».

Un partenariat pour la préservation du patrimoine et la revitalisation des cœurs de villes

Le Cerema et l’association Sites et Cités remarquable de France ont signé le 16 mai 2019 à Figeac une convention de partenariat pour un programme d’actions commun pour la préservation du patrimoine. Il concernera notamment la réhabilitation du bâti ancien par le soutien au Centre de ressources pour la réhabilitation du bâti ancien (CREBA), la promotion des matériaux bio-sourcés et la réhabilitation énergétique des bâtiments anciens, et enfin, la revitalisation des centres villes et centres bourgs.

Le Grand Est s’engage pour la rénovation du patrimoine

C’est l’un des partenariats les plus importants, après celui conclu avec le conseil régional des Hauts-de-France (environ 2,5 millions d’euros en 2018) qui a été signé le 10 avril dernier entre la Fondation du patrimoine et la région Grand Est. Le budget : 1,5 million d'euros. La région confirme ainsi son engagement pour la valorisation de son patrimoine et la reconnaissance des trois délégations régionales concernées du réseau territorial de la Fondation du patrimoine (Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine). « L’un des atouts de notre région, c’est la diversité de son patrimoine historique et culturel. Fort de cette richesse, le Grand Est peut s’appuyer sur son histoire pour en faire un vecteur d’attractivité des territoires. C’est le rôle de notre politique régionale», ont déclaré Jean Rottner, président de la Région Grand Est, et Pascal Mangin, président de la Commission Culture. Cette convention de partenariat permettra d’assurer la transmission du patrimoine culturel aux générations futures, de développer l’offre touristique du Grand Est, d’encourager la transmission des métiers et savoir-faire, de créer des emplois grâce à la mise en place de formations spécialisées et de projets de restauration, de recherches et de valorisation. Elle mobilisera également le mécénat populaire de proximité en faveur du patrimoine bâti.