A l’aune du renouvellement des instances régionales, et alors que la SNCF souhaite remettre les réseaux régionaux au coeur de ses priorités, il semblerait que le projet de Réseau Express Grand Lille revienne sur le devant de la scène. Sylvain Robert, Président de la Communauté d'agglomération de Lens-Liévin & Maire de Lens ne peux en être indifférent.
La crise sanitaire mondiale et l’impact de l’évolution négative des gaz à effet de serre, les multiples pollutions et saturations de rocades et voiries nous poussent à revoir l’ensemble de nos manières de vivre, de consommer, de travailler, de se déplacer. Les transports sont en effet une des principales préoccupations de nos concitoyens. Notre société n’accepte plus, aujourd’hui, la multiplication des encombrements et leur cortège de pollution, de stress et de temps perdu. Il s’agit surtout d’un facteur de mixité sociale, de développement durable et d’attractivité économique et qui favorise également un aménagement équilibré du territoire et renforce la cohésion sociale.
Dois-je rappeler que notre territoire souffre d’un véritable handicap en matière de transport ?
L’encombrement des axes majeurs d’accès, comme le retard considérable des infrastructures, font des difficultés de déplacement un immense défi à relever. Il nous faut trouver des solutions alternatives aux déplacements routiers, grâce à des politiques réalistes, efficaces, économes en énergie et en consommation d’espace intégrant en cela le besoin du redéveloppement du Fret Ferroviaire, celles que nos concitoyens sont en droit d’attendre.
De nouveau, j’insiste pour que ce projet de Réseau Express Grand Lille s’inscrive pleinement dans cette volonté et qu’il est vital pour notre territoire. Pourquoi ? Parce que le réseau autoroutier et routier est dans un état d’asphyxie dépassé. Parce que les infrastructures ferroviaires actuelles ont des capacités d’optimisation saturées en 2030 provoquées par la réduction des moyens humains de SNCF Réseau sur le terrain.
Cela est d’autant plus vrai que la refonte de la grille TER n’a pas pris en considération ces éléments en rallongeant de fait les temps de trajets ou en supprimant, de façon contradictoire avec les besoins de développement des transports collectifs, des arrêts de trains voire des trains et des correspondances utiles au quotidien.
La mobilité des biens et des personnes est un élément vital au sein de l’aire métropolitaine et les flux ont naturellement tendance à accroître dans les deux sens. La renaissance économique du Lensois, son attractivité économique, touristique (dopée par le Louvre-Lens) se nourrit du Bassin Lillois et réciproquement.
Le RER par la démultiplication de l’offre ferroviaire, tant au niveau de sa capacité, que de sa fréquence et de ses cadencements, est l’une des chances visionnaire pour notre territoire.
Quelles perspectives fabuleuses pour notre population de pouvoir demain rallier Lille bien sûr, dans des conditions maximum de rapidité et de confort, mais aussi Roubaix, Tourcoing, Tournai, Courtrai, Armentières, ... sans rupture de charge.
Perspectives pour les salariés, pour les étudiants, pour la population en général et pour les consommateurs qui voient leur zone de chalandise, plus large, plus proche car plus accessible.
Mais aussi quelle opportunité pour notre bassin d’emploi, de consommation, d’attractivité culturelle, touristique, économique, d’être plus rapidement accessible grâce à ce futur R.E.R. Il est donc de notre responsabilité de renforcer cette dynamique, tout en préservant la qualité et la proximité des services rendus à ses habitantes et habitants.
Il y a également un point sur lequel nous ne pouvons faire fi : la progression constatée depuis plus d’une décennie des flux entre Métropole et Bassin Minier contribuant à asphyxier l’autoroute A1, et qui doit nous conduire à approfondir le projet d’un réseau ferroviaire performant doté d’un site propre. Il permettra de créer un nouvel axe structurant ferroviaire capable d’élargir ces flux qui ne feront que croître au-delà de 2030 permettant ainsi de libérer en partie une place prépondérante dans ces développements au Fret Ferroviaire qui mérite lui aussi de se reconstruire et de faire l’objet d’investissements attractifs pour notre région et dans notre bassin d’emplois.
Parallèlement, cette réflexion autour du REGL se doit d’être couplée avec la modernisation des lignes TER en améliorant leur fiabilité et leur capacité (suppression de passages à niveau, création de voies supplémentaires et réouverture de gare pour permettre les dépassements de train TER et Fret, etc…). Sans occulter la question de la gare Lille Flandres dont on la sait saturée aux heures de pointe et qui constitue un frein à l’amélioration du niveau de service.
La réflexion autour de ce projet de REGL me pousse également à dire clairement que si le coeur de la Métropole Lilloise bat trop lentement, celui des territoires s’arrêtera ! Cette fonction métropolitaine que l’on retrouve à Grenoble, à Lyon, à Bordeaux, à Nantes, ce mariage entre la recherche, l’innovation, les entreprises, les territoires, les élus, les habitants, tire la région vers le haut et lui donne les moyens d’affronter la compétition européenne et mondiale avec succès.
Les investisseurs européens et internationaux choisissent et viennent s’installer davantage à Lille, dans cette métropole européenne. C’est indéniable. Comme depuis dix ans, ils font le choix de s’intéresser aussi à l’Artois et à notre pole métropolitain en pleine reconversion.
C’est pourquoi, il me semble nécessaire, voir vital, que dans le débat qui animera nos concitoyens ces prochaines semaines, soit inclut dans tous ces éléments. Que toutes et tous puissent défendre les objectifs suivants :
1- Mettre ce projet en priorité n°1 dans le Plan de Relance en Hauts-de-France.
2- Donner un calendrier crédible et ambitieux à ce projet.
3- Mettre notre territoire autour de la table de discussion pour son élaboration.
4- L’inscrire dans un projet plus large de maillage ferroviaire de notre territoire intégrant le Fret ferroviaire, économe en CO2 et contribuant à la réduction non négligeable des camions.
5- Et ainsi accroître notre attractivité autour d’une métropole rayonnante.
J’ai un attachement tout particulier au développement de la mobilité durable dans le territoire de l’agglomération de Lens-Liévin qui doit permettre l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des concitoyens.
Conscients de ces enjeux, j’estime que nous devons avoir cette exigence d’établir cette armature vitale. C’est un dossier absolument majeur pour l’avenir d’un territoire au coeur de la grande région. Nous sommes en 2021. Et peu à peu l’asphyxie continue, s’aggrave compromettant encore chaque jour un peu plus notre développement et pénalisant des millions de travailleurs.