La Roche-sur-Yon engagée pour la préservation de la biodiversité
Restaurer les continuités écologiques, le maillage bocager ainsi que la qualité de l’eau des cours d’eau, c’est le pari de la ville qui implique, dans son action, tout un écosystème de partenaires locaux. Ensemble, ils œuvrent au quotidien sur les questions de biodiversité. À ce titre, La Roche-sur-Yon devient la 10e capitale française de la biodiversité.
Dans cette ville caractérisée par un vaste patrimoine agricole et naturel qui occupe les 2/3 de sa superficie, œuvrer pour la préservation de la biodiversité s’est imposée comme une évidence. « De l’obligation de cartographier dans notre PLU les trames vertes et bleues, sont nées d’une interrogation sur l’état de la biodiversité sur notre territoire. Nous avons engagé en 2016 un travail d’état des lieux avec la création d’un observatoire », explique Anne Aubin-Sicard, adjointe au maire en charge de la transition écologique et de l’environnement. Naît alors une démarche stratégique conduisant à bâtir un écosystème autour de la biodiversité qui permet à la ville de remporter le titre de capitale française 2021 de la biodiversité, un concours organisé depuis dix ans par l’Office français de la biodiversité pour valoriser et diffuser les bonnes pratiques des communes et intercommunalités françaises en faveur de la biodiversité. C’est la qualité du travail mené autour de la restauration de la continuité écologique de l’Yon, principal cours d’eau de la ville, qui a valu à La-Roche-sur-Yon d’être distinguée. « Ce cours d’eau était concerné par l’application de la directive-cadre sur l’eau avec l’obligation d’en rétablir la continuité écologique. Avec les années, un certain nombre d’ouvrages y avaient été construits et entravaient la libre circulation pisicole et sédimentaire. Petit à petit, nous avons éliminé ces obstacles et constaté une amélioration de la qualité de l’eau ainsi qu’un retour très favorable de la biodiversité », poursuit l’adjointe au maire. Ces ouvrages présentaient un autre inconvénient : ils agissent indirectement sur la température de l’eau, favorisant l’eutrophisation des rivières ainsi que le développement d’espèces envahissantes. C’est en amont de la zone urbaine, sur un plan d’eau d’un hectare et demi que les premières actions sont menées. « Nous avions comptabilisé 111 obstacles à l’aval du plan d’eau qui en se détériorant ont abîmé les berges. En les effaçant, la rivière a repris progressivement sa place, la matière organique s’est minéralisée et rapidement la végétation s’est développée », se réjouit Raphaël Bedhomme, chef de projet paysage et biodiversité. Il y avait un réel intérêt à agir d’au- tant plus que le principe même de ces obstacles vient modifier la perception du fonctionnement naturel de la rivière. Toutes ces années, nous avions une lecture fausse des débits et des gabarits sur notre territoire d’intervention. » À l’échelle de la zone urbaine, ce sont quinze ouvrages qui ont été démantelés permettant à l’Yon de gagner 6 km de libre circulation. Des mares ainsi qu’une frayère à brochets ont également été créées en annexe du cours d’eau. Coût des travaux : environ 350000€ TTC,le tout financé à 73% par l’agence de l’eau Loire-Bretagne.
En l’espace de trois ans, l’effacement d’ouvrages a permis une redistribution des populations piscicoles et surtout le retour des espèces les plus adaptées au milieu. « Les perches-soleil et les poissons-chats ont presque disparu au profit d’autres espèces adaptées aux milieux à écoulement naturel comme les gou- geons. L’intérêt, in fine, c’est d’avoir une qualité des masses d’eau qui s’améliore avec des têtes de bassin-versant en bon état écologique et des milieux plus propices à l’expression de la biodiversité. Nos actions démontrent bien la complémentarité entre les trames vertes et bleues », détaille le chef de projet.
EXPLIQUER L’ACTION MUNICIPALE
«Devenir capitale française de la biodiversité est une belle récompense pour les élus et pour les services, mais c’est aussi une source de motivation pour aller encore plus loin et avancer parce que nous ne perdons pas de vue que l’urgence climatique est déjà là », prévient Anne Aubin-Sicard. Avec le plan d’action, s’est créé un véritable écosystème autour de la biodiversité. Des nombreux partenaires avec lesquels la ville a conventionné participent au succès du projet municipal. Ainsi, la fédération de pêche de Vendée réalise un état des lieux des espèces présentes avant et après l’effacement des ouvrages. Un suivi physico-chimiques et biologiques des eaux de l’Yon a été confié à l’IUT de la Roche-sur-Yon pour mesurer l’effet de l’effacement des ouvrages sur les masses d’eau. Le partenariat de la ville avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) porte, lui, sur des activités destinées à faire découvrir au public les différents oiseaux du territoire et leurs spécificités. L’occasion surtout de les sensibiliser à la préservation des espèces. Pour acculturer les Yonnais aux questions environnementales, la ville déploie depuis trois ans un programme d’éducation à l’environnement baptisé « Ma ville nature » basé sur les sciences participatives où tout un chacun peut se réapproprier les enjeux de biodiversité. La ville ne compte pas s’endormir sur ses lauriers. Conscients de l’impact du réchauffement climatique sur l’érosion de la biodiversité, les élus préparent déjà un nouveau plan d’action pour la période 2022-2026.
Blandine Klaas