Stéphane Demilly, sénateur de la Somme, érige la lutte contre les incivilités au rang de priorité

A la veille de la Présidentielle, il est crucial pour le sénateur de la Somme, ancien député-maire d’Albert (80) que le Gouvernement s’empare de la lutte contre les incivilités, un grand chantier citoyen.

Qui n’a jamais froncé les sourcils et interrompu sa discussion à la terrasse d’un café, gêné par les décibels pétaradants d’un booster trafiqué ou d’une voiture dont le conducteur, vitres baissées, était heureux de vous faire partager son goût pour la techno ?

Qui n’a jamais soupiré en constatant que son voisin avait sorti son container à poubelles une heure après le passage du camion de ramassage, histoire de diversifier le mobilier urbain ? Qui n’a jamais pesté en voyant un automobiliste profiter du feu rouge pour jeter sa cigarette dans la rue (quand ce n’est pas le papier d’emballage du paquet ou tout le cendrier) ? Qui n’a jamais rongé son frein dans un train lorsqu’un voisin de voyage vous associait indirectement à sa communication téléphonique ?

J’arrête là cette litanie de questions. Vous risqueriez de couper court à cette lecture en me qualifiant au mieux d’« aigri de la vie », au pire d’ « intolérant réac » Et pourtant, sauf erreur d’introspection naturellement, j’ai le sentiment que ces interrogations sont celles de beaucoup de nos concitoyens. C’est d’ailleurs probablement ce divisionnisme des comportements (pour rester dans la peinture) qui explique cette acceptation fataliste et cette résignation passive !

Et pourtant, tout cela n’est ni anecdotique ni secondaire... C’est probablement la raison pour laquelle plus de 70 sénateurs ont signé ma proposition de résolution dont l’objet est d’appeler le gouvernement à un débat parlementaire sur le sujet.

Une chose est sûre : si on ne traite pas les radicelles de l’incivilité, si on ferme les yeux définitivement sur ces petits comportements inciviques, non seulement on « légitimise » ces irrespects et on encourage les vertueux à ne plus l’être... mais en plus, par effet d’engrenage, on laisse se développer un biotope d’irrespect général des règles élémentaires du bien vivre ensemble. J’ai appris au cours de mes presque trente années de premier magistrat d’une petite ville que le sale attire le sale, que le tag non nettoyé attire le tag, que l’incivilité non résolue attire l’incivilité.

Alors rappelons cette banalité : il n’y a pas de petits gestes quand on est 67 millions à les faire ! Il n’y a pas de petits comportements quand on est 67 millions à les adopter ! Je crois à la prise de conscience individuelle et, pour reprendre la métaphore de Pierre Rabhi, au rôle fondamental du colibri pour éteindre le feu de forêt. J’entends déjà là les défenseurs des libertés individuelles criant au puritanisme et à l’autoritarisme.

Au moment où les projets présidentiels vont être débattus, j’invite les candidats à ne pas commettre une incivilité supplémentaire en mettant cette poussière sous le tapis ! Si ce sujet ne revêt naturellement pas la même priorité que celle liée à la crise sanitaire, au réchauffement climatique, au terrorisme ou encore au déficit budgétaire, ce serait néanmoins une erreur de le considérer uniquement comme secondaire. Le thème de l’incivilité, porteur lui aussi de réactions épidermiques, concerne à la fois notre politique éducative pour faire de nos futurs citoyens des acteurs du civisme, et notre capacité républicaine à faire respecter ces règles élémentaires du quotidien.

C’est pour cela que j’appelle de mes voeux la création d’un secrétariat d’État chargé du Civisme, sous la triple tutelle des ministères de l’Éducation nationale, des Collectivités locales et de l’Intérieur.

Stéphane Demilly

Un plan d’action pour une plus grande sécurité des maires

Pour apporter des réponses concrètes et opérationnelles aux violences subies par les maires de France dans l’exercice de leur mandat, la commission des lois du Sénat vient d’adopter un plan de 12 propositions pour mieux les accompagner, les protéger et renforcer leurs moyens d’action. Pour rappel, le maire de Signes (Var), Jean-Mathieu Michel, perdait la vie le 5 août dernier alors qu’il voulait verbaliser les occupants d’une camionnette pour avoir jeté des gravats sur le bord de la route. Cet événement tragique a mis en lumière les violences auxquelles les élus locaux, et en particulier les maires sont confrontés. Une réalité que confirment les résultats d’une consultation lancée au mois d’août par la commission des lois : 92 % des élus ayant répondu à la consultation ont déjà été victimes d’incivilités, d’injures, de menaces ou d’agressions physiques. 14 % d’entre eux ont même subi des attaques physiques, pour un total de 543 agressions.

Parmi les propositions formulées, figurent l’assouplissement les conditions d’attribution de la protection fonctionnelle aux élus victimes de violences, l’accompagnement des maires dans l’exercice de leurs pouvoirs de police, notamment par le biais d’une meilleure formation et par un soutien juridique dans l’exercice de leurs pouvoirs de police, ou encore l’augmentation du montant maximal de l’amende encourue en cas d’infraction à un arrêté de police.