La Métropole du Grand Paris, entre relance économique, transition écologique, rééquilibrage territorial et solidarité

Patrick Ollier, reconduit à la présidence de la Métropole du Grand Paris (MGP) en juillet 2020, revient sur ses actions menées depuis quatre ans et sur la mobilisation face à la pandémie de la Covid-19. Rencontre.

RCL : Présentez nous la Métropole du Grand Paris (MGP) ?

Patrick Ollier : La métropole du Grand Paris créée le 1er janvier 2016 regroupe 131 communes au service de 7,2 millions d’habitants dont la gouvernance partagée permet d’agir très vite et de répondre ainsi aux besoins quotidiens des populations. Aménagement de l’espace, développement économique, social et culturel, habitat, protection, mise en valeur de l’environnement et du cadre de vie et gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations, voilà le cadre de nos compétences. Le bureau, que je préside et composé de 20 vice-président(e)s et 23 conseiller(e)s délégué(e)s représentatifs de toutes les sensibilités politiques, examine l’ordre du jour et les projets de délibérations qui sont soumis au vote du Conseil métropolitain. Voilà comment en quatre ans on a appris à travailler ensemble.

 

RCL : Quelles sont les actions menées par la Métropole du Grand Paris ?

PO : Nicolas Sarkozy avait déclaré que le Grand Paris serait la métropole du logement. Il n’a pas vraiment tort. Mais la Métropole n’est pas uniquement le grand Paris de l’habitat. Si de nombreuses actions sont menées, redynamisation des centres villes, logistique du dernier kilomètre, lutte contre les inondations, le premier acte visible de la MGP, a été, le premier appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris » suivi d’une deuxième édition en juin 2019. Immobiliers, bâtiments tertiaires, zones de loisirs, espaces verts, sites sportifs, lieux culturels… répartis sur l’ensemble du territoire, tous les projets valorisent des sites à fort potentiel de développement et constituent de nouvelles opportunités pour les habitants du Grand Paris. Ils sont des marqueurs forts de la transformation de la Métropole et de ses ambitions pour les décennies à venir. Au total depuis 2016, ont été identifiés près de 2,5 millions de mètres carrés à construire, près de 30 000 logements qui vont être construits pour un total de 10 milliards d’euros d’investissement privé. 700 candidats pour 77 sites dans 70 villes de la métropole dont 7 à Paris. Ces consultations ont permis la mobilisation massive de l’ensemble des acteurs de l’aménagement en tête desquels, les maires qui ont proposé des sites prometteurs. Sur la base d’un cahier des charges ambitieux, mixité sociale et fonctionnelle, mobilité douce, économie d’énergie, les innovations portées par les équipes et souvent sur l’impulsion de nombreuses start-ups ont permis une définition affinée des besoins et des usages. Aujourd’hui, les permis de construire sont en train d’être signés, et demain émergera une Métropole du Grand Paris durable et innovante.

 

RCL : Au-delà des appels à projets, d’autres chantiers ont été lancés ?

PO : Depuis 2016, de nombreuses actions ont été menées au titre du rayonnement et de l’attractivité de la Métropole. La création en 2016 d’un guichet unique, Choose Paris Région, welcom to greater Paris, en partenariat avec le Gouvernement, la région Ile-de-France, la ville de Paris et la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France pour attirer les entreprises vers la place financière de Paris suite au Brexit. Plus de 170 projets de relocalisation ont été accompagnés à ce jour soit un potentiel de 6 000 emplois. En 2019, la Métropole du Grand Paris a mis en place une Zone à Faibles Emissions métropolitaine (ZFE) afin de limiter progressivement la circulation des véhicules polluants dans 79 situées à l’intérieur de l’A86. 57 d’entre-elles sont déjà engagées, sans compter le dispositif mis en place en 2016 « Métropole roule propre !» qui permet aux Métropolitains de bénéficier d’une aide allant jusqu’à 6000 euros pour l’achat d’un véhicule propre, neuf ou d’occasion et de 500 euros pour l’achat d’un vélo à assistance électrique par particulier. Je citerai encore le Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE) en 2018 qui mobilise une enveloppe de 100 millions d’euros sur cinq ans, le Plan Métropolitain de l’Habitat et de l’Hébergement (PMHH) afin de réduire l’habitat insalubre et d’agir en faveur de la rénovation énergétique des logements dont la contribution s’élève à 6,7 millions d’euros. Sans oublier le Centre Aquatique Olympique et son franchissement piéton au-dessus de l’autoroute A1, dont la Métropole du Grand Paris est maitre d’ouvrage, construit pour les jeux Olympiques et paralympiques de 2024.

 

RCL : Face à la crise sanitaire et économique, quelles sont les actions lancées par la métropole ?

PO : En mai dernier, le conseil de Métropole a adopté un plan de relance de 110 millions d’euros, car nous ne pouvons pas rester inactifs face à cette crise. L’économie locale est fragilisée et il est urgent de soutenir les acteurs de proximité. Ce plan de relance est structuré en cinq axes : revivifier le tissu économique de proximité, accélérer la transition écologique et le développement des mobilités douces, soutenir le secteur de l’habitat et de la construction, lutter contre la fracture numérique, accompagner la transition numérique et enfin mettre en place une stratégie de résilience intégrant le retour d’expérience de la crise sanitaire. Ces axes seront déclinés en 50 actions concrètes, en partenariat avec la Banque des Territoires et la Chambre de commerce et d’industrie de Paris et d’Ile-de-France. J’ai engagé, par ailleurs, 15 millions d’euros à travers une dotation de solidarité communautaire mise en place de manière exceptionnelle en 2020 pour aider prioritairement les communes les plus en difficulté, auxquels s’ajoutent 4 millions d’euros pour soutenir financièrement l’AP-HP et deux millions d’euros pour les établissements qui ne dépendent pas de l’Assistance publique. Nous avons souhaité affirmer par l’action le modèle d’une Métropole solidaire qui soutient ses communes, les Territoires et l’ensemble des acteurs économiques.

 

Propos recueillis par Danièle Licata

 

 

Etablissements publics territoriaux : les maires du Grand Paris demandent le maintien intégral de leurs ressources

Une pétition signée par 127 Maires du Grand Paris, soit la quasi-totalité d’entre eux, demande le maintien des ressources des Établissements publics territoriaux et de leur dynamique, dans le cadre du Projet de Loi Finances 2021. « Les finances des établissements publics territoriaux doivent être préservées à l’heure où la crise sanitaire exige toujours plus de proximité » selon Jean-Didier Berger, Président de l’Alliance des Territoires du Grand Paris. Nous avons, une nouvelle fois, avec mes collègues Présidents de Territoires, mis en garde le gouvernement des « risques considérables » pour la dynamique territoriale que fait courir le risque de perte de la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE). Gageons que le gouvernement saura entendre l’avis quasi-unanime des Maires de la première Métropole de France, qui je le rappelle représente plus de 5 millions d’habitants ».