Gilets jaunes : les grandes villes attendent des réponses concrètes

Chaque samedi depuis 13 semaines les commerçants et habitants des villes françaises sont pris en otage par des casseurs en marge des manifestations des « gilets jaunes ». France urbaine, l’association qui regroupe les grandes villes, métropoles et agglomérations, déplore l’impact sur les contribuables locaux et sur les commerces qui se chiffrent en millions d’euros dans nombre de grandes villes. Pour Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de France urbaine, « des commerces sont à l'agonie, nous ne pouvons pas rester sans rien faire et les abandonner. Le problème est national, il appelle donc une solidarité nationale et des mesures d'urgence. » Reçue ce matin par Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'état auprès du ministre de l'économie et des finances et Laurent Nunez, secrétaire d'état auprès du ministre de l'intérieur, France urbaine a demandé au gouvernement le renforcement du maintien de l'ordre, la prise en charge totale ou partielle des coûts supplémentaires liés aux dégradations ainsi qu’une exonération - et non pas seulement un étalement - des charges sociales et des impôts qui incombent aux commerçants affectés. Les élus des grandes villes souhaitent également que soient retirées du périmètre de la contractualisation les dépenses de fonctionnement engagées. Ces questions seront approfondies dans le cadre d’un groupe de travail entre le gouvernement et les élus. Un plan d’actions devrait être mis en place dans une quinzaine de jours.

Gilets jaunes : les CCI inquètes de leur impact sur le commerce

Après 13 semaines de manifestations, les impacts économiques du mouvement des Gilets Jaunes sont encore lourds de conséquences. L’enquête lancée par CCI France en février 2019 auprès de son réseau montre en effet que l’impact négatif ne s’est toujours pas estompé, et ce d’autant que toutes les conséquences n’ont pas pu être encore mesurées par les commerçants. « Les CCI se sont mobilisées dès le début du mouvement en organisant des cellules de veille et des rencontres directes avec les commerçants touchés » explique Pierre Goguet, Président de CCI France. «Elles ont été les premières à tirer la sonnette d’alarme en demandant la création d’un fonds d’indemnisation pour les commerçants touchés partout en France ». La création de ce fonds est plus que jamais d’actualité, la mobilisation récente des maires des grandes villes le prouve selon lui. Il estime que les dispositifs d’appui gouvernementaux, que les CCI ont largement relayés auprès des commerçants, sont nécessaires mais pas suffisants quand on considère la complexité du montage des dossiers et leurs délais de traitement.« Si on veut éviter une crise économique grave, il faut aller plus loin, martèle le Président Goguet et envisager rapidement une exonération « ciblée » de charges sociales pour les entreprises impactées. »

 

 

Le grand débat national est lancé

C’est aujourd’hui qu’est lancé officiellement le Grand débat national censé apporter des éléments de réponse à la crise sociale que connait la France depuis de nombreuses semaines. Cette concertation décidée par le Président de la République, Emmanuel Macron, à la suite de la mobilisation des gilets jaunes, se déroulera jusqu’au 15 mars prochain. Elle se déploiera tout d’abord à partir de réunions d’initiatives locales, organisées dans les territoires. Les citoyens pourront aussi déposer leurs contributions directement sur un site dédié, www.granddebat.fr à compter du 21 janvier prochain. Déjà, depuis quelques semaines, de nombreux maires ont ouvert leurs mairies pour que les citoyens puissent commencer à exprimer leurs attentes. Ainsi, plus de deux mille contributions ont été relevées en Ile-de-France. Pour piloter l’animation de cette concertation nationale, Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales et Emmanuelle Wargon, Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire ont été désignés. « Ce débat est une initiative inédite dont j’ai la ferme volonté de tirer toutes les conclusions » a indiqué le président de la république dans une lettre adressée aux Français le 14 janvier 2019, précisant également qu’il « rendra compte dans le mois qui suivra la fin du débat ».