Sept villes sur dix concernées par des mesures de restriction d’arrosage en 2023
Dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau qui a conduit de nombreux départements à prendre des « arrêtés sécheresse », les municipalités doivent trouver des solutions pour optimiser leur gestion de l'eau.
La 14ème vague d’enquête de l’Observatoire des villes vertes, dédiée à la gestion de l’eau pour une ville durable, révèle que l’ensemble des collectivités est concerné par la diminution des ressources en eau. Elles ont dû s’organiser pour préserver leur capital vert : 43 % des villes ont déjà vu leur patrimoine végétal souffrir des mesures de restriction d’arrosage. Les conséquences des fortes chaleurs cette année se font particulièrement sentir selon plus de 50 % des villes interrogées qui estiment que l’impact de la sécheresse sur leurs végétaux a été plus fort que les années précédentes. À l’inverse, seules 25 % des villes estiment que leur patrimoine végétal n’a pas souffert des restrictions d’arrosage, principalement en Ile-de-France, en Hauts-de-France et en Bretagne.
Des solutions qui font consensus mais qui nécessitent un effort centralisé pour être développées
Face aux enjeux de préservation de leur patrimoine végétal, les villes ont toutes mené au moins une action pour faire en sorte que la végétation supporte mieux un arrosage plus faible pendant les périodes de chaleur. Parmi les solutions les plus répandues, les villes citent le paillage (100% des répondants y ont eu recours cet été), la plantation d’espèces de végétaux adaptées à la sécheresse et aux fortes chaleurs (89 % des villes répondantes, comme Paris, Metz, Erquinghem Lys ou encore Perpignan), ou encore l’optimisation des procédures ou systèmes d’arrosage (84 %).
Autres pistes efficaces pour optimiser l’utilisation de l’eau : la gestion durable des eaux pluviales « à la parcelle », et les solutions de récupération (eaux de pluie par exemple). Déjà mises en place par de nombreuses villes avant cette année, ces deux solutions ont été les plus développées en 2023, avec respectivement 9 et 8 villes qui les ont installées comme Reims, Coursan ou Le Havre.
En revanche, l’initiative la moins développée concerne la valorisation des ressources alternatives en eau (eaux usées traitées notamment), mise en place par seulement la moitié des villes (51 %). Pourtant, faciliter l’utilisation d’eau non potable est considérée comme prioritaire par 83 % des responsables espaces verts pour aider les villes à faire leur transition. Ce décalage s’explique principalement par des freins règlementaires, et parfois économiques, qui doivent encore être levés.
Place à la créativité
Parce que les villes ont dû faire face très rapidement au manque d’eau, elles ont aussi su faire preuve d’imagination et de créativité dans les solutions mises en œuvre : alors qu’à Limoges l’eau des aquariums et des piscines est réutilisée pour arroser les végétaux, Angers utilise l’eau de ses fontaines, piscines et stations d’épuration. Metz va encore plus loin, notamment à l’occasion de « Metz Plage », qui permet à la ville de récupérer de l’eau de la piscine pour l’arrosage des végétaux et massifs agrémentant le site. Parmi les autres techniques, Argenteuil et Vitry-sur-Seine misent sur des pratiques plus anciennes comme l’utilisation d’Oya, pot en argile cuite poreuse utilisé comme système d'arrosage.
Certaines villes ont aussi adapté leur gouvernance : à Paris par exemple, un agent dit « Relais Eau » est nommé dans chaque arrondissement. Il a la charge du suivi des consommations d’eau pour les espaces verts de son secteur, de la sensibilisation des agents, de la circulation des consignes, restrictions et bonnes pratiques... Autre exemple à Nîmes où la ville a créé un service de gestion de la ressource en eau.