Transition écologique des territoires : les réponses des candidats à l’élection présidentielle
Faisant le constat que la transition écologique était trop peu abordée dans cette campagne présidentielle, AMORCE, principal réseau français de collectivités territoriales et d'acteurs locaux engagés dans la transition écologique a fait aux candidates et candidats 90 propositions structurantes et pragmatiques pour une transition écologique territoriale répondant aux grandes préoccupations des Françaises et Français : pouvoir d’achat, souveraineté économique et industrielle, santé et qualité de vie, cohésion territoriale ou encore mobilisation citoyenne. Les résultats. Selon l’association qui compte plus de 1000 adhérents parmi lesquels des communes, intercommunalités, conseils départementaux et régionaux, entreprises, fédérations professionnelles et associations, les réponses respectives des candidats répondants montrent une vraie attention, voire une adhésion, à de nombreuses propositions élaborées sur des sujets considérés comme trop à la marge dans cette campagne : climat, énergie, eau, déchets ou encore économie circulaire. Malgré les différentes sensibilités exprimées, la majorité des réponses soutient une autonomie énergétique et sur les matières premières plus forte, s’appuyant sur un soutien plus massif au développement de la chaleur renouvelable et de récupération (bois, solaire, biogaz, géothermie, chaleur fatale) et le renforcement des dispositifs financier en faveur de la rénovation énergétique, et souhaite donner un rôle plus important aux collectivités locales sur ce sujet. En matière d’économie circulaire, la plupart des candidats portent une vraie stratégie de lutte contre la pollution plastique constate Amorce, ainsi que des propositions visant à responsabiliser davantage les metteurs sur le marché. La totalité des candidates et des candidats reconnaissent également la nécessité de mettre en place un vrai projet politique de protection quantitative et qualitative des ressources en eau, et la plupart soutiennent le principe d’une nouvelle loi sur l’eau. La quasi-totalité des réponses reprennent l’idée d’un financement pluriannuel de la transition écologique, s’appuyant sur une planification sur le moyen et le long terme, ainsi que l’affectation beaucoup plus massive de la fiscalité écologique et énergétique à la transition écologique et énergétique. Enfin, les candidats soutiennent des formes diverses mais convergentes de protectionnisme écologique, en contrepoids d’une économie mondialisée qui se soustrait aux contraintes environnementales, auxquelles sont légitimement soumises les entreprises installées en France mais qui s'en trouvent par conséquent désavantagées.
Les propositions des candidats
Concrètement, Yannick Jadot qui préconise 10 Mds€ par an pour une rénovation à caractère complet obligatoire, voudrait concentrer tous les efforts en priorité sur les passoires thermiques pour en rénover 5M en dix ans. Il prévoit également de rendre obligatoire le verdissement du système de chauffage, le cas échéant, lors de toute rénovation énergétique. Quant aux grandes entreprises et administrations, elles auront l’obligation d’atteindre une baisse de leur consommation finale d’énergie de 50 % en 2030 (contre 40 % aujourd’hui)». Il veut réformer La gestion quantitative de l’eau avec une gouvernance démocratique, une réduction des prélèvements agricoles et industriels, à même de garantir la préservation de la sécurité d’approvisionnement en eau potable, le renouvellement de la ressource et la préservation des milieux aquatiques. Le candidat écologiste prévoit en amont la taxation des produits fabriqués à partir de plastique vierge. « Nous reverrons à la hausse l'éco-contribution pour les produits difficilement recyclables ou valorisables que nous étendrons au-delà de la seule filière emballage. Nous renforcerons aussi la part de la Taxe Générale sur les activités polluantes vers des politiques de prévention, tri et économie circulaire à destination des collectivités locales » affirme-t-il.
Marine Le Pen entend revoir le dispositif « Ma prime rénov » avec les professionnels pour que les rénovations soient plus efficaces et dédiées en priorité aux logements les plus précaires et reprendre le contrôle de nos systèmes énergétiques et de la formation des prix aux consommateurs afin de rétablir des prix régulés à la baisse et des tarifs sociaux. » En revanche, la candidate du Rassemblement national se prononce contre l’interdiction de la location des passoires thermiques à partir du 1er janvier 2025. Une décision idéologique qui selon elle va amener la sortie du marché de dizaines de milliers de logements sans solution. Se présentant comme la Présidente du pouvoir d’achat, elle envisage une baisse de la TVA de 20% à 5,5% sur les produits énergétiques en tant que bien de première nécessité. Afin d’encourager le recyclage et limiter le gaspillage la candidate mettra en œuvre un grand plan de l’économie circulaire et de la valorisation des déchets et entend faire appliquer les règles de civisme dès le plus jeune âge.
Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise inscrira la règle verte dans la Constitution : « ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer, ni de produire plus de pollutions et de déchets que ce qu’elle peut supporter ». Sous sa mandature, une nouvelle loi énergie-climat ambitieuse sera votée dès le début de la mandature, fixera les objectifs et les investissements nécessaires, afin d’atteindre le plus vite possible l’objectif de réduction annuelle des émissions de 6 à 7%. Son objectif : faire de la transition écologique non seulement un levier pour protéger le pouvoir d’achat des Français et lutter contre la précarité mais aussi une composante majeure de la souveraineté industrielle, économique et énergétique de la France. Parmi ses mesures : l’instauration d’une tarification progressive de l’eau, selon les usages, et de l’énergie et garantir la gratuité des premières quantités indispensables à une vie digne. Lutter contre l’étalement urbain, en arrêtant les nouvelles zones commerciales hors des villes et en redynamisant les petites villes. Dès 2022 les connexions aériennes sans correspondances internationales seront proscrites dès lors qu’une alternative en train existe en moins de 4h de trajet. Il propose également que la santé environnementale soit la grande cause de son quinquennat ainsi que la mise en place d’assemblées citoyennes régionales pour débattre des projets d’aménagement et d’investissement en lien avec la planification écologique.
Pour Valérie Pécresse, il n’y aura pas de transition écologique réussie au détriment du pouvoir d’achat. La candidate LR veut une rénovation énergétique performante qui permet de gagner plusieurs classes énergétiques avec un budget maîtrisé, la baisse du reste à charge et une meilleure utilisation des potentiels locaux de matériaux biosourcés. Des aides seront mises en place pour les ménages les plus modestes qui vont être touchés par la mise en œuvre des zones à faible émission (ZFE). Sous son mandat, plus aucun plastique à usage unique non recyclable ne sera produit. Son ambition sera également de faire de la transition écologique une composante majeure de la souveraineté industrielle, économique et énergétique de la France. La santé environnementale sera une composante essentielle de son ambition écologique.
Le candidat communiste Fabien Roussel estime que « la transition écologique appelle un changement de nos modes de production, un nouveau modèle de développement respectueux de l’être humain, tout autant qu’il doit être soutenable pour la planète et respectueux des ressources à nos dispositions ». L’un de ses principaux chevaux de bataille consiste à lier la transition écologique à la justice fiscale. Il propose pour cela de consacrer chaque année 10 milliards d’euros à la rénovation énergétique des logements, de construire 200 000 logements sociaux par an pour atteindre 30 % de logements sociaux en zone urbaine et plus largement d’encadrer les loyers pour qu’ils ne dépassent pas 20 % des revenus d’un foyer, dans le cadre d’un plan national de construction, de rénovation et de baisse des loyers pour que chacun puisse accéder à des logements de qualité. Et plutôt que d’octroyer des chèques ou des crédits d’impôt aux classes populaires, le candidat propose de mettre immédiatement en place une taxe flottante sur l’essence, afin que son prix ne s’envole pas quand le prix du baril augmente. Quant à la volatilité des prix de l’énergie pour les collectivités, ce qui impacte les services publics et leurs usagers, elle rejoint cette idée de à faire de la transition énergétique une composante majeure de la souveraineté industrielle, économique et énergétique de la France. Fabien Roussel souhaite décarboner totalement la production et la consommation énergétiques de notre pays à l’horizon 2040-2050 et limiter les coûts de l’énergie, au travers d’un pôle public de l’énergie et de l’efficacité énergétique. C’est par-delà une politique de protection du domaine maritime que le candidat proposera un plan de réduction de l’usage du plastique, favorisant le recyclage des déchets plastiques et leur réemploi. Il souhaite par ailleurs qu’une attention particulière soit portée à la question des particules fines provenant de l’abrasion des freins des véhicules et qui peuvent représenter jusqu’à 21 % des émissions totales de particules fines provenant du trafic routier. Il permettra en outre aux citoyens de s’approprier l’enjeu de la transition écologique grâce à la sensibilisation et la formation de la jeunesse.
L’objectif visé par Emmanuel Macron, actuel président de la République et candidat à sa réelection demeure d’atteindre la neutralité carbone en 2050, en devenant la première grande nation à sortir des énergies fossiles. Si les Français lui accordent leur confiance, le quinquennat à venir sera celui de la planification écologique : « pour chaque secteur, nous conduirons des négociations pour déterminer les solutions de décarbonation, sécuriser l’investissement, préserver l’emploi, en concertation avec les territoires » promet le Président de la République. L’ensemble des secteurs les plus émetteurs seront couverts par ces négociations, les mobilités notamment ainsi que le bâtiment et l’ensemble des collectivités seront concernées par cette ambition. Les moyens prévus : 50 milliards d’euros par an à horizon 2027. Comme la plupart des candidats, le Président de la République voit dans la transition écologique une composante majeure de la souveraineté industrielle, économique et énergétique de la France ainsi qu’une opportunité de produire mieux, en consommant moins de matières et produisant moins de déchets, « car toute pollution finit par peser sur la santé et le pouvoir d’achat des Français ».
Précisant que ses équipes lui-même avaient travaillé activement à la recherche de propositions pertinentes et véritablement durables dans le domaine de la transition énergétique, Eric Zemmour a invité l’association à étudier ses propositions dans son programme.