Emmanuel Macron présente son plan pour une meilleure gestion de l’eau

Sobriété, réutilisation des eaux usées, tarification sociale de l’eau, transformation du modèle agricole, le président de la République a présenté 53 mesures qui permettront de redéfinir notre politique de l’eau pour l’adapter aux effets déjà visibles du changement climatique.

Face à des épisodes de sécheresse à répétition, la baisse des précipitations ainsi que la diminution du niveau des nappes phréatiques, la gestion de l’eau est devenue un véritable enjeu stratégique a rappelé le président de la République Emmanuel Macron qui a décidé d’en faire l’une des priorités de la planification écologique. C’est à Savines-le-Lac, dans les Hautes-Alpes, région où les effets du changement climatique sont particulièrement visibles, qu’il a annoncé ce jeudi 30 mars les mesures du plan eau qu’il avait évoqué fin février dernier au salon international de l’agriculture, à Paris. A court terme, il s’agit de préparer l’été prochain et éviter au maximum les coupures d’eau potable. 100 millions d’euros ont d’ores et déjà été engagés et 500 projets financés pour connecter des réseaux d’eau, développer et moderniser certains canaux, afin de préparer l’été prochain et les possibles sécheresses des prochaines années. C'est avant tout un plan de sobriété et d'efficacité pour l'eau dans la durée, a détaillé le président de la République, qui vise dans un premier temps les économies d’eau dans la durée. L’objectif à moyen terme serait d’atteindre les 10% d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici 2030.

1000 projets pour la réutilisation des eaux usées

Tous les secteurs, de l’agriculture à l’économie en passant par l’industrie et le tourisme devront se mobiliser et adopter des pratiques plus économes en eau. Pour lutter contre les fuites et moderniser nos réseaux, deuxième axe de ce plan, 180 millions € seront mobilisés « pour traiter en priorité ces 2000 communes fragiles, celles qui sont en situation les plus critiques ainsi que ce qu'on a appelé les 170 points noirs qui sont identifiés sur le territoire, c'est-à-dire toutes les zones où les fuites sont très importantes, à savoir les communes qui perdent plus de 50% de l'eau et en raison de la vétusté et de la difficulté des lieux… une situation aberrante qu'on doit absolument corriger en urgence ; nous allons travailler avec l'ensemble des maires qui ont la compétence de l'eau pour faire le maximum avant l'été et accélérer les travaux » a expliqué le Président. Quant aux réseaux, ils seront équipés de compteurs intelligents et 35 millions d’euros supplémentaires seront attribués à la gestion de l’eau en outre-mer. La réutilisation des eaux usées, plébiscitée depuis longtemps par les collectivités locales et les acteurs de l’eau pour certains usages doit devenir la norme partout où c’est possible, selon Emmanuel Macron. L’ambition affichée :  passer de 1% actuellement à 10% d’ici à 2030, c’est-à-dire à 300 millions de m3. Des simplifications de procédures administratives sont prévues afin d’accélérer la mise en place de 1000 projets en 5 ans en lien avec les collectivités territoriales pour réutiliser nos eaux usées. « Je souhaite que le gouvernement puisse travailler en lien justement avec les mécanismes des régions à aider à accompagner les particuliers à s'équiper pour mieux récupérer les eaux de pluie » a ajouté le Président. Pour l’adaptation du secteur agricole, le plan prévoit un diagnostic eau, sols et adaptation intégré aux aides à l’installation pour tout nouveau jeune agriculteur, dans le cadre du pacte de renouvellement des générations agricoles annoncé par le Président de la République aux jeunes agriculteurs. Des plans d’adaptation seront élaborés dans chaque territoire pour faire évoluer les filières aux impacts du changement climatique et à la disponibilité de la ressource. Les pratiques de stockage de l’eau devront évoluer. Dernier point, une tarification progressive de l’eau sera généralisée en France, en concertation avec les élus, afin d’inciter à la sobriété.

Les débits d’étiage du Rhône en baisse sous l’effet du changement climatique

L’agence de l’eau publie les résultats d’une nouvelle étude sur les débits du Rhône, fleuve le plus puissant de France et qui offre actuellement une ressource en eau relativement abondante. Avec le changement climatique, l’évolution des débits d’étiage du fleuve à l’horizon 2055 devient une préoccupation collective.

Deux années ont été nécessaires (2021 et 2022) pour connaître précisément la part des prélèvements d’eau actuels par rapport aux débits du fleuve, les variations possibles des débits à l’horizon 2055 sous l’influence des évolutions climatiques et leur éventuel impact sur les usages et les milieux aquatiques liés à l’eau du fleuve. « Le Rhône accueille sur ses rives un quart de la population et des emplois du bassin Rhône- Méditerranée, et génère un quart de la production électrique du pays, précise Martial Saddier, président du comité de bassin Rhône-Méditerranée. C’est aussi une ressource pour de nombreux autres usages comme la navigation, l’alimentation en eau potable, l’irrigation agricole, les activités industrielles, ou les usages récréatifs. Nous avions besoin de données solides pour alimenter les débats sur les usages possibles de l’eau du fleuve

Le fleuve Rhône n’est pas inépuisable

Avec une longueur de 810 km et un bassin versant d’une superficie de 98 400 km2, le Rhône fait partie des grands fleuves européens. A son embouchure, son débit moyen est de 1700 m3/s ce qui en fait le fleuve français métropolitain le plus puissant et le plus abondant. Mais il est, lui aussi, impacté par le changement climatique et cela devrait s’aggraver, selon l’étude. Sur le bassin du Rhône, les effets du changement climatique se font déjà sentir. Il fait plus chaud et plus sec que dans les années 60. La température moyenne de l’air a augmenté de 1,8°C sur la période 1960- 2020. L’eau du fleuve Rhône s’est également réchauffée. Depuis 1970, la température moyenne de l’eau a augmenté de 2,2°C au nord à 4,5°C au sud sous l’effet conjugué de l’élévation de la température de l’air et de l’implantation de centrales nucléaires de production d’énergie. Quant aux sols, ils s’assèchent davantage, en moyenne annuelle de +18 % à +37 % selon les secteurs depuis 1960, ce qui réduit leur possible contribution au soutien des débits du fleuve. En conséquence, les débits d’étiage moyens du Rhône ont diminué ces 60 dernières années, de 7 % à la sortie du Léman et de 13 % à Beaucaire, en Camargue, entre 1960 et 2020. Et les projections climatiques estiment une baisse de l’ordre de 20 % supplémentaires des débits moyens d’été à Beaucaire dans les 30 prochaines années.

La baisse des débits d’étiage sera même beaucoup plus forte sur certains affluents du Rhône, de l’ordre de 40 % en moyenne pour l’Isère et 30 % pour la Drôme et la Durance. A proximité de l’embouchure du Rhône, la part des volumes d’eau prélevés dans le fleuve au plus fort de l’été représente actuellement 15 % de son volume d’écoulement. Sans avoir à ce stade d’incidence significative pour l’équilibre écologique du fleuve, cette valeur n’est pas négligeable et traduit le fort niveau de sollicitation par les usages préleveurs, notent les auteurs de l’étude. Cette part d’eau prélevée a déjà pu dépasser les 30 % pour les périodes exceptionnellement sèches comme au printemps 2011. Cette situation rarement observée (2 années sur 30) pourrait devenir fréquente dans les prochaines décennies (6 années sur 30), et certaines années, dépasser les 40 %.

« Le Rhône restera à moyen-terme un fleuve puissant, avec des débits en général élevés, mais il n’échappe pas à la question du partage de la ressource en eau, indique Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Sous l’effet du réchauffement climatique, le fleuve Rhône ne peut plus être géré comme une ressource inépuisable. C’est l’un des principaux enseignements de cette étude. La recherche de pratiques plus sobres et la lutte contre les gaspillages sont utiles pour l’avenir. »

La Région Sud expérimente la réutilisation des eaux usées traitées

Dans le cadre du protocole d’expérimentation Etat-Région, signé en novembre 2022, avec Elisabeth BORNE, Première Ministre, la Région Sud lancera officiellement en 2023 une expérimentation régionale pour la réutilisation des eaux usées traitées.

Irrigation agricole, réutilisation dans le petit cycle de l’eau industrielle, usages urbains, réalimentation de nappes, remplissage des retenues d’eau pour de la neige artificielle… la réutilisation des eaux usées traitées à l’échelle régionale permettra d’agir dans de nombreux domaines et répondre aux nombreux enjeux de disponibilité de la ressource en eau.

« Le dérèglement climatique est un nouveau défi à affronter, mais on a toujours su s’adapter ! En lien avec notre Plan Climat « Une COP d’Avance » et dans la continuité du protocole signé avec la Première Ministre, nous lançons cette expérimentation pour déployer une dynamique régionale dans différents domaines et pour différents usages. Nous serons à l’écoute de chaque territoire pour répondre à leurs besoins et pour avancer ensemble vers un avenir serein. La guerre de l’eau n’aura pas lieu ! » affirme Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président délégué de Régions de France.

Cette expérimentation à l’échelle régionale, lancée avec la Société du Canal de Provence (SCP), AMU et la Chambre régionale de l’Agriculture, sera une 1ère en France. L’eau provient des stations d’épuration, l’objectif étant de les épurer à un niveau suffisant pour permettre un nouvel usage à l’aval.

Sécheresse : réunion du premier comité d’anticipation

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’Écologie président ce jeudi 23 février le premier comité d'anticipation et de suivi hydrologique (CASH) de l’année. Il s’agit d’informer les représentants des usagers sur la situation hydrologique actuelle et projetée en anticipation de risques potentiellement significatifs de sécheresse.

Alors que l’année 2022 a été marquée par une sécheresse prolongée, intense et étendue, les perspectives pour 2023 sont suivies avec attention. D’où l’organisation ce jour du premier comité d'anticipation et de suivi hydrologique de l’année pour évaluer la situation. En relation avec les opérateurs de l’Etat chargés du suivi hydrologique (Météo France, BRGM, OFB…), les ministres suivent avec attention l’évolution de la situation et les projections pour les trois prochains mois. « Le changement climatique a des conséquences concrètes sur nos territoires et modifie en profondeur le cycle de l’eau. Après une sécheresse 2022 inédite par son ampleur, la tension sur la ressource se prolonge. Nous devons mener de front la préparation à la gestion de crise d’un nouvel épisode de sécheresse s’il se confirme effectivement et des évolutions structurelles pour une gestion sobre et résiliente de notre ressource en eau, a déclaré Bérangère Couillard. Les Agences de l’eau soutiendront des projets de résilience face à la sécheresse à hauteur de 100M€ supplémentaires cette année. Dans le cadre de la planification écologique, nous travaillons à l’élaboration d’un plan dont l’objectif sera de garantir une eau de qualité pour satisfaire des besoins et usages optimisés et préserver les écosystèmes. » Le Plan eau en préparation devrait permettre de mieux gérer et utiliser la ressource en eau tout en renforçant les moyens dans chaque territoire pour lutter contre les pénuries.

 

Carrefour de l’eau 2023 : la Bretagne au cœur des problématiques de l’eau

Réunis au Parc des expositions de Rennes les 25 et 26 janvier 2023 à l’occasion du rendez-vous annuel des acteurs de l’eau, élus et techniciens débattent sur les actions à engager pour préserver une ressource et des milieux particulièrement sensibles au dérèglement climatique.

C’est dans un contexte particulier que se déroule la 24e édition du Carrefour des gestions locales de l’eau. Après une année de sécheresse longue et intense qui a touché l’ensemble du territoire français, qui a privé d’eau potable plus d’une centaine de communes, provoqué l’activation des comités de gestion de la ressource en eau sur l’ensemble du territoire national, causé l’assèchement de nombreux cours d’eau sur tout ou partie de leur linéaire, l’heure est aux interrogations. « Il va falloir que l’on regarde à l’avenir comment fournir de l’eau potable à l’ensemble des habitants. Cela suppose de travailler sur les économies d’eau, de lutter contre les pertes en eau dans nos réseaux de distribution avec de gros enjeux financiers pour renouveler ces réseaux » a lancé Michel Demolder, président de la collectivité Eau du bassin rennais en ouverture du salon et abordé un autre sujet majeur sur lequel les acteurs de l’eau attendent des réponses précises : la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) qui représentent à peine 1% des volumes d’eau utilisés en France. « Dans une région comme la Bretagne qui accueille de nombreuses industries agroalimentaires fortement consommatrices d'eau, nous devons travailler sur cette notion de REUT et réfléchir aussi à un tarif de l'eau progressif, social et écologique de l’eau» a-t-il ajouté.

La qualité de l’eau, largement abordée à l’occasion des nombreuses conférences et ateliers continue de faire l’objet de toutes les attentions. « La lutte contre les pollutions diffuses est inscrite au sein du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) de la Région Bretagne. Le territoire de Rennes métropole s’est donné un objectif : sortir des pesticides de synthèse d'ici 2030, un enjeu fort porté par la collectivité Eau du bassin rennais à travers son programme écologique « Terres de sources » qui associe différents territoires, différents acteurs agricoles, des associations de consommateurs et des associations environnementales. » Face à la hausse du prix de l’énergie qui impacte fortement les budgets des services d'eau potable et d'assainissement, sera également posée la question du prix de l’eau en France.

Alors que des plans d'adaptation et de résilience se construisent dans les territoires, l’heure est à l’action. Si certaines pistes ont récemment été évoquées par Christophé Béchu,  ministre de la Transition écologique, comme la diminution des prélèvements d’eau ou une évolution de la réglementation sur la réutilisation des eaux usées, les élus comme les acteurs de l’eau ne cachent plus leur impatience d’en savoir plus. Face aux conséquences toujours plus visibles du changement climatique, ils veulent agir. « Nous avons un devoir de mobilisation extrême autour des enjeux quantitatifs et qualitatifs autour de la ressource en eau. Nous devons agir vite, nous devons agir avec puissance, nous devons agir collectivement et dans la cohésion, a rappelé Delphine Alexandre, vice-présidente du conseil régional de Bretagne en charge de la santé, l'eau et la biodiversité. Tout un panel de propositions sont en attente qui conditionneront les possibilités d’action sur les enjeux qui se posent à nous ».

Etude : la crainte de manquer d’eau dans sa région n’a jamais été aussi marquée

L’étude réalisée avant puis après la canicule et la sécheresse de l’été dernier montre ce qui ressemble au début d’un bouleversement de notre rapport à l’eau. En effet, les Français sont sensiblement plus nombreux cette année (69% vs 64% en 2021) à être convaincus qu’ils manqueront d’eau. En un peu plus de 25 ans, le basculement de l’opinion sur la crainte de manquer d’eau est spectaculaire, puisqu’en 1996 seuls 32% craignaient de manquer d’eau dans l’avenir. En 2022 ce pourcentage a plus que doublé. Quant à l’attention portée à ses consommations d’eau suite à l’été 2022, elle s’est vigoureusement renforcée : si elle était restée stable entre 2021 et mi 2022 (87%), le chiffre a sensiblement progressé après l’été, pour atteindre 92% De même, après cet été, la conviction de l’impact du dérèglement climatique sur le manque d’eau a fait un bond de presque 10 points avec, désormais, 92% de Français partageant cette certitude.

Quelles solutions attendent-ils ?

Seuls 27% estiment qu’ils pourront ne rien changer à leurs habitudes. 66% se prononcent en faveur d’une réglementation qui limiterait les consommations. 79% admettent qu’il conviendra de modifier les habitudes de d’utilisation. Enfin, 67% pensent qu’il faut investir dans des technologies qui permettraient de conserver le même confort d’usage de l’eau. Dans ce domaine, 76% souhaitent être aidés à réduire leur consommation grâce à un compteur d’eau “intelligent” qui, notamment, les alerterait en cas de dépassement d’un certain seuil. On constate également une adhésion très nette au principe de réutilisation des eaux usées traitées, 80% se déclarant par exemple prêts à consommer des fruits et légumes arrosés grâce à ce type de ressource alternative.

Louise Poupeney, chargée de mission eau et numérique : « HYDREOS s'implique dans plusieurs projets permettant de mieux appréhender le changement climatique »

HYDREOS, pôle d’expertise sur l’eau qui accompagne les acteurs publics et privés du Grand Est sur les enjeux de protection et de préservation de la ressource, veut renforcer ses interactions avec les collectivités locales. Entretien avec Louise Poupeney, chargée de mission eau et numérique.

Quelles sont les principales missions d’HYDREOS ?

HYDREOS est le pôle de l'eau du Grand Est. Notre cœur de métier ? favoriser l'innovation dans le domaine de l'eau, créer du réseau entre les structures adhérentes et les accompagner dans la réalisation de leurs projets (de l'étude de marché à la coordination du projet, en passant par la recherche de partenaires et de financements). Notre réseau est composé de groupes internationaux, de PME, de centres de recherche, de structures académiques ou encore de collectivités locales qui cherchent des réponses à leurs problématiques dans le domaine de l'eau. Nous menons en parallèle des actions de veille pour la réalisation d'études. L’une d’elles, sur laquelle nous travaillons en ce moment, porte sur la valorisation des données de l'eau potable qui  met en lumière les technologies innovantes et les projets pour une gestion plus intelligente des données eau potable, et ainsi permettre aux gestionnaires de réseaux de mieux s'adapter aux événements et aux risques, notamment liés au changement climatique. Nous avons aussi un rôle d'animation. Dans ce cadre, nous allons renforcer notre service aux collectivités locales en organisant le 9 mars prochain le lancement du Club « Eaux et territoires » à l'échelle du Grand Est. L'objectif étant de créer une communauté qui partagera ses problématiques, bonnes pratiques et solutions en matière de gestion durable de l'eau. Cet espace de sensibilisation et de discussion avec les élus et techniciens permettra d’aborder tous les sujets relatifs aux politiques de l'eau.

Quels sont les projets sur lesquels HYDREOS est engagé aujourd’hui ?

Nous travaillons avec le soutien de la Région Grand Est et de l’Eurométropole de Strasbourg sur un hackathon pour favoriser l'innovation dans le domaine de l'eau, mettre en avant les enjeux de la filière et favoriser la création de start-up suite à cet événement, avec cette volonté de créer des solutions répondant aux enjeux du changement climatique.

Avec l’agence régionale de santé (ARS) Grand Est, nous travaillons aussi sur les plans de gestion de la sécurité sanitaire de l'eau (PGSSE). Il s’agit d’une approche globale visant à garantir en permanence la sécurité sanitaire de l’approvisionnement en eau destinée à la consommation humaine. La directive européenne sur l'eau potable prévoit de rendre l'application des PGSSE obligatoire d'ici 2027. Quatorze collectivités pionnières ont déjà suivi des ateliers que nous avons organisés avec l'ARS sur ce sujet.

Quelles sont les innovations numériques qui aujourd'hui permettent de répondre à l'urgence climatique ?

HYDREOS s'implique dans plusieurs projets permettant de mieux appréhender le changement climatique, tels que le projet Clim'Ability Design pour accompagner les entreprises du Rhin Supérieur dans leur stratégie d'adaptation aux futures conditions climatiques, le projet LIFE Eau&Climat pour aider les acteurs de la gestion de la ressource en eau dans l'évaluation des effets du changement climatique et dans la mise en œuvre de solutions d'adaptation, ou encore le projet PIFU (Parasol Îlot de Fraicheur Urbain) pour le développement d'un dispositif modulaire d’abaissement de la température locale en ville.

Numériser la gestion de l’eau procure une meilleure connaissance du réseau et les fonctions prédictives de certaines applications permettent d’intervenir le plus rapidement possible idéalement, d'anticiper l'apparition de nouveaux événements. Ces outils ont une véritable fonction d'aide à la décision. Les plateformes numériques permettent quant à elles aux collectivités de mieux gérer leurs données, d'avoir une visibilité plus globale et de tester par exemple différents scénarios qui vont leur permettre de se projeter et de prévoir les événements susceptibles d’arriver sur le réseau.

Quels sont selon vous les enjeux de la filière eau ?

L'adaptation au changement climatique est un enjeu majeur. Nous savons d’ores et déjà que nous serons confrontés à d’importants problèmes dans les années à venir. Nous en avons été témoins l’été dernier lorsqu’un certain nombre de collectivités ont connu des restrictions en eau. Nous devons être en capacité d’appréhender ces changements, et HYDREOS accompagne les collectivités dans leur démarche de ville résiliente.

 

 

La CCI du Morbihan incite les entreprises à la sobriété en eau

La CCI du Morbihan recevait en novembre 2022 le trophée de l’innovation décerné par la FNCCR* pour Ecod'O, un programme de sensibilisation et d'initiation à des économies d'eau dans les entreprises industrielles et touristiques du département. Philippe Rouault, président de la CCI du Morbihan revient pour RCL sur cette expérience inédite récemment reprise par la CCI du Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole.

Qu’est-ce que le programme Ecod’O ?

Ecod’O est né de la prise de conscience que l'eau était un bien devenu rare et qu’il fallait engager une démarche collective pour la préserver. Le programme a été initié en 2019 par la préfecture du Morbihan et piloté par la Chambre de commerce et d’industrie du département pour inciter et accompagner les professionnels du tourisme et de l’agroalimentaire dans la réduction de leur consommation en eau. Ce projet partenarial public privé a permis de faire travailler ensemble des entreprises privées avec un certain nombre d’acteurs publics comme l'agence de l'eau Loire-Bretagne, la DREAL, le Conseil régional de Bretagne, les services de l’Etat, l’Association Bretonne des Entreprises de l'Agroalimentaire (ABEA), eau du Morbihan, et aussi des collectivités comme Lorient agglo, Golfe du Morbihan-Vannes agglomération ou Pontivy communauté qui se sont fortement impliquées.

Quel bilan tirez-vous de ce programme qui aborde actuellement son troisième volet ?

Dans les volets 1 et 2 d’Ecod’O, 70 acteurs économiques ont été accompagnées dans leur recherche de sobriété en eau et affichent en moyenne une économie réalisée de 10%. Si les résultats sont satisfaisants du point de vue de la sobriété en eau, les entreprises rapportent que ce travail collectif a été vecteur de cohésion en interne et porteur d’une dynamique incroyable pour tendre vers ces économies de consommation d'eau. Ce travail collaboratif a montré que nous avions tous un intérêt collectif à travailler mieux ensemble. Nous abordons aujourd’hui le troisième volet de ce programme avec une régionalisation sur l’ensemble de la Bretagne en 2023.

Comment aller encore plus loin ?

Nous avons créé un lieu d’échange et de partage, le club Ecod’O, pour que les entreprises puissent partager leurs bonnes pratiques en matière d’économies d’eau. Nous étudions également la création d’une marque Ecod’O afin qu'elles puissent tirer un avantage de leurs actions et bénéficier d’un accompagnement spécifique. Dernier projet en date dans le domaine de l’eau, la volonté de faire de la Bretagne une terre d’expérimentation pour la réutilisation des eaux usées traitées (REUT). Il existe de nombreuses possibilités d’utiliser ces eaux comme le font déjà l’Italie, l’Espagne ou Israël alors France est très en retard sur le sujet. Avec l’Association des entreprises agroalimentaires bretonne (ABEA), les parlementaires morbihannais, la CPME ou encore le Medef, la CCI du Morbihan compte bien identifier les blocages réglementaires susceptibles d'être levés ou assouplis afin de faire bouger les lignes. Le projet Ecod’O nous a donné l’envie d'aller encore plus loin. Nous travaillons à la mise en place d’un programme Eco Carbone. Il s’agirait d’accompagner les entreprises dans un pré diagnostic afin d’identifier les solutions de décarbonation de leur process industriel, de recherche de mix énergétique nouveau et de sobriété énergétique.

*Fédération nationale des collectivités concédantes et régies

Photo : Philippe Rouault, Président de la CCI du Morbihan (crédit : Aude SIRVAIN).

Thierry Burlot, président du comité de bassin Loire-Bretagne : « Parler d'aménagement et de développement du territoire, c'est aussi parler de l'eau ».

Alors à l’heure où une partie du bassin Loire-Bretagne connait encore des restrictions d’usages de l’eau, le comité de bassin a identifié des propositions d’actions, à court et moyen termes, pour contribuer au chantier « eau » de la planification écologique lancé par le gouvernement. Thierry Burlot, son président, enjoint tous les acteurs à se mobiliser autour de cette ressource vitale pour le développement de nos territoires. Entretien.

Quel est le rôle d’un comité de Bassin ?

Le comité de bassin est l'une des rares instances de démocratie participative où les élus sont aux côtés d'acteurs économiques et sociaux pour définir une politique de gestion territoriale de l’eau. En Loire-Bretagne, il est composé de 40 % de collectivités, de 20 % d'usagers non économiques, de 20 % d’usagers économiques et de 20 % de représentants de l'État. Il garantit la concertation, la planification et notamment l’élaboration du schéma d’aménagement de gestion des eaux (SDAGE) qui fixe la stratégie pour retrouver une bonne gestion quantitative et qualitative de l’eau. Plus que jamais, face au changement climatique et ses conséquences, l’eau est au cœur de toutes les politiques publiques. Sans eau, il n’y a pas de développement économique possible.

De quelle manière le comité de bassin Loire-Bretagne envisage-t-il sa contribution au plan « eau » lancé par le gouvernement ?

 Alors que les dernières décennies ont été consacrées à la gestion qualitative des eaux, en raison de la dégradation de la qualité de nos rivières et de nos fleuves pollués par les nitrates et les pesticides, nous sommes désormais rattrapés par des questions de gestion quantitative avec une rapidité que nous n’avions pas imaginée. Sur le bassin Loire-Bretagne, les experts annoncent une baisse de 30% de la ressource en eau en 2050. Et dès cette année, le manque d’eau causera des pertes de production sur le bassin agricole de la Limagne, un territoire exceptionnel à fort potentiel. Rappelons également que certaines centrales nucléaires ont failli être arrêtées l’été dernier par manque d’eau pour refroidir les réacteurs. Le comité de bassin Loire-Bretagne a identifié 70 propositions d’actions autour de la gestion de la ressource, de l’accès à un service d’eau potable organisé et performant mais aussi pour renforcer la résilience des écosystèmes aquatiques. Citons par exemple la construction d’une base de données exhaustive des plans d’eau et retenues existantes, la mise en place d’une conditionalité des aides de l’État et des collectivités à l’engagement chiffré d’actions en faveur de la sobriété des usages de l’eau, le financement et la promotion des services rendus par la nature ou encore la meilleure lisibilité des arrêtés sécheresse.

Concrètement, comment préserver la ressource en eau ?

Nous devons nous réapproprier le sujet de l’eau, cette ressource que nous pensions inépuisable, en réapprenant à bien la gérer collectivement, à la partager, à l'économiser et à la protéger. Concrètement, nous devons mettre en place des mesures d’économies d'eau, recourir à la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) comme le font déjà l'Italie l'Espagne, le Portugal ou Israël, travailler sur la performance des réseaux d'eau potable, pour limiter les pertes en eau ainsi que sur l'amélioration des stations de traitement et sur l’assainissement des eaux usées. Plus que jamais, nous devons apprendre à partager les usages parce qu’à l’avenir, certains territoires seront dotés de ressources en eau importantes tandis que d’autres n’en auront plus. Pour cette raison, le comité de bassin que je préside pense que la décentralisation de l'eau doit avoir lieu. En clair, il faut que la politique des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) au niveau des grands bassins se décline autour de tous les fleuves de Loire-Bretagne. Nous devons mettre en place des PTGE (programmes territoriaux de gestion des eaux) au plus près des territoires en gardant la cohérence hydrographique, anticiper l’évolution des usages de l’eau en agriculture, dans l’industrie, dans le secteur des énergies et en matière d’aménagement du territoire. Il faut également que nous soyons extrêmement vigilants sur le ménagement de la ressource.

Comment rendre plus résilient votre bassin face au changement climatique ?

Les solutions sont multiples pour résoudre les problématiques liées à l’eau mais nous devons privilégier celles fondées sur la nature qui consistent à reconstituer des zones humides, à faire du bocage, à désimperméabiliser les zones bétonnées et goudronnées. C’est ainsi que l’eau de pluie pourra s’infiltrer dans les sols et profiter aux nappes phréatiques. Ensuite, il faudra partager cette eau et faire des choix stratégiques. La planification de l’eau est une question concertée avec l’ensemble des acteurs.

Que pensez-vous de l’initiative du « Parlement de Loire », lancée par un collectif d’acteurs ligériens, qui propose la prise en compte des intérêts de la Loire à travers la reconnaissance de la personnalité juridique du fleuve ?

Cette initiative intéressante nous rappelle que la problématique de l'eau nous concerne tous et nous invite à prendre conscience que notre environnement est fragile. La réappropriation du sujet par les territoires et par les citoyens est un enjeu crucial. Sans consensus, la bataille de l'eau aura lieu.

L’augmentation du coût de l’énergie a-t-elle des conséquences pour les acteurs de l’eau ?

L’augmentation du coût de l'énergie pour les services d'eau et d'assainissement est problématique avec des augmentations qui oscillent autour de 15 à 20%. Si le prix de l'énergie devait poursuivre sa progression à la hausse, l’impact sur le prix de l'eau pourrait être considérable. Il me paraît essentiel de travailler sur l’autoconsommation des services d’eau et d’assainissement. C’est le cas de la station d’épuration de Laillé, près des Rennes, qui grâce à l’installation de trackers photovoltaïques réduit sa consommation énergétique.

 

 

Seine-Saint-Denis : pose de la première pierre du bassin de rétention du ru Saint-Baudile

Livré au printemps 2024, ce bassin limitera les risques d'inondations, réduira les rejets d'eaux polluées dans la Marne et contribuera à rendre possible la baignade dans la Seine et la Marne, en vue notamment des Jeux Olympiques et Paralympiques et de leur héritage.

Comme de nombreux autres cours d'eau en Seine-Saint-Denis, le ru Saint-Baudile est un ancien ruisseau qui a été peu à peu canalisé durant le 20ème siècle et intégré au réseau d'assainissement départemental. Lors de pluies très fortes, il déborde, créant régulièrement des inondations dans le secteur de Gagny et de Neuilly-sur-Marne. Le futur bassin de rétention a pour double objectif de lutter contre ces inondations et de réduire la pollution rejetée dans la Marne. Ce bassin, enterré et étanche de 25 mètres de profondeur, 60 mètres de long, 30 mètres de large, permettra un stockage utile de 30 000m3. Coût global du projet : 53 millions d'euros (TTC), financés par le Département de la Seine-Saint-Denis (19M€), l'Etat, via l'Agence de l'Eau Seine-Normandie (19 M€), et le SIAAP, Syndicat interdépartemental d'assainissement de l'agglomération parisienne (15 M€).

Contribuer à l'assainissement de la Marne et de la Seine dans la perspective des JOP 2024 et de leur héritage

Pour permettre aux épreuves de triathlon, para-triathlon et de natation marathon (nage en eau libre) des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 de se dérouler dans la Seine à paris, et ainsi renouer avec l'esprit des premières éditions des Jeux de l'ère moderne, les eaux de la Seine et de la Marne doivent être aux normes concernant la baignade. C'est tout l'objectif du Plan Qualité de l'Eau et Baignade, copiloté par la Préfecture de la région Ile-de-France, la Préfecture de Paris et la Mairie de Paris, et auquel le Département de la Seine-Saint-Denis s'est associé en signant un protocole en octobre 2019. Ce protocole définit comme axes de travail la mise en conformité de la collecte des eaux usées par la création et la rénovation de réseaux publics et par la correction des mauvais branchements publics et privés, ainsi que la construction d'ouvrages de régulation et d'amélioration de réseaux d'eaux usées, tel que le bassin de rétention du ru Saint-Baudile.

Cet engagement s'inscrit plus largement dans le cadre du « Plan d'investissement bassin » adopté en 2018 par le Département de la Seine-Saint-Denis et doté de 100 millions d'euros, afin d'optimiser la gestion des 700 kilomètres de réseau d'assainissement départemental. Le Département gère aujourd'hui 33 bassins de rétention, travaille actuellement à la reconstruction d'un bassin (Maurice Audin à Clichy-sous-Bois), à la création de 2 autres (Ru Saint-Baudile à Gagny, Fontaine des Hanots à Montreuil), et projette la création de 5 autres bassins à l'horizon 2030.

Le Loiret aimerait réutiliser ses eaux usées traitées

Dans un contexte de ressource en eau fortement sollicitée à l’échelle du Loiret, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) apparaît comme une solution pour la préserver et s’adapter au changement climatique. Le Département du Loiret lance avec le Cerema une étude pour cibler les secteurs de son territoire où la REUT serait appropriée et pour faciliter son développement.

Si l’eau est une ressource souterraine et superficielle abondante dans le département, elle est néanmoins soumise à des assecs plus précoces et plus fréquents chaque année (100% du Loiret en Zone de Répartition des Eaux). Or il est essentiel de préserver la qualité et la quantité de ce patrimoine pour garantir les capacités de développement futur et l’attractivité du Loiret estiment les élus du département. En passant d’une gestion linéaire (collecte, traitement, rejet) à une gestion circulaire de l’eau, les eaux usées traitées deviennent une ressource potentielle pour des usages tels que l’irrigation, l’arrosage des espaces verts, le rechargement de nappes, l’alimentation des zones humides, ou le nettoyage urbain. Le Département du Loiret souhaite s’appuyer sur une analyse prospective des enjeux du territoire à horizon 2070 (changement climatique, état des masses d’eau superficielles et souterraines...) pour cibler les zones et secteurs à privilégier, le type de REUT et les volumes/saisonnalité appropriés et établir une vision cartographique des stations de traitement des eaux usées pour lesquelles la REUT est envisageable ou non. Cette étude engagée avec le Cerema doit durer neuf mois et sera ensuite mise à disposition des collectivités et maîtres d’ouvrage afin qu’elles puissent s’en saisir et développer des projets de réutilisation des eaux usées.

 

Nevers agglomération se tourne vers l’IA pour gérer ses réseaux d’eau

Une première collaboration démarrée en 2012 entre Nevers Agglomération (58) et le groupe Lacroix pour la surveillance et la télégestion des 360 kilomètres du réseau d’eau avait déjà prouvé son efficacité. Le dispositif a permis d’atteindre un rendement de près de 90%contre à peine 75% dix ans plus tôt. Aujourd’hui, l’agglomération est capable de mieux visualiser ses données et souhaite en améliorer l’analyse pour mieux comprendre le comportement du réseau d’eau dans le temps. « Nous avons souhaité rendre nos outils plus collaboratifs pour les agents de terrain, qui s’en servent au quotidien, et optimiser aussi le temps de réaction de ces outils par le biais d’une Intelligence artificielle », explique Fabrice Paccamiccio, responsable de la régie eau. C’est dans cet objectif que Nevers Agglomération et Lacroix ont signé, le 15 avril 2022, à l’occasion du Festival de l’intelligence artificielle à Cannes un contrat d’innovation. Une nouvelle étape dans la stratégie Smart environnement de la collectivité, qui entend se positionner en tant que fer de lance de l’innovation.

LES AGENTS DE TERRAIN AU CŒUR DU SYSTÈME

Le système d’intelligence artificielle co-développé avec l’Innovation Lab de Lacroix analyse toutes les données en temps réel fournies par les infrastructures d’eau existantes, détecte les anomalies et les trie, des plus problématiques aux moins problématiques. Il est conçu pour que l’opérateur soit au centre de l’amélioration de son produit. Son utilisation quotidienne va permettre au système de mieux connaître le fonctionnement des le fonctionnement des réseaux d’eau du territoire. « Cette intel- ligence artificielle va leur fournir des informations pertinentes analysées de façon beaucoup plus rapide qui vont leur permettre de prendre des déci- sions plus efficientes, explique Stéphane Gervais-Ducouret, VP Executif Innovation Stratégique & Smart Data chez Lacroix. Nous l’avons entièrement co-construite avec les agents du terrain ; ce sont eux qui font apprendre le modèle, un facteur clé à mon sens pour s’assurer qu’ils adopteront ensuite la solution. » Pour Fabrice Paccamiccio, « il est important que cette intelligence ne vienne pas remplacer mais augmenter les opérateurs et les spécialistes métiers ». Ce qu’il en attend : un gain de temps considérable sur l’analyse de données afin d’anticiper tout dysfonctionnement grâce à une priorisation d’informations critiques. Les équipes pourront ainsi mettre en place une intervention préventive, qui pourra éviter une casse technique lourde de conséquences, aussi fonctionnelles que financières. La solution devrait permettre également une plus grande efficience sur le terrain en rendant les outils et les statistiques plus accessibles à tous grâce au partage des données au sein des services. Ce projet a remporté le prix Sustainable AI dans le cadre des Cannes Neurons Awards, un concours organisé dans le cadre du World AI Cannes Festival (WAICF) qui a réuni en avril dernier les professionnels du secteur.

Blandine Klaas

Comment les villes réduisent leur vulnérabilité aux inondations

Premier risque naturel majeur en France, les phénomènes d’inondations, les crues soudaines notamment, ne relèvent plus de l’exceptionnel. Toujours plus fréquents et plus violents, avec de lourdes incidences pour les territoires et leurs populations, ils font l’objet d’actions concrètes de terrain, planifiées avec méthode pour en limiter l’impact.

Trois inondations majeures entre 2015 et 2019, dont deux à six jours d’intervalle en 2019, c’est le triste record détenu par la ville de Mandelieu-La Napoule (Alpes-maritimes). « Aujourd’hui la vigilance est de tous les instants, analyse Sébastien Leroy, maire de la ville en évoquant les intempéries récemment survenues dans le sud-ouest de la France. On assiste à une amplification des phénomènes, à n’importe quelle période de l’année, qui non seulement sont plus fréquents mais surtout sont beaucoup plus puissants que ceux enregistrés au cours des 150 dernières années. » Accompagnée par un architecte spécialiste en hydrologie, la municipalité a lancé un vaste projet de réaménagement hydraulique et urbain consistant à sécuriser une vingtaine de copropriétés, « avec des fonds publics, pour un montant de 6,5 millions d’euros », précise le maire, les forces de police municipale et les services techniques ont été équipés de véhicules tout-terrains à chenilles amphibies capables d’évoluer dans l’eau, et de grands ouvrages ont été programmés pour réduire le risque inondation sur la commune. La dernière opération en date, l’achat de 14 hectares des vergers de Minelle au groupe Géant Casino, permettra à terme la création d’une zone d’expansion de crue qui protégera les personnes, les biens et les habitations. Un bassin de rétention de près de 1000 m3 dont la construction débutera en début d’année 2022 protégera le centre-ville. Le maire espère ainsi pouvoir faire face à ce type d’événement à l’avenir.

LE DIAGNOSTIC, UNE ÉTAPE INDISPENSABLE

« Malheureusement, nous vivons une situation où le changement climatique donne des pluies extrêmes dans un laps de temps très court avec des destructions très importantes. Nous l’avons constaté à l’automne 2021, en Allemagne et en Belgique, où les eaux de ruissellement ont envahi les rues, arrachant sur leur passage tout obstacle à leur écoulement. Pour apporter une réponse à la question du risque inondation, il est essentiel de réaliser un diagnostic du territoire, conseille Marie-France Beaufils, présidente du Centre européen de prévention du risque d’inondation (CEPRI), ancienne sénatrice d’Indre-et-Loire et maire de Saint-Pierre-des-Corps (37) de 1983 à 2020. Il s’agit de voir comment le rendre moins vulnérable face au prochain événement qui se produira et surtout, d’identifier les points de fragilité afin d’élaborer une stratégie locale de prévention contre les inondations. Une importante analyse hydrogéologique doit être intégrée à la réflexion. Sans doute faudra-t-il songer également à repenser certains aménagements, désartificialiser en redonnant plus de place à la végétalisation. Les plantations aident à la réintroduction de l’eau dans les sols. » Mais attention, prévient également Marie-France Beaufils, « la difficulté vient du fait que le territoire qui vit un moment difficile n’est pas obligatoirement le seul concerné par les mesures visant à réduire sa vulnérabilité. Le problème peut trouver sa cause en amont ». Lorsqu’il a fallu réhabiliter, en 2010, le quartier anciennement occupé par les usines Matra, six hectares en plein cœur de ville situés en zone inondable, la commune de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher) a choisi d’adapter son architecture avec des immeubles surélevés, des parkings construits au niveau des rez-de-chaussée, des terrasses accessibles en bateau secours, etc. C’est ainsi qu’elle a pu limiter les dégâts causés par la crue millénaire de la Sauldre en 2016. « Les concepteurs ont su créer les conditions pour que la circulation de l’eau puisse se faire et sans qu’aucun embâcle ne vienne dé- grader les constructions. Cela suppose que les équipes d’aménageurs et de constructeurs réfléchissent différemment à leur façon de percevoir le territoire sur lequel ils vont intervenir », ajoute la présidente du Cepri. Repenser les aménagements dans le cadre d’un plan de lutte contre les inondations c’est aussi l’occasion de désimperméabiliser les sols et tendre vers l’objectif zéro artificialisation nette en 2050 fixé par la loi Climat et Résilience, publiée au JO le 24 août 2021. « Désartificialiser c’est accepter la réhabilitation, restructurer et réorganiser le bâti existant afin que le prochain événement climatique ait une moindre incidence sur le territoire. C’est l’occasion de réduire la surface occupée par la base de la construction. C’est aussi veiller aussi à ce que les es- paces de vie autour d’un immeuble ou d’une construction ne soient pas complètement imperméabilisés pour garder cette capacité des eaux à imprégner les sols », poursuit Marie-France Beaufils.

LES SUBMERSIONS MARINES, UN SUJET PRÉOCCUPANT

Dans les Bouches-du-Rhône, ce sont dix kilomètres de digue qui viennent d’être achevés entre Arles et Tarascon, un ouvrage majeur de prévention contre les crues du Rhône qui assurera la protection de quelque 55000 per- sonnes. Cette opération s’inscrit dans le cadre du Plan Rhône, mis en œuvre par l’État et les régions, et plus particulièrement du programme de sécurisation des di- gues du Rhône depuis le barrage de Vallabrègues (Gard) jusqu’à la mer, porté par le syndicat mixte interrégional d’aménagement des digues du delta du Rhône et de la mer (Symadrem) depuis 2007. « Cet ouvrage est composé de deux sections, explique Pierre Raviol, président du syndicat. Une résistante à la surverse et une millénale. » Un second plan pour la période 2022 à 2027 devrait être approuvé pour la réalisation des digues du « Petit Rhône » qui assureront la protection de la Camargue. L’autre enjeu de ce territoire se situe sur le littoral. « Nous devons mener une réflexion sur le trait de côte du Grau-du-Roi à Port-Saint-Louis du-Rhône et la submersion marine pour aboutir à un projet concerté. Notre première action concernera la commune des Saintes-Maries-de-la-mer qui est en première ligne », affirme Pierre Raviol. Les submersions marines constituent une source d’inquiétude forte chez les élus. Selon les experts du GIEC, le réchauffement climatique devrait avoir des effets sur la remontée du niveau des eaux de la mer. Et constituer une menace pour les fronts de mer urbanisés. Réduire la vulnérabilité de sa commune peut s’apparenter à un véritable parcours du combattant regrette Sébastien Leroy, le maire de Mandelieu-La Napoule. Les obstacles administratifs et réglementaires, trop nombreux, constituent un frein à la réalisation des projets dans des délais raisonnables. « Il faut rendre aux acteurs locaux, à la fois aux élus et aux services de l’État locaux l’autonomie, l’indépendance et les moyens d’agir rapidement. » Le triptyque idéal, selon lui, pour incarner cette action comprend le maire, le préfet et la direction régionale de la prévention des risques (ministère de la Transition écologique).

ETRE AVERTI DU RISQUE DE CRUE A TOUT MOMENT

Afin que les populations soient informées des risques de crue partout et à tout instant, le ministère de la Transition écologique vient de lancer l’application mobile Vigicrues. Elle permet de consulter l’état des cours d’eau et d’être prévenu par des notifications du risque de crues partout sur le territoire national. En plus des fonctionnalités déjà disponibles sur le site, l’application permet de recevoir selon le paramétrage choisi par chacun une notification informant de la publication d’un bulletin d’informations, de l’évolution de la couleur de vigilance à l’échelle d’un territoire, d’un département ou d’un tronçon de cours d’eau, ou encore du franchissement de hauteurs d’eau présélectionnées à une station hydrométrique. Aujourd’hui, 17,1 millions d’habitants sont exposés au risque inondation en France.

Blandine Klaas

Tristan Mathieu FP2E : « Nos territoires sont devenus vulnérables aux risques et à d’autres bouleversements chroniques liés à l’eau »

Voulu par le président de la République, le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique apporte de nouveaux outils aux agriculteurs pour les aider à faire face aux aléas du changement climatique. Rencontre avec Tristan Mathieu, délégué général de la FP2E (Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau)

RCL : Comment les entreprises de l’eau peuvent-elles aider les collectivités à mieux anticiper et à atténuer les effets du changement climatique ?

Tristan Mathieu : Dans le domaine de l’eau, le change- ment climatique va intensifier les événements extrêmes. Il faudra désormais gérer, à la fois, des périodes de sécheresse intense et des précipitations extrêmes susceptibles d’engendrer des fortes inondations, soit par débordement de cours d’eau, soit par ruissellement, notamment dans les zones fortement imperméabilisées. Nos territoires sont devenus vulnérables au manque d’eau, aux risques et à d’autres bouleversements chroniques liés à l’eau (assèchement des cours d’eau, perte de biodiversité et d’attractivité des plans d’eau, baisse des rendements hydroélectriques et du potentiel de refroidissement, conflits d’usages, intrusions salines...). La question n’est plus de savoir s’il faut agir, mais agir maintenant en définissant la stratégie d’adaptation et les priorités d’actions. Les élus sont en première ligne pour mettre en place les actions nécessaires et les entreprises de l’eau sont à leur côté en construisant des schémas de sécurité de leur alimentation en eau po- table et l’efficacité des réseaux grâce au déploiement de technologies de pointe et de nouvelles solutions comme la recharge de nappes phréatiques ou la réutilisation des eaux usées.

RCL : Trois ans après les Assises de l’eau, quel bilan tirez-vous ?

T.M. : Les Assises de l’eau ont permis de faire émerger des solutions concrètes pour répondre aux défis de la gestion de l’eau face au changement climatique, autour de trois objectifs principaux : protéger les captages d’eau potable pour garantir une eau de qualité à la source, économiser l’eau pour préserver cette ressource vitale (objectif de réduction des prélèvements d’eau de 10 % en cinq ans et de 25 % en quinze ans) et préserver nos rivières et nos milieux humides. Ces assises ont abouti à un pacte pour faire face au changement climatique, comprenant 23 actions. Concernant, le diagnostic, je dirai qu’il a justement été posé, notamment pour ce qui est du sous-investissement des réseaux d’assainissement dont le montant engagé de l’ordre de 6 milliards d’euros aujourd’hui et devrait être porté à 8-10 milliards d’euros par an, pour couvrir tous les domaines : des canalisations, au pluvial en passant par le traitement des eaux usées ou la préservation des captages d’eau. Reste qu’après ce travail remarquable de concertation, unique en Europe, il plane un sentiment d’inachevé quant à sa mise en œuvre. L’investissement n’a pas ou peu redémarré et nous accumulons du retard, notamment en matière de traitement des eaux usées. Par ailleurs, force est de constater que le chèque eau qui devait être généralisé, ne l’est toujours pas.

RCL : Le Varenne agricole de l’eau s’est ouvert il y a quelques mois, qu’en attendez-vous ?

T.M. : Présenté comme un exercice de concertation, le Varenne agricole de l’eau et du changement climatique, devrait servir de cadre pour une réflexion décloisonnée et un dialogue constructif retranscrit dans une feuille de route de long terme. La réflexion pose clairement la question de la place de l’agriculture et permet d’aborder une approche agricole plus approfondie, qui prenne en compte les effets du changement climatique sur l’agriculture, son besoin d’adaptation, tout en conservant la volonté de maintenir une agriculture forte sur les territoires et de garantir notre souveraineté alimentaire. Pour la première fois, le monde de l’eau et celui de l’agriculture ont fait un pas de côté en s’adressant à l’autre. On devrait aller encore plus loin en organisant le ‘‘Varenne de l’eau, du tourisme, de l’industrie, de l’aménagement et de l’urbanisme’’ !
Il est important de mesurer toutes les externalités de la politique de l’eau, quand on sait que 1 euro investit dans l’univers de l’eau peut rapporter 3 ou 4
en d’autres domaines !

RCL : L’agriculture est le premier consommateur d’eau...

T.M. : Effectivement, mais le réchauffement climatique impose à tous de se remettre en cause. C’est pourquoi, les conclusions du Varenne devraient encourager l’action et la mobilisation des territoires autour d’une gestion globale, du partage et des économies d’eau. D’où l’importance de l’approche partenariale et concertée, car l’agriculture seule ne peut répondre aux enjeux de l’eau. La problématique est transversale.

RCL : La Commission européenne a récemment attaqué la France, car une centaine de villes françaises rejettent des eaux usées non conformes à la directive euro- péenne. Comment expliquez-vous que la France soit encore à la traîne ?

T.M. : La France a figuré longtemps parmi les meilleurs élèves de l’Europe. Sur le littoral, nous avons construit nos stations d’épuration, dix ou quinze ans avant nos voisins italiens. Mais le sous-investissement chronique a un coût environnemental. C’est ainsi que la France se retrouve reléguée dans la deuxième partie du classement européen de la qualité des eaux de baignade. Pourtant, nous sommes à la pointe de la technologie mondiale en matière de traitement des eaux usées et de gestion des eaux pluviales.

RCL : La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) est une question que vous suivez avec attention à la FP2E. Pourquoi la France est-elle en retard ?

T.M. : Jusqu’à présent, l’urgence en France a été moindre qu’en Italie ou en Espagne, deux pays référents avec Israël en matière d’utilisation des eaux usées. En effet, La France reçoit à peu près 500 mil- liards de m3 d’eau chaque année. Ce qui est important par rapport à ses besoins. Pourtant, nous vivons, chaque année, des tensions de plus en plus pressantes sur la ressource. Certes, aujourd’hui nous traitons nos eaux usées afin de ne pas polluer le milieu naturel dans lequel nous les rejetons, mais désormais, il faudrait les réutiliser. Alors que l’Italie réutilise 9 % de ses eaux usées et l’Espagne 13 %, la France stagne à moins de 1 %. Il faut désormais passer à la vitesse supérieure.

Propos recueillis par Danièle Licata 

Mon eau & Moi, l’appli pour contrôler sa conso d’eau… mais pas que

Une application mobile, un assistant vocal et un espace numérique. Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) et son délégataire, Veolia Eau d’Île-de-France viennent de lancer trois nouveaux outils digitaux qui permettront aux 4,6 millions de consommateurs des communes approvisionnées en eau potable par le service public de l’eau, d’accéder à toutes les informations et services pour une plus grande connaissance et une meilleure maîtrise de leur consommation.

Avec le lancement de la marque relationnelle Mon eau & Moi, qui comprend une application mobile, un assistant vocal et un espace consommateur, le Syndicat des Eaux d’Île-de-France (Sedif) et son délégataire Veolia, visent deux objectifs : tout d’abord favoriser les échanges avec l’ensemble des consommateurs y compris ceux qui ne sont pas abonnés. « Sur les 4,6 millions de consommateurs en Île-de-France, 600 000 seulement sont des clients directs. Pour les 4 millions autres, le prix de l’eau est inclus dans les charges », explique Nathalie Duchevet, directrice générale de Veolia Eau Île-de-France. Sandrine Meynier, chargée de mission au sein du syndicat des eaux d’Île-de-France enfonce le clou : « Pouvoir s’adresser directement à tous les consommateurs, qui nous utilisent tous les jours, était un véritable enjeu. » Autre objectif : permettre à chacun de se rapprocher de l’eau de sa localité. Ces outils indépendants et complémentaires, mis à disposition du grand public depuis avril dernier délivrent des services, des informations et des astuces personnalisés utiles pour permettre une plus grande connaissance et une meilleure maîtrise de l’eau aux habitants des 135 communes de la région qui dépendent du Sedif, qu’ils soient ou non abonnés au service public de l’eau.

L’APPLI MON EAU & MOI DISPONIBLE SUR L’APP STORE ET SUR GOOGLE PLAY

Disponible sur l’App Store et sur Google Play, l’application propose aux abonnées ou non au service public de l’eau des informations sur la qualité de l’eau du robinet et sur son origine, un simulateur de consommation, des astuces pour maîtriser au mieux ses usages, des informations en temps réel sur l’état du réseau. « Contrôler sa consommation en temps réel permet non seulement de réaliser des économies financières mais aussi de préserver la ressource. C’est un des objectifs que nous avions clairement annoncés dans notre cahier des charges » précise Sandrine Meynier. « Sur l’application, on peut se comparer à un citoyen vertueux ou trouver des astuces pour réduire sa consommation », ajoute Nathalie Duchevet. L’application permet à chacun de se rapprocher de l’eau de sa localité. « Lorsque l’on ouvre son robinet, un geste naturel mais qui engendre de nombreuses questions. L’application mobile vous informe, désormais, sur la qualité, l’origine ou sa composition. Et chacun pourra aussi poser toutes les questions au Service public de l’eau » précise Sandrine Meynier. L’application permet aussi d’être informé sur d’éventuels travaux ou problèmes d’approvisionnement. En cas de coupure d’eau, l’outil indique en temps réel sa durée, le délai d’intervention ainsi que les lieux pour bénéficier d’un secours en eau. « Ces informations seront disponibles à condition de créer un espace consommateur sur l’application », rappelle Nathalie Duchevet. Et par le biais de l’application, les usagers pourront même signaler des incidents dans leur rue, comme une fuite ou une borne d’incendie ouverte. L’objectif étant d’améliorer le rendement du réseau grâce aux usagers vigilants. Et ainsi diminuer les pertes en eau sur les 8 700 kilomètres de tuyaux qui parcourent l’Île-de-France, même si le rendement est aujourd’hui performant à plus de 90 %.

L’APPLI VOCALE VIA LE GOOGLE ASSISTANT

Chaque consommateur, abonné ou non, peut désormais poser toutes les questions qu’il souhaite au service public de l’eau, en demandant à parler à Veolia Eau d’Île-de-France, sur la qualité, l’origine, la composition de son eau du robinet. Il pourra aussi signaler une fuite sur la voirie, jouer à un quiz et obtenir des astuces de consommation, trouver des informations sur les démarches, bref, en apprendre davantage sur la gestion du service public de l’eau. Et s’il est abonné, il pourra également mieux comprendre sa facture, modifier des informations personnelles...

L’ESPACE CONSOMMATEUR MON EAU & MOI

Les consommateurs non abonnés du territoire peuvent désormais, au même titre que les abonnés, créer leur espace personnel. Ils disposent alors de différents canaux de communication pour échanger avec le service public de l’eau et lui poser toutes leurs questions. À terme, l’espace consommateur s’enrichira de nouvelles fonctionnalités afin de permettre aux consommateurs de s’engager davantage pour une meilleure utilisation de la ressource. L’espace consommateur est accessible à partir du site vedif.eau.veolia.fr et également depuis l’application Mon eau & Moi.

Danièle Licata

Un nouvel acteur dédié au financement de projets dans le secteur de l’eau et des déchets

SUEZ Investissement Local, c’est la société commune de SUEZ et Vauban Infrastructure Partners – affilié de Natixis Investment Managers, qui ambitionne de financer 500 millions d’euros de projets d’ici 2025, dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et des déchets qu’il s’agisse de construction ou rénovation d’usines de production d’eau potable ou d’assainissement, d’unités de valorisation énergétique des déchets ou encore d’unités de méthanisation des déchets organiques ou des boues d’épuration. Dans le cadre de ce partenariat de long terme, SUEZ portera les responsabilités industrielles des opérations de construction et d’exploitation des infrastructures et demeurera ainsi l’opérateur local stable et l’interlocuteur privilégié des collectivités territoriales. Vauban Infrastructure Partners apportera quant à lui son expertise en matière de financement d’infrastructures et investira à long terme dans ces projets, en fonds propres, par l’intermédiaire de ses fonds d’investissement. « A l’heure où la transition écologique est une urgence, SUEZ Investissement Local permettra d’accélérer le développement de projets verts pour les territoires, avec une ambition d’un demi-milliard d’euros de projets financés entre 2020 et 2025 » a déclaré Jean-Marc Boursier, Directeur Général Adjoint, en charge de la Région France et des Opérations du Groupe SUEZ.

Covid-19 : les Présidents des Comités de Bassin proposent de réactiver les politiques de l’eau

 

Dans un courrier daté du 5 juin dernier, les sept Présidents des Comités de Bassin alertent le Premier ministre sur les conséquences de la crise sanitaire sur le plan de charges des entreprises de l’eau dont les activités sont en parties dépendantes de l'intervention des Agences. En effet, les conséquences de la crise sanitaire qui frappe le secteur des travaux publics, dont les entreprises de l’eau font partie, sont sans précédent, avec un recul d’activité de 89% du fait du confinement d’après les données de l’Insee publiées fin mars 2020. Et donc, un chiffre d’affaires fortement dégradé. Les signataires du courrier estiment que sans faire appel à des moyens nouveaux « les Agences de l’eau sont en mesure de lancer sans délai un "plan de soutien" qui réponde aux objectifs de la politique de l'eau » et demandent d’accorder aux agences l’autorisation de débloquer environ 500 millions d’euros, sans hausse de la fiscalité, pour venir en aide à ces entreprises. Et en fonction de l'évolution de la situation, les présidents proposeront « à la rentrée de septembre, si nécessaire, une seconde étape dont le financement pourrait être assuré ». Ils craignent que tout retard de la mise en place de ces plans n’occasionne le report de nombreux projets.

Les agences de l’eau mobilisées pour la reprise de l'activité dans le secteur de l’eau

Réunis par téléphone en début de semaine, pour évoquer la reprise des chantiers d’eau et d’assainissement ainsi que les actions immédiates permettant au secteur de faire face à la crise, Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, le président du comité national de l’eau, Jean Launay ainsi que les présidents de comité de Bassin ont appelé l’ensemble des maîtres d’ouvrage et des acteurs de la filière « eau » à reprendre en toute sécurité et sans tarder les chantiers de renouvellement de canalisations, les grosses opérations de maintenance, ou encore les travaux de sécurisation dont une large majorité ont été arrêtés ou différés.

Des aides immédiatement disponibles

Pour les y aider, Emmanuelle Wargon a dressé un panorama des mesures d’urgence que prennent les Agences de l’eau, établissements publics de l’Etat, pour aider le secteur de l’eau à faire face à crise sanitaire. Dans l’immédiat, elles mettent en place des aides aux collectivités et aux industriels pour faire face au surcoût de la gestion des boues non hygiénisées dont l’épandage direct a été interdit par précaution pour éviter tout risque de contamination. Elles accélèrent le versement des acomptes de subventions et de primes pour soulager la trésorerie des maîtres d’ouvrages et des entreprises, et ainsi accompagner la reprise des chantiers. Enfin, elles simplifient leurs procédures et rallongent les délais des conventions et des appels à projets pour que les collectivités et entreprises puissent y répondre, au vu des conditions de travail rendues compliquées par la crise sanitaire. Selon la secrétaire d’Etat, les Agences de l’eau préparent également des adaptations temporaires de leurs règles d’intervention pour soutenir la reprise des investissements dans le domaine de l’eau, en faveur des services d’eau et d’assainissement, mais aussi de l’ensemble de la feuille de route issue des Assises de l’eau : la protection de la ressource en eau et des milieux aquatiques, de la lutte contre les pollutions et des économies d’eau. Ce dernier volet est d’autant plus important que la situation hydrologique montre que plusieurs départements doivent se préparer à une nouvelle sécheresse estivale.

 

 

150 M€ de crédits dans le domaine de l’eau et l’assainissement

La Caisse d’Epargne s’est vue attribuer de la part de la Banque européenne d’investissement (BEI) une enveloppe de 150 millions d’euros destinée à financer au moins 300 millions d’euros de projets dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Cette enveloppe porte sur des investissements publics et privés dont le montant est compris entre un million et 50 millions d’euros, sur l’ensemble du territoire français (Métropole, Corse et DOM). Pour bénéficier de l’enveloppe de financement, les projets dans le secteur de l’assainissement concernent par exemple la construction ou la mise aux normes des stations d’épuration ; l’extension ou la réhabilitation de réseaux de collecte, collecteurs et stations de pompages ; le traitement et la valorisation de boues d’épuration ; la production d’énergies renouvelables. Dans le secteur de l’eau potable sont finançables des projets tels que la construction ou la mise aux normes des stations de traitement des eaux ; l’extension ou la réhabilitation de réseaux de distribution d’eau, de conduites d’adduction et de stations de pompage ; la réduction des fuites dans les réseaux ; la protection des captages ; le développement de ressources alternatives et de secours ; la production d’énergies renouvelables, etc. De la même manière, le domaine de la biodiversité pourra faire l’objet de financement comme pour la restauration de cours d’eau ou la lutte contre la pollution diffuse. Enfin les financements concerneront également le domaine de la lutte contre les inondations et l’érosion côtière: la construction et la réhabilitation de digues et d’autres ouvrages et aménagements de protection, y compris de protection côtière.

L’eau est-elle un enjeu électoral ?

Pour répondre à cette question cruciale à quelques semaines des élections municipales, le Cercle français de l’eau organise un cycle de trois conférences à l’attention des maires. Le premier débat, organisé dans le cadre du Salon des Maires et des Collectivités Locales, posera la question du prix de l’eau, sujet de campagne avancé par certains élus. Quels effets sur la consommation des usagers ? Quelles conséquences sur le long terme ?(Mercredi 20 novembre de 12 h 30 à 13 h 30  SMCL : Porte de Versailles Paris 15). Le 11 décembre, un débat sur le millefeuille des services publics d’eau et d’assainissement » sera l’occasion de revenir sur la compétence eau et assainissement, le regroupement des collectivités et les conséquences pour les services de l’eau et de l’assainissement ainsi que le regard que portent les associations d’élus et les professionnels de l’eau sur la loi « engagement et proximité » (Mercredi 11 décembre de 9 h 00 à 10 h 00, Maison des Travaux Publics, Paris 8). Une dernière rencontre sera consacrée à la tarification sociale de l’eau (Mercredi 15 janvier de 9 h 00 à 10 h 00 Maison des Travaux Publics, Paris 8e ).

www.cerclefrancaisdeleau.fr