Les collectivités locales prêtes à encourager la cyclologistique

Jusque-là inexplorée, la question de l’usage du vélo dans les déplacements professionnels fait l’objet d’une étude inédite réalisée avec le soutien du Ministère de la Transition Ecologique et l’Ademe.

L’association « les Boîtes à vélo » vise à favoriser l'essor de l'entreprenariat à vélo en France. Elle vient de dévoiler les résultats de la toute première étude consacrée à la mobilité professionnelle. Artisans, restaurateurs, prestataires de services, fonctionnaires… ils sont de plus en plus nombreux à se déplacer à vélo ou vélo-cargo à assistance électrique, ou non, et parcourent plus de 10 kms par jour. Leurs principales motivations à l’usage du vélo : les aspects écologique (600kg de CO²eq évités en moyenne par an) et le caractère efficace en milieu urbain. Le dynamisme du secteur de la cyclologistique n’est plus à prouver, près d’un quart des entreprises spécialisées -109 entreprises recensées en janvier 2021 - ont été créées depuis 2020.

Les freins à l’usage du vélo professionnel

Les deux motifs principaux des salariés qui n’utilisent pas le vélo, sont : des distances trop importantes (56%) et/ou des parcours inadaptés à l’usage du vélo (30%). Ce n’est pas l’envie/la capacité de faire du vélo qui leur manquent (6%) ou les risques de vol ou d’accidents qui les freinent dans leur usage du vélo (9%). Parmi les salariés n’utilisant pas le vélo, 77% seraient prêts à l’utiliser s’ils y étaient incités par leur entreprise.

Des employeurs et des collectivités prêts à encourager la cyclomobilité professionnelle

Les entreprises qui mettent à disposition des vélos sont plutôt des entreprises du secteur artisanal (75% parmi les répondants), de petite taille (52%), qui privilégient le vélo de service (67%) au vélo de fonction. 90% des dirigeants et 89% des salariés sont satisfaits des dispositifs de mise à disposition de vélo. Quant à elles, les collectivités locales prévoient de mettre en œuvre différentes actions pour développer l’usage professionnel du vélo, au cours des 2 prochaines années : mettre en place des aménagements spécifiques dans l'espace public et/ou faire des préconisations en la matière, sensibiliser et/ou communiquer davantage, conseiller et informer les entreprises et faciliter le développement de la cyclologistique.

Le vélo, grand gagnant de la crise sanitaire

Outre le renforcement des dispositifs déjà existants en ville, l'enveloppe de 200 millions, prévue par le gouvernement dans le cadre du plan de relance, devrait servir à financer la construction de nouvelles pistes cyclables et de nouvelles solutions de stationnement. De quoi pérenniser la pratique du vélo au-delà de la crise sanitaire.

Peur de prendre les transports en commun, prise de conscience écologique, besoin de pratiquer une activité physique… quelque soient les raisons, le vélo a la cote. En témoignent les ventes de vélos qui ont progressé de 15 % en valeur selon une étude Xerfi en 2020 après +10 % en 2019 et l’explosion de l’activité des réparateurs. L’association « Vélo et Territoires » enfonce le clou : la pratique du vélo a bondi de 27 % en moyenne par rapport à 2019 — 31 % en zone urbaine, 14 % en périurbain et 15 % en milieu rural.

200 millions d’euros dans le cadre du plan de relance

Du coup, pour accompagner cet engouement, toutes les grandes villes, Paris, Montpellier, Rennes, Nantes, Toulouse, Lyon, Lille ont lancé, à la hâte, leur propre plan vélo. Tout l’enjeu est donc de pérenniser les pistes provisoires, de les connecter entre elles et de renforcer le stationnement. Quant au gouvernement, il est au rendez-vous. Après le plan vélo de 2018, le plan de relance prévoit 200 millions d’investissements en deux ans « pour accompagner le développement d’infrastructures cyclables ». En d’autres termes, l’Etat s’engage à fournir des aides aux collectivités afin de financer des pistes cyclables mais aussi des solutions de stationnement vélo. Aux aides étatiques aux collectivités locales, s’ajoutent l’aide à l’acquisition d’un vélo électrique (500 €) et le « coup de pouce Vélo » pour réparer son vieux deux-roues avec une prise en charge de 50 euros par l’État. Sans oublier que, depuis la loi d'orientation des mobilités (Lom) du 24 décembre 2019, un employeur peut prendre en charge les frais de trajets de ses salariés lorsqu'ils utilisent un moyen de transport alternatif comme le vélo, électrique ou non. Ces « forfaits mobilités durables » d'un montant maximum de 400 euros par an et par salarié, sont exonérés d'impôt et de cotisations sociales.

Du côté des associations, on se félicite de ces mesures fortes. « Si les mesures annoncées s’inscrivent dans une période particulière de crise sanitaire, la dynamique vélo, elle, est enclenchée plus largement et plus durablement.  L’Etat confirme son soutien à l’élan donné au vélo comme mode de déplacement à part entière et comme solution pour développer une mobilité plus résiliente et durable », affirme Pierre Serne, président du Club des villes et territoires cyclables.