Six villes-pilotes adoptent le design actif pour faire bouger plus leurs habitants

Ces six “territoires-pilotes du design actif” et membres du programme Action cœur de ville serviront de laboratoires pour transformer l’espace public par le sport et inciter les Français à pratiquer davantage d’activité physique et sportive. Ce sera l’occasion également pour ces villes de consolider leur développement en construisant une nouvelle attractivité de leur centre-ville.

Le sport comme vecteur de transformation de l’espace public afin de faire bouger des Français toujours plus sédentaires, c’est l’ambition que nourrissent ensemble l’Agence nationale de cohésion des territoires et le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 à travers le développement du design actif dans les collectivités labellisées “Terre de Jeux 2024”. « Ce partenariat signé entre l’ANCT et Paris 2024 a pour objectif de faire des villes « Action cœur de ville » volontaires des démonstratrices du réaménagement de l’espace urbain en y incluant ce concept de design actif pour répondre au problème de sédentarité de nos concitoyens. Les mobilités actives, les circulations actives ou le vélo ne sont pas suffisamment présents dans nos villes. Nous devons développer la libre et ludique activité physique en ville, explique Rollon Mouchel-Blaisot, préfet, directeur du programme Action cœur de ville, cette politique publique de l’Etat lancée fin 2018 afin de soutenir le développement et l’attractivité des villes moyennes. Au moment où elles engagent des réflexions et des moyens pour requalifier leur espace public, pour repenser l’ensemble des fonctionnalités de leur ville, des circulations, pour accueillir des nouvelles, le concept de design actif est très pertinent. De plus, nous sommes dans une stratégie de construire un héritage durable qui sera présent avec les JOP2024 et qui continuera de se développer après les Jeux ».

Un enjeu de santé publique

Le design actif est un concept novateur d’aménagement de l’espace public et des bâtiments afin d’inciter l’activité physique ou sportive, de manière libre et spontanée, pour toutes et tous. « Il répond à ce problème de sédentarité parce qu’il couvre l’espace public, parce qu’il est intergénérationnel et va permettre d’imaginer les villes sportives de demain » complète Romain Lachens, directeur de l’engagement paris 2024. Selon la dernière publication de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES, février 2022), 95% de la population est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique. Un chiffre qui vient confirmer une tendance déjà très marquée : un adulte sur deux et un enfant sur cinq sont aujourd’hui en surpoids.

Les villes pilotes

Bourges (18), Châtellerault (86), Limoges (87), Plaine Commune (93), Saint-Dizier (52) et Saint-Omer (62), tous labellisés Terre de Jeux 2024, seront les premiers territoires à expérimenter le design actif avant son extension à 50 villes supplémentaires du réseau en 2022, puis 50 autres villes en 2023. Ils bénéficieront d'un accompagnement  en ingénierie sur mesure pour lancer le dispositif. « C’est une belle opportunité, un beau challenge, a déclaré Jean-Pierre Abelin, le maire de Chatellerault. Ce programme nous donne une agilité supplémentaire pour faire du sport en s'amusant. Le design actif va nous permettre d’innover ». La municipalité réfléchit à l’aménagement d’un parcours d’est en ouest de la ville pour relier la gare, la ville, la rivière (la Vienne) et l’ancienne manufacture d’armes. Le territoire de Plaine Commune, qui rassemble 9 communes de Seine-Saint-Denis (400.000 hab) et où 15% des enfants ne pratiquent aucune activité sportive, veut lui penser un urbanisme plus favorable à l’activité physique. « Nous avons élaboré une trame sportive dont la première déclinaison sera le parcours de la boucle olympique qui va relier les principaux sites olympiques et paralympiques du territoire de Plaine Commune. Seront reliés non seulement des sites emblématiques des jeux mais aussi des espaces publics qui pourront accueillir des aménagements de design actif » détaille Mathieu Hanotin, le président de Plaine Commune. D’ores et déjà 22 lieux ou espaces publics ont été identifiés pour accueillir des stations actives. « Cette boucle présente une caractéristique particulière: elle se situe dans un secteur d’intenses projets urbains et de construction d’infrastructures majeures » ajoute le président. La priorité de Quentin Brière, maire de Saint-Dizier, sera de faire en sorte que le design actif devienne un véritable outil de transformation de la ville. « Il faut se poser la question de la finalité de ce design actif : il doit permettre d’humaniser les espaces publics pour qu’ils deviennent des lieux de rencontre et de valorisation du patrimoine en reliant entre eux les différents lieux de la ville et en incluant dans la boucle les entrepreneurs locaux. Connue pour ses fonderies, Saint-Dizier a été l’atelier du Paris de la belle époque et l’activité continue grâce à des entreprises comme GHM. On ne peut imaginer le design actif sans ces entreprises ». La ville vient de lancer une grande consultation pour désigner un assistant à maîtrise d'ouvrage (AMO), qui aux côtés des designers et des urbanistes orchestrera cette transformation urbaine.

Le 1er juin prochain, dans le cadre de la biennale internationale Design  Saint-Etienne (6 avril-31 juillet 2022), se tiendra la première rencontre nationale du design actif, un moment d'échange et d’illustration pour l'ensemble des territoires Terre intéressés par cette par cette problématique. Le premier guide du design actif est quant à lui disponible sur le site de l’Agence nationale de la Cohésion des territoires.

Saint-Etienne métropole parie sur le design

En lançant le premier Observatoire territorial sur la pratique et le développement du design, la métropole veut offrir une meilleure connaissance de l’écosystème du design en France. Un secteur reconnu à la fois comme un levier de développement économique et comme un facteur de compétitivité des territoires.

« Pour mieux connaître et appréhender l’évolution du secteur du design à l’échelle nationale, et à celle de Saint-Etienne Métropole en particulier, la construction d’indicateurs mesurant l’impact du design sur un territoire, sur son développement et son rayonnement économique devient un enjeu fort pour la conduite des politiques publiques, estime Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne et Président de Saint-Etienne Métropole, seule ville française du réseau UNESCO des « villes créatives de design ». Reconnue pour sa Biennale Internationale du Design, Saint-Étienne possède également le plus important pôle de recherche design en France et abrite la Cité du Design, avec 50 designers chercheurs impliqués chaque année sur des actions de recherche. Le territoire s’est également doté d’une véritable plateforme pour accompagner sur le plan économique, scientifique, culturel et artistique, les transformations grâce au design et les outils d’innovation.

Accompagné par Épures, agence d’urbanisme, la Métropole a mis en place une méthode et les outils nécessaires à la construction d’enquêtes qui alimenteront le premier Observatoire territorial sur la pratique et le développement du design et dont la première a été lancée à l’automne et dont les premiers résultats et analyses des données sont attendus au premier semestre 2022.L’enquête viser à identifier les leviers de développement susceptibles d’être activés pour renforcer la filière professionnelle des designers. Deux nouvelles enquêtes consacrées à la « demande en design », d’une part, et aux « formations en design », d’autre part, compléteront l’étude portée en 2021. La première permettra d’évaluer les leviers du design utilisés au sein même des entreprises. La seconde a pour objectif de recenser finement les formations en design présentes sur le territoire, pour anticiper les compétences des futurs professionnels et comprendre leur mobilité professionnelle. Pour Gaël Perdriau « cet Observatoire permettra de comprendre les besoins et de dresser un état des lieux des acteurs, de leurs domaines d’activités, de leur poids économique, de leur répartition géographique et des niveaux de maturité des différentes composantes, de l’offre, de la demande et de la formation en design. »