Phase 2 du déconfinement : Edouard Philippe joue la prudence

Ouverture généralisée des parcs et jardins, ouverture des cafés et restaurants, accélération de la réouverture des écoles et des collèges, reprise progressive de la vie culturelle et sportive, fin de l’interdiction de déplacement à plus de 100 km de chez soi, ouverture des campings et des colonies de vacances…les mesures annoncées ce 28 mai par le Premier ministre étaient très attendues, par les acteurs économiques, notamment les restaurateurs et les professionnels du tourisme, fortement impactés par la pandémie, mais aussi par les Français pressés de retrouver plus de liberté. Cet assouplissement a été rendu possible grâce aux bons résultats enregistrés depuis le début du confinement selon Edouard Philippe. « Sur le plan sanitaire, les nouvelles sont bonnes mais nous devons rester prudents et vigilants. Le virus est encore présent sur l’ensemble du territoire mais nous en sommes là où nous espérions être à la fin du mois de mai » s’est félicité le chef de l’exécutif. « Tous les départements vont bénéficier de nouvelles mesures fortes de déconfinement » a-t-il annoncé. A l’exception de l’Ile-de-France, où le département du Val-d’Oise est particulièrement touché, Mayotte et la Guyane où le « déconfinement sera un peu plus prudent que sur le reste du territoire » car le virus y circule encore de manière active.

 

Les gestes barrières maintenus

Pendant cette deuxième phase du déconfinement qui « permettra de reprendre une vie presque normale » à compter du 2 juin, les gestes barrières resteront la règle a rappelé le Premier ministre. Ainsi, la limitation des regroupements à 10 personnes dans l’espace public reste la règle. Le recours au télétravail doit être privilégié par les employeurs et le port du masque toujours recommandé dans les espaces publics. Et « continuer de veiller aux personnes vulnérables » a-t-il ajouté.

 

Certains lieux culturels devront encore patienter

S’il est prévu que la vie culturelle puisse reprendre petit à petit, seules les salles de spectacle, gymnases, salles de sport et piscines situées dans les zones vertes pourront rouvrir leurs portes à partir du 2 juin à condition de respecter les règles de distanciation physique. Les parcs de loisirs pourront eux aussi accueillir des visiteurs avec jauge maximale de 5000 personnes afin d’éviter les brassages de populations. « Notre plus grand adversaire sont les grands rassemblements, dans les lieux couverts et sans organisation particulière » a précisé le Premier ministre. Les cinémas quant à eux ouvriront à compter du 22 juin sur l’ensemble du territoire.

 

Réouverture des frontières

Le Premier ministre s’est dit « favorable » à la réouverture des frontières avec l’Europe, dès le 15 juin, si la situation sanitaire le permet. A cette date, sera évaluée de manière collégiale avec l’ensemble des pays européens si les frontières extérieures à l’Europe doivent ouvrir. Quant aux déplacements vers les territoires ultramarins, plus fragiles par leurs infrastructures sanitaires, des contrôle stricts de déplacement seront appliqués vers ces territoires. « Nous allons expérimenter une nouvelle forme de quatorzaine avec un test réalisé au bout de 7 jours » a indiqué Edouard Philippe qui juge toutefois « raisonnable » de limiter les déplacements.

 

La troisième étape prévue du confinement sera présentée le 22 juin prochain.

 

Le vélo, un outil décisif de post-confinement

C’est le constat dressé par le réseau Vélos et territoires dans la première édition de son bulletin bimensuel de suivi de la fréquentation cyclable. « Il figure en bonne place du renouveau qui s’offre à nous pour envisager un nouveau système de mobilité, ainsi que pour la reprise de l’activité et l’économie de notre pays » selon le réseau. « Et en garantissant la distanciation physique minimum, en améliorant la qualité de l’air et en offrant une activité physique régulière, le vélo est triplement efficace pour lutter contre la propagation du Coronavirus. Il est un geste barrière par excellence ». La première édition de ce bulletin montre que la pratique cyclable dépasse le niveau d’avant crise malgré une météo pluvieuse. La fréquentation enregistrée sur la première semaine de déconfinement est de 44 % supérieure à la moyenne comptabilisée entre le 1er janvier et le 17 mars. De bons résultats, d’une ampleur inédite, qui s’inscrivent dans une tendance à la hausse de la pratique du vélo. Ce bulletin, édité en lien avec le ministère de la Transition écologique et solidaire sera publié tous les quinze jours.

Les chiffres clés de la première semaine de déconfinement

 

La MEL aménage plus de 12 km de pistes cyclables temporaires

Depuis le 11 mai, date du début de déconfinement, les premiers aménagements de pistes cyclables temporaires sont apparus dans la Métropole lilloise qui a proposé aux principales villes de travailler sur des solutions « d’urbanisme tactique », afin de privilégier la pratique du vélo. « Avec ces pistes cyclables temporaires, la MEL réaménage l’espace public des villes pour faciliter la distanciation sociale et lutter ainsi contre la diffusion du virus COVID-19. J’invite les métropolitains qui le souhaitent à profiter de ces aménagements pour changer leurs habitudes et préférer le vélo pour leurs déplacements quotidiens : un mode de déplacement à la fois bon pour l’environnement, et sûr du point de vue sanitaire» a déclaré Damien Castelain, Président de la Métropole Européenne de Lille (MEL). Pour réaliser ces nouvelles voies, la Métropole Européenne de Lille mène des opérations de signalisation et de marquage au sol. Au total, l’ensemble des aménagements représente un linéaire cyclable de 12,5 km rendu possible par la suppression de files de circulation routière au profit des cyclistes et des bus. Par ailleurs, 3,4 km de pistes sont aménagés le long de lignes de transports collectifs lourds (métro et tramway), permettant aux usagers habituels des transports collectifs de privilégier également le vélo.

 

Restrictions pour quatre régions, règles strictes dans les transports en commun, accès aux plages… des précisions sur le plan de déconfinement

« Lundi 11 mai sera le premier jour d’une nouvelle phase qui demandera aux Français responsabilité et discipline » a prévenu le premier ministre Edouard Philippe qui présentait jeudi après-midi, aux côtés de ses principaux ministres, les grandes lignes de la levée progressive du confinement instauré le 17 mars 2020 sur l’ensemble du territoire. En l’absence d’un vaccin, la seule façon de vivre « est de nous en protéger » a-t-il déclaré. Dans la majeure partie du territoire la vague épidémique a pu être contenue. Les départements concernés, dits « verts » pourront dès lundi ouvrir les collèges, les parcs, les jardins et les petits musées. Il sera possible de se déplacer, sans autorisation, dans un rayon de 100 kilomètres, Et si leur situation évolue favorablement dans trois semaine, une nouvelle phase de déconfinement pourra être envisagée début juin, selon le chef de l’exécutif. A contrario, la situation reste tendue dans quatre régions métropolitaines– l’Ile-de-France, les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est – qui devront faire preuve d’une extrême vigilance pour limiter la circulation active du virus. Dans ces zones dites « rouges », le déconfinement sera plus strict. Les déplacemement y seront autorisés dans la limite de 100 kilomètres mais les collèges, parcs et jardins resteront fermés. A Mayotte où le nombre de contamination augmente, le déconfinement est repoussé.

Port du masque obligatoire dans les transports

S’agissant des transports en commun où le port du masque est rendu obligatoire, l’objectif est d’en limiter l’accès pour éviter la propagation du virus. En-Ile-de-France notamment, à la demande de Valérie Pécresse, présidente d’Ile-de-France Mobilités, leur accès sera limité, aux heures de pointes, aux personnes munies d’une attestation de leur employeur ou obligées de se déplacer pour motif impérieux. « Pour limiter la demande, le télétravail pour tous ceux qui le peuvent restera la règle, a indiqué Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique. « Nous voulons également limiter au maximum le trafic automobile et les risques de bouchons qui pourraient générer des pics de pollution ainsi que le blocage des axes routiers. Le covoiturage et les mobilités alternatives à la voiture sont donc encouragés », a ajouté la ministre. C’est notamment le sens du plan vélo doté de 20 millions d’euros présenté la semaine dernière par son ministère pour favoriser la pratique du deux-roues pendant le déconfinement.

Ouverture des plages sous condition

D’autres sujets ont également été abordés comme la question de l’accès aux plages que réclament depuis quelques semaines les maires des communes littorales. Si la règle reste la fermeture de ces espaces littoraux, des autorisations pourront être accordées par les préfets à la demande des maires, a indiqué le ministre de l’Intérieur. Concernant les frontières avec l’espace européen, elles resteront fermées jusqu’au 15 juin prochain. Les frontières avec les espaces non-européens restent fermées jusqu’à nouvel ordre. Le ministre de l’Economie, Bruno Le maire a quant à lui annoncé que les conditions étaient à présent réunies pour un redémarrage de l’activité économique. Le 11 mai prochain, ce sont donc plus de 400.000 entreprises qui reprendront leur activité. Et selon le ministre de l’Education, Michel Blanquer, 85% des écoles devraient ouvrir leurs portes la semaine prochaine et accueillir environ un million d’écoliers. « Ce ne sera pas une vie normale mais le début d’une nouvelle phase, a annoncé le Premier ministre. Les semaines qui viennent seront abordées avec pragmatisme, avec l’aide des maires que nous avons placé au centre du déconfinement mais aussi avec les élus locaux et les préfets ».

Une pétition pour la réouverture des plages dès le 11 mai

En soutien à la demande de nombreux élus de communes littorales qui réclament, dans la cadre du déconfinement, la réouverture de l’accès aux plages, Hervé Morin, président de la Normandie a lancé une pétition en ligne https://www.normandie.fr/libereznosplages et adressé une lettre au Président de la République pour lui demander d’autoriser leur réouverture dès le 11 mai. « La Normandie est l’une des régions où le COVID19 circule le moins et où, de ce fait, le déconfinement territorialisé prend tout son sens, a écrit Hervé Morin dans son courrier à Emmanuel Macron. Parce que nous partageons votre décision d’un déconfinement mené progressivement et dans des conditions permettant le respect strict des mesures de distanciation sociale, nous appelons aujourd’hui à la réouverture de l’accès au littoral normand sans attendre juin ». La Normandie dispose en effet de plus de 600 km de côtes, bordées, pour la plupart, par des plages immenses. Celles-ci constituent un élément indissociable du patrimoine des Normands qui les fréquentent régulièrement. "Nous pensons, dans cette période transitoire du 11 mai au 2 juin, qu’elle pourrait être limitée aux périodes de marée basse et à des activités ne présentant aucun risque, comme les promenades, la course à pied, des activités nautiques, la pêche à pied ou les entrainements équestres. La décision d’ouvrir ou non les plages serait confiée aux Maires, de même que la mise en œuvre des règles locales d’accès à la mer qui complèteraient le cadre national » a plaidé le président de la Normandie.

Déconfinement : la différenciation territoriale sera appliquée

Si le coronavirus continue à circuler fortement dans certains territoires comme l’Ile-de-France ou le Grand Est, sa présence reste très faible dans des départements comme la Lozère, les Landes ou la Charente. Ce constat avait conduit certains élus locaux à demander au gouvernement « un déconfinement régionalisé pour favoriser la reprise de l'activité ». Un point sur lequel ils ont obtenu gain de cause avec l’annonce faite par le premier ministre Edouard Philippe, lors de la présentation mardi 28 avril 2020 de son plan de déconfinement, « de prendre en compte ces différences dans la façon dont le dé-confinement doit être organisé ». Car la circulation du virus n’est pas uniforme dans le pays. « Certaines parties ont été durement touchées, certains territoires connaissent encore aujourd’hui, après 6 semaines de confinement, un nombre quotidien significatif de nouveaux cas, mais dans d’autres, le virus est quasiment absent » a fait savoir le Premier ministre. Sa stratégie : procéder progressivement au déconfinement en différenciant en fonction des territoires. Et s’agissant des déplacements interdépartementaux, ils seront autorisés aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux, ceci afin de limiter la propagation du virus.

Différencier les départements

Afin d’identifier les départements dans lesquels le déconfinement pourrait prendre une forme plus stricte, la direction générale de la santé et Santé Publique France ont établi trois ensembles de critères : un taux élevé de cas nouveaux dans la population sur une période de 7 jours, ce qui montrerait que la circulation du virus reste active ; des capacités hospitalières régionales en réanimation tendues ; et enfin, un système local de tests et de détection des cas contacts qui ne soit pas suffisamment prêt. C’est à partir de ces indicateurs qu’il sera déterminé, le 7 mai prochain, quels départements basculeront le 11 mai en catégorie « rouge », à savoir circulation élevée du virus, ou « vert », circulation limitée.

 

 

 

Déconfinement : Emmanuel Macron dévoile sa stratégie devant les élus

A l'issue de l'entretien d'Emmanuel Macron avec 22 maires de France jeudi 23 avril, Maxance Barré conseiller politique du Président, Mathias Ott conseiller Cohésion des Territoires  et Joseph Zimet, conseiller communication de l'Elysée, ont rapporté les premières grandes lignes du déconfinement lors d'une conférence de presse audio. "Déconfinement sous haute tension" rétorquent les maires, alors que sa bonne marche repose entièrement sur leurs épaules. 

Trois mots d’ordre : progressivité, concertation et adaptation aux réalités locales. Alors que certains élus régionaux préconisaient récemment un déconfinement régional, le chef de l’Exécutif  a tranché : le déconfinement se fera au niveau national mais « sera adapté localement » et permettra les déplacements d’une région à une autre. Il devra se préparer en concertation avec les maires qui seront en première ligne de ce dispositif. Ces derniers seront notamment sollicités pour la réouverture progressive des écoles, en fonction du contexte local, et priorité sera donnée aux plus jeunes et aux enfants qui rencontrent le plus de difficultés. « Le retour des élèves se fera sur la base du volontariat des parents à condition de pouvoir justifier leur suivi scolaire» précise-t-on à l’Elysée. La présence, des enseignants, elle, sera obligatoire.

Masques recommandés dans les lieux publics

Alors qu’un cahier des charges est en cours de réalisation sur le fonctionnement des transports en commun dès le début du déconfinement, avec des précisions les principes de sécurité et de distanciation, une chose est sûre : le port du masque sera obligatoire. Et comme son utilisation est fortement recommandée dans les espaces publics, ce sont les collectivités qui devront en assurer la logistique. « l’Etat encourage les maires à se procurer massivement des masques alternatifs pour leurs administrés » précise l’Elysée. Pour cela ils bénéficieront d’une aide financière dont le montant n’a pas encore été communiqué.

39 M€ pour l'aide alimentaire

Quant aux aides sociales, un sujet également abordé au cours de cette réunion, elles ont fait l’objet d’une communication de la part du ministre du Logement, Julien Denormandie et de Mme Christelle Dubos secrétaire d’Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé. Les deux ministres ont annoncé un plan d’urgence pour l’aide alimentaire doté de 39 millions d’euros, destiné à soutenir les associations et les territoires en difficulté, en appui au plus de 15 millions d’euros déjà mis en œuvre pour l’aide aux besoins de première nécessité pour les sans-domicile fixe.

Le président, enfin, s’est engagé à « ne pas laisser tomber » les collectivités qui rencontrent des difficultés financières. Et évoquant la question du report du second tour des élections municipales, Emmanuel Macron attend les conclusions du rapport du Conseil scientifique qui lui sera remis le 23 mai prochain. Dès la semaine prochaine, une grande concertation sera menée entre les élus locaux et le « Monsieur déconfinement » du gouvernement, Jean Castex. Mais en attendant la présentation d’un plan plus abouti, ces derniers restent inquiets quant à la responsabilité qui leur incombe.

* Etaient présents à la réunion du jeudi 23 avril 2020 : François BAROIN, Président de l’Association des maires de France, AMF, maire de Troyes • Caroline CAYEUX, Présidente de Villes de France, maire de Beauvais • Jean-Luc RIGAUT, Président de l’Association des communautés de France (ADCF), Maire d’Annecy • Jean-Luc MOUDENC, Président de France Urbaine, maire de Toulouse • Michel FOURNIER, Vice-Président de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF), maire de Voivres (Vosges) • Christophe BOUILLON, Président de l’Association des petites villes de France (APVF), député de Seine-Maritime. • Anne HIDALGO, Maire de Paris • Marc VUILLEMOT, Président de l’association Villes et banlieues, maire de La Seyne-sur-Mer • Gérard COLLOMB, maire de Lyon • Jean-Claude GAUDIN, maire de Marseille • Olivier KLEIN, maire de Clichy-sous-Bois, Président de l’Association nationale pour la Rénovation urbaine • Luc BOUARD, maire de La Roche-sur-Yon •Guillaume DELBAR, maire de ROUBAIX • François BAYROU, maire de Pau, Denis THURIOT, maire de Nevers • Gilles POUX, maire de La Courneuve • Laurent MARCANGELI, maire d’Ajaccio • Christian ESTROSI, maire de Nice • Joël LE JEUNE, maire de Trédrez-Locquémeau • David LISNARD, maire de Cannes, Michèle LUTZ, maire de Mulhouse • Eric PIOLLE, maire de Grenoble.

 

Déconfinement : les conditions d’aménagements temporaires cyclables à l’étude

A la demande d'Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, le Club des villes et territoires cyclables qui rassemble plus de 2000 collectivités territoriales est chargé de recueillir toutes manifestations d’intérêt et initiatives des collectivités volontaires pouvant rapidement être expérimentées en matière d’aménagements cyclables temporaires, en coordination avec les services de l’Etat et les acteurs associatifs en faveur du vélo. « Favorisant la distanciation sociale, adapté aux trajets de courte ou moyenne distance tolérés dans le cadre du confinement et probablement du déconfinement, le vélo apparaît en effet comme une solution de déplacement cohérente, en plus d’être écologique et peu coûteuse » estime-t-on au Club des villes et territoires cyclables. Quelques villes en France, dont Grenoble, Montpellier ou Paris, ont déjà manifesté leur intérêt à suivre cette dynamique particulièrement intéressante pour les mobilités actives, associée aux aménagements dits « tactiques ».