Christine Leconte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes : « Il faut changer la manière de concevoir les projets urbains avec un mot d’ordre : réparons la ville »

« On ne réfléchit plus à l’aménagement du territoire depuis plusieurs décennies », déplore Christine Leconte, architecte et présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes dans un plaidoyer porté par l’Ordre et ses élus, intitulé « Habitats, Villes, Territoires, l’architecture comme solution ». Rencontre avec une architecte qui défend bec et ongles un nouveau modèle d’urbanisme.

 

RCL : Vous venez de rendre public un plaidoyer porté et rédigé par les élus de l’Ordre des architectes intitulé « Habitats, Villes, Territoires, l’architecture comme solution ». Pourquoi ce plaidoyer ?

 

Christine Leconte : Parce qu’il y a urgence à changer de modèle. C’est un plaidoyer pour enfin, agir : nos villes sont les grandes oubliées des débats présidentiels. Pourtant, ce sont elles qui fondent les relations humaines. Or, face aux crises du climat et de la biodiversité aggravées par les pénuries des ressources dues au contexte géopolitique, nous, les architectes, ne pouvons plus attendre : il faut proposer une vision courageuse de la ville, à la hauteur des enjeux du siècle. Nous plaidons, après quarante années à fabriquer la ville facile, la ville qui s’est contentée d’avancer en occupant les espaces libres, sans se questionner sur son bon sens, pour un autre modèle plus résilient. Ce plaidoyer est un cri d’alarme, un appel au changement qui, hasard du calendrier, est sorti deux jours avant la publication du rapport du GIEC. Mais alors qu’il y a urgence à adapter la ville qui nous entoure aux chocs qui commencent, nous privilégions encore l’étalement urbain et la construction neuve. Il est temps d’en assumer l’héritage et d’engager sa transformation. En réparant la ville pour la rendre adaptable à tous, on bâtit une ville qui donne envie d’y poser ses valises. C’est pourquoi, ce plaidoyer s’adresse à tous, aux citoyens, aux élus, et plus encore à l’ensemble des décideurs. Car une fois de plus, il y a urgence. Trois personnes sur quatre, en 2100 subiront plus de 20 jours de canicule par an. Deux communes sur trois seront exposées (et le phénomène est déjà enclenché) à un risque naturel. Or aujourd’hui 66 % des déchets proviennent du secteur du bâtiment. Partant de là, se pose naturellement la question de l’aménagement de nos territoires de façon plus durable mais également de la façon dont les pouvoirs publics, les élus locaux et les architectes vont pouvoir travailler main dans la main pour construire la ville autrement en s’adaptant aux nouvelles contraintes pour survivre. Au-delà de s’adapter, l’autre défi est d’atténuer : comment on diminue nos gaz à effet de serre, en d’autres termes comment fait-on pour que la construction cesse d’être le plus gros pollueur, alors qu’aujourd’hui on sait bâtir avec zéro émissions carbone ? Vous l’aurez compris, ce plaidoyer est avant tout un plaidoyer pour les territoires. Un plaidoyer de la proximité, un plaidoyer pour élus en les incitant à plus d’anticipation et d’appropriation de leur commune.

À travers le plaidoyer vous alertez sur la vulnérabilité des territoires. Quelles sont les menaces à l’œuvre et à venir ?

C.L. : Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des enjeux sociétaux majeurs face aux aspirations de nos concitoyens, compte tenu du contexte social, sanitaire et géopolitique. Des « gilets jaunes », à la crise de la Covid en passant par la guerre en Ukraine et ses implications directes sur le pouvoir d’achat des Français, les crises se percutent et renforcent la volonté de tout un chacun de vivre dans un cadre aménagé à même de rendre le quotidien plus facile, plus durable et plus résilient. Alors que l’étalement urbain continue et que les constructions neuves prolifèrent, une nouvelle vision de la construction s’impose pour mieux répondre à nos besoins et à nos attentes. Regardons déjà ce que nous avons et apprenons à réparer ce que nous avons, en bâtissant une ville qui donne tout simplement envie d’y vivre. Le territoire français est extrêmement équilibré car complémentaire ; entre métropoles, villes moyennes et communes rurales, cette imbrication territoriale est essentielle et riche de créativité.

Après quarante ans d’urbanisation, est-ce que la ville est réparable ?

C.L. : Réparer, oui c’est possible, mais il ne faut pas négliger le rêve des Français en imposant des formes urbaines inadaptées à leurs inspirations. Après les confinements, ils ont manifesté à travers de nombreux sondages, des envies de calme, de nature, de proximité mais également de confort. Ils souhaitent une relation apaisée avec leur ville. Aujourd’hui, pour résoudre cette équation, nous allons devoir travailler à fabriquer une ville à partir de la ville existante en la transformant, en la réparant tout en respectant le bâti existant pour mener de nouveaux projets dans lesquels les maisons individuelles auront leur place mais qui existeront sous une autre forme, en imaginant une forme de densification douce, en y incluant d’autres typologies d’habitations, des commerces, une école. Bref, travailler à réparer la ville et s’éloigner de ce que nous avons construit des décennies durant en développant le royaume de la voiture. On comprend que les élus doivent jouer un rôle majeur dans ce nouveau modèle. Avant chaque nouveau projet, un diagnostic de l’existant qui permet une meilleure appropriation de sa commune, s’impose. On ne réhabilite pas de la même façon à Limoges qu’à Nice ! Chaque ville possède ses propres caractéristiques qui fondent son identité. Aujourd’hui, il s’agit de partir de ce que le territoire peut offrir pour construire son propre mode de vie. Car habiter ne relève pas d’une seule question de logements. Dès lors qu’un maire écrit son récit il est en mesure de construire son plan d’urbanisme cohérent dans lequel toute la population s’inscrit.

Quel est le rôle des architectes ?

C.L. : Il faut que les élus travaillent main dans la main avec les architectes. Notre rôle est de se positionner plus en amont des projets. C’est pourquoi une de nos propositions est de permettre aux élus d’avoir accès à un architecte, via les services publics de l’architecture ou via un architecte conseil au sein de sa commune, afin de les accompagner dans leurs projets de construction, en les aidant à identifier les ressources dans le bâti déjà existant, mais aussi en les aidant à mieux appréhender en amont les enjeux de la commune. À titre d’exemple : sur la seule région d’Île-de-France, 2700 friches ont été recensées, soit 4000 hectares ! Et bon nombre d’exemples prouvent que la réhabilitation, ça marche ! À Paris, qui se rappelle aujourd’hui ce qu’était le 104, ce lieu culturel à la mode ? Il a été un abattoir et encore avant des pompes funèbres. Ce qui a été fait, ici est potentiellement faisable à toutes les échelles et à tous les territoires. Moralité : il s’agit de créer désormais à partir de ce que l’on a. En d’autres termes, de faire mieux avec moins, et d’abandonner le tout jetable pour aller vers la réparation. Et d’ailleurs, à l’échelle de l’humanité, il n’y a qu’au XXe siècle que l’on a appris à démolir le patrimoine.

Propos recueillis par Danièle Licata

 

 

« 10.000 communes carencées en foncier » : 3 questions à Nicolas Thouvenin, docteur en sciences économiques et délégué général de l’UNAM

Vous avez réalisé une étude d’impact de la loi Climat et Résilience en matière de lutte contre l’artificialisation des sols et testé l’objectif ZAN dans chaque commune. Quelles conclusions tirez-vous de cette nouvelle étude inédite sur le logement ?

Nicolas Thouvenin : Le ZAN « zéro artificialisation nette » vise à subordonner les ouvertures à l’urbanisation à la renaturation des espaces abandonnés d’ici à 2050. Mais pour seule principale contrainte imposée aux collectivités à date, la loi Climat et Résilience votée en 2021 prévoit de réduire de moitié la consommation d’espaces artificialisés au cours des dix prochaines années. Est-ce possible ? Oui, sans hésiter. Selon notre étude exploratoire pionnière en la matière, c’est déjà le cas dans 45 % des communes où l’artificialisation est en baisse de plus de 50 %. C’est également possible pour près de 5000 autres communes où cette baisse est comprise entre -25 % et -50 %. Cela risque en revanche d’être plus compliqué pour toutes les communes qui ont une forte demande de logements mais pas les capacités foncières pour y répondre. Pour celles qui accusent des déficits de production passés, il faut avouer que ce sera compromis : avec 25 % des EPCI concernés, le sujet est réellement préoccupant.

Votre étude dénombre 10000 communes carencées en foncier. Comment, selon vous, arriveront-elles à atteindre les objectifs poursuivis ?

N.T. : Nous avons arrêté une méthodologie pour identifier les communes en difficulté, c’est-à-dire celles qui ne parviendront pas à compenser le déclassement de la moitié des zones à urbaniser. Ces dernières devront néanmoins s’inscrire sur une trajectoire de sobriété foncière et contribuer significativement à l’atteinte des objectifs inter-SCoT qui seront retranscrits dans les SRADDET. Leur effort consenti dépendra, au cas par cas, de l’ampleur et de l’hétérogénéité des besoins. D’après les simulations réalisées sur notre « supercalculateur» objectif-zan.com, rares seront toutefois les communes qui atteindront l’objectif sans concentrer plus de la moitié des constructions neuves dans l’enveloppe urbaine existante et respecter un ratio d’au moins 25 logements à l’hectare pour les nouvelles zones à urbaniser.

La raréfaction des terrains va-t-elle, selon vous, entraîner une hausse généralisée des prix du foncier ?

N.T. : Oui, la raréfaction du foncier disponible va inéluctablement entraîner une hausse des prix par le simple jeu de la loi de l’offre et de la demande. Cette hausse devrait néanmoins rester contenue car elle sera difficilement répercutable sur la clientèle, déjà affectée par la crise du pouvoir d’achat et la remontée des taux d’intérêt. Toutes choses égales par ailleurs, les prix du foncier pourraient même baisser à moyen terme. Déjà sensibles aux hausses des prix des matériaux et de l’énergie, ils serviront de variable d’ajustement dans le bilan des opérateurs pour amortir les surcoûts liés au recyclage foncier. Mais quels que soient les mouvements de prix anticipés, seul un véritable choc fiscal et l’émergence de nouveaux outils de financement dans le sillage des fonds ISR et de la taxonomie européenne devraient raisonnablement permettre au marché de s’ajuster à plus long terme et d’anticiper la renaturation des sites qui seront définitivement délaissés.

Propos recueillis par D.L.

La construction à l’épreuve de la sobriété foncière

Face à la pénurie de logements et son corollaire, la hausse du prix de la pierre, les besoins en fonciers nécessaires à la construction se heurtent à une réduction par deux du rythme de l’artificialisation des sols.

L’objectif fixé par la loi Climat et Résilience à 2050, impose aux territoires de baisser de 50 % d’ici à la fin de la décennie, le rythme d’artificialisation et de consommation des espaces agricoles et forestiers pour atteindre « zéro artificialisation nette » (ZAN). Toute la question est donc de savoir si les besoins en fonciers nécessaires à la construction sont compatibles avec une réduction par deux du rythme d’artificialisation. Pour François Rieussec, président de L’UNAM (Union nationale des aménageurs), « le déficit de constructions provoqué par la règle comptable zéro artificialisation telle qu’elle est imaginée par le gouvernement pourrait se creuser davantage ». En effet, selon une étude menée par l’économiste Nicolas Thouvenain, délégué général de l’UNAM, sur la base de données croisées de l’Insee, du ministère de la Transition écologique et de l’observatoire de l’artificialisation du Cerema, le ZAN, tel qu’il est conçu par la loi, provoquerait un déficit qui dépasserait 150000 logements par an. D’abord parce que, « la majorité des communes a déjà intégré une trajectoire de sobriété foncière puisque la moyenne de la consommation foncière a baissé de 24 % par rapport à 2015-2019, à 25664 hectares », selon les calculs de l’économiste. « 63,5 % des communes ont moins artificialisé au cours des cinq dernières années et en comptant celles qui n’ont pas du tout ouvert des zones à urbaniser au cours des cinq dernières années (7,5 %), c’est au total 71 % des communes qui ont entamé une baisse de l’artificialisation.Et parmi elles, 45 % des communes sont déjà sur une trajectoire du ZAN avec une baisse de 50 % », commente François Rieussec.

DES BESOINS EN LOGEMENTS DIFFÉRENTS SELON LES COMMUNES

Toujours selon les calculs de l’UNAM, 13 % des communes ont aucun besoin de construire 36,3 % ont un besoin ponctuel (25 %) alors que 28,9 % d’entre elles ont un besoin estimé entre 25 et 100 logements par an. Mais un taux qui s’élève à 77 % pour les communes de 500 à 2000 habitants et jusqu’à 97 % pour celles entre 10000 et 20000 habitants. « On voit bien que la question du foncier étroitement liée au logement ne peut être abordée qu’à l’échelle locale », analyse François Rieussec. Et d’ajouter, « la comptabilité urbaine ne doit pas remplacer la pensée urbaine ».

RENOUVELLEMENT URBAIN, UNE RÉPONSE ?

Avec un objectif de production estimé à 450000 par an pour répondre aux nouveaux besoins soit 4500000 d’ici à 2030, pour l’UNAM, il est nécessaire de réaménager avant de construire n’importe où et trop vite. « D’après nos calculs, pour un objectif de production de 1000 logements avec un taux de renouvellement urbain de 45 %, 550 nouveaux logements devront être réalisés en extension urbaine (55 %). Et toujours selon nos calculs, avec une densité de 25 logements à l’hectare, 22 hectares doivent donc être ouverts à l’urbanisation. Le calcul intégrant des péréquations entre territoires » décrypte Nicolas Thouvenain. « Et pour un taux de renouvellement urbain de 45 % et des densités de 25 logements à l’hectare, c’est presque 10000 communes (65 %) qui sont concernées! », résume François Rieussec. Et de conclure : « La localisation fine des besoins en développement met en évidence qu’il faudra autoriser plus de consommation foncière dans certains territoires. »

Danièle Licata

La rénovation énergétique des immeubles peut être financée par leur surélévation

La rénovation énergétique des logements privés constitue un enjeu majeur pour atteindre les objectifs nationaux de lutte contre le réchauffement climatique. C’est aussi l’objet majeur du Green deal (pacte vert) que le groupe Nexity a signé le 24 mars 2022 avec le plan bâtiment durable et le ministère de la Transition écologique. Entretien avec Karine Olivier, directrice générale Pôle services aux particuliers chez Nexity.

RCL : Le groupe Nexity a signé deux Green deal avec le plan bâtiment durable. De quoi s’agit-il ?

Karine Olivier : Nous avions signé un premier Green deal (pacte vert) en 2018. Orienté sur l’habitat collectif et les copropriétés, il marquait une première étape nous permettant de nous positionner en tant qu’acteur de référence dans l’éco-rénovation. Grâce à ce programme, l’ensemble des collaborateurs concernés ont eu accès à des ateliers afin de contribuer à l’émergence de projets, plus de 500 d’entre eux ont participé à un dispositif de rénovation énergétique training, vingt-trois coachs rénovation ont été diplômés en interne et, à fin 2021, plus de 300 immeubles étaient en cours d’études, AMO ou maîtrise d’œuvre et plus de 60 copropriétés étaient rénovées ou en cours de travaux. La signature d’un second Green deal le 24 mars dernier marque une étape nouvelle avec des objectifs très ambitieux pour 2025. Le groupe poursuivra ses engagements sur l’habitat collectif et intègrera dans ses actions l’accompagnement des propriétaires individuels. L’enjeu est important, notamment pour ceux qui proposent des biens en location. En cas de non-respect de l’étiquette énergétique imposée par la loi Climat et Résilience, à compter du 1er juillet 2028 pour les logements étiquetés G, puis 2029 les F et enfin 2034 les E, leur bien sortira du marché locatif alors que nous manquons cruellement de logements en France. De plus, ces investissements locatifs constituent souvent un complément de retraite.

Concrètement, quels sont vos engagements ?

K.O. : Le groupe s’est engagé sur la rénovation et l’encadrement des travaux de rénovation de plus de 10000 logements privés, soit 10 % de notre parc, ainsi que sur la mise en oeuvre de cinq projets de surélévation d’immeubles existants afin de financer la rénovation énergétique. Bien souvent, les copropriétaires n’ont pas conscience de la valeur des mètres carrés disponibles sur les toits. Or nous savons valoriser cet actif. La construction d’étages supplémentaires – un à trois étages généralement en fonction du PLU – permet de financer la rénovation énergétique de l’immeuble. Dans le même temps, nous apportons une réponse à la volonté des collectivités locales de densifier la ville sans artificialiser les sols. Nous avons, par ailleurs, engagé des actions de sensibilisation des propriétaires bailleurs sur la loi Climat et Résilience et leur proposons un audit énergétique. L’objectif étant de déterminer ensemble les travaux nécessaires pour que leur bien puisse afficher une étiquette énergétique acceptable. Nous nous sommes engagés pour 2025 à réaliser 5000 audits énergie.

De quelle manière accompagnez-vous les copropriétés ?

K.O. : La rénovation énergétique est un sujet technique et complexe, nos équipes font dans premier temps de la pédagogie. De plus, il faut aller chercher tous les financements possibles, collectifs et individuels. Nous avons pour cela formé en interne des collaborateurs qui ont suivi une formation diplômante de cinq mois. Le rôle de ces coachs rénovation ? Aider les gestionnaires d’immeubles à enclencher une démarche proactive en direction des propriétaires, lever les freins puis les accompagner au quotidien dans leurs projets. La rénovation des immeubles permet d’améliorer le confort thermique et acoustique, de réduire les charges payées par les copropriétaires et c’est, bien sûr, un avantage en termes de valorisation du patrimoine. Sans oublier qu’un bâtiment moins énergivore contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les synergies public-privé sont-elles indispensables pour atteindre les objectifs de rénovation énergétique des logements ?

K.O. : Bien sûr, nous travaillons main dans la main avec les collectivités. Certaines, très engagées, mettent en place des plans de financement pour aider les copropriétés qui se lancent dans la rénovation énergétique. C’est notamment le cas de Paris, Lyon et Grenoble. Ce travail en commun sur les financements nous aide à convaincre nos clients privés plus facilement d’engager des démarches de rénovation de leur logement. Nous devons coconstruire avec les collectivités locales pour penser la ville de demain.

Quels sont les autres leviers d’action dont vous disposez pour accompagner les villes dans leur volonté d’être plus durable ?

K.O. : Le groupe Nexity s’est engagé sur la biodiversité avec l’intégration de la nature dans toutes ses opérations. Il s’est fixé de nouveaux objectifs de réduction de ses émissions de CO2 et vise une trajectoire certifiée alignée 1,5°C, soit 10 % plus ambitieuse que celle rendue obligatoire par la réglementation environnementale 2020 (RE2020) française. Plus de 400 managers ont été sensibilisés et formés à ces enjeux climat et biodiversité pour mieux en comprendre les enjeux. Nous menons des réflexions sur la réutilisation des matériaux, la traçabilité des matières, nous travaillons également avec nos fournisseurs afin qu’ils soient autant engagés que nous sur le volet environnement.

Depuis le début du conflit en Ukraine, les prix de l’énergie s’envolent. Quelles conséquences sur le secteur du logement ?

K.O. : La hausse du coût de l’énergie pose un véritable problème de pouvoir d’achat des ménages. Nexity, en tant que syndic, doit organiser et faciliter le paiement des factures des copropriétés. Il nous faudra faire preuve de pédagogie auprès des particuliers. Pour réduire la consommation énergétique, il faut construire des bâtiments qui soient extrêmement bien isolés. Évidemment l’énergie est au coeur de toutes les réflexions, de tous les services et de tous les procédés constructifs. Nous réfléchissons par exemple à la végétalisation des façades des immeubles pour contrer les îlots de chaleur. Les idées ne manquent pas. Il faut à présent les mettre en oeuvre.

Propos recueillis par Blandine Klaas

Angers propose une charte aux promoteurs pour un développement équilibré

Sauvegarde de son identité architecturale et urbaine, présence du végétal, densité de ses équipements, dynamisme de son centre commerçant, logements accessibles... sont autant d’enjeux que la ville s’est lancés.

Face à un marché immobilier très dynamique, avec toujours plus d’opérateurs cherchant à construire sur cette ville attractive qui gagne en moyenne 1000 habitants par an depuis 2015, les élus ont adopté en 2021 la charte d’engagement pour un développement immobilier équilibré sur le territoire afin de mieux encadrer les projets immobiliers. Signée en mars 2022 par quelque 60 promoteurs, elle se veut « plus souple et ouverte, plus adaptée aux réalités que les documents réglementaires dont disposent les collectivités pour construire et reconstruire la ville avec les différents opérateurs », explique Roch Brancour, adjoint au maire à l’urbanisme, à l’aménagement du territoire et au logement. Chaque projet, selon la charte, doit offrir une programmation équilibrée, des modes de construction respectueux des enjeux de transition écologique, une intégration architecturale, urbaine et paysagère, une offre de logements répondant aux besoins des Angevins et une qualité de conception-finition des logements. L’atteinte de ces objectifs passera par la mise en oeuvre de cinq orientations déclinées dans le document.

DES LOGEMENTS À DES PRIX ABORDABLES

Les promoteurs devront concourir à la transition écologique du territoire à la fois sur le plan de la performance énergétique que du bilan carbone des constructions, mais aussi en privilégiant la réhabilitation des bâtiments existants plutôt que la démolition-reconstruction et enfin en réalisant notamment au minimum une opération sur cinq en construction à ossature totale ou majoritaire bois tout en respectant la nature en ville ainsi que la végétalisation du territoire. Il leur est demandé de proposer une offre diversifiée de logements qui réponde aux besoins de tous les habitants de l’agglomération.

Ainsi, « chaque programme devra offrir une proportion de logements permettant d’atteindre au moins la moitié de T3, T4 et plus », stipule la charte et la moitié d’entre eux devra être dotée d’un espace extérieur. Et dans chacune des opérations de plus de vingt logements, chaque promoteur s’engage à réaliser, conformément aux orientations du PLUi, au moins 25 % de logements à prix maîtrisés. « Nous avons inséré dans cette charte, le principe d’équilibre de développement sur le territoire. Toute opération réalisée sur la ville d’Angers devra faire l’objet d’une opération concommitante sur le territoire de l’agglomération d’Angers Loire Métropole dans les opérations d’aménagement publiques ou dans le cadre d’opérations du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). C’est une manière d’inciter les promoteurs à travailler sur l’ensemble du territoire angevin », ajoute Roch Brancour. L’autre aspect important de cette charte, selon l’élu, réside dans sa capacité à proposer des règles sur la manière d’informer et d’engager la concertation autour des projets. « C’est un outil pour bâtir des projets de manière équilibrée avec les promoteurs et faire en sorte que les projets aboutissent avec le meilleur niveau de qualité possible, la meilleure acceptabilité et le meilleur équilibre entre les intérêts des promoteurs, les intérêts du territoire et ceux des habitants qui occuperont ces bâtiments. C’est pourquoi nous avons coconstruit cette charte avec les promoteurs et opérateurs immobiliers. » Pour Julien Boillaud, directeur de programmes du Groupe Gambetta, promoteur immobilier implanté sur le territoire Angevin depuis une vingtaine d’années et signataire de la charte, « concevoir et construire est plus que jamais le fruit d’un travail collectif, de mise en jeux de synergies, allant au-delà des usages ou du simple respect réglementaire ». Il estime également qu’il appartient aux opérateurs et aux collectivités « de rendre compatibles les aspects esthétiques, techniques, sociaux, environnementaux et économiques, pour engendrer de l’efficacité et de l’intelligence collective dans l’acte de construire ». La charte fera l’objet d’une évaluation annuelle, pour analyser son impact, et, le cas échéant, prendre en compte les évolutions de la conjoncture ou des besoins et des priorités du territoire. L’intérêt étant, pour l’agglomération comme pour les opérateurs immobiliers, que les projets se réalisent.

LES 5 ENGAGEMENTS : DE LA CHARTE

Blandine Klaas

Pour Olivier de la Roussière, président de Vinci immobilier : « Le développement urbain fondé sur l’artificialisation des sols n’est plus tenable sur le plan environnemental »

2022 marque un tournant dans la stratégie environnementale du promoteur VINCI Immobilier qui prend cette année deux engagements très forts. Atteindre l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) pour l’ensemble de ses activités de promotion immobilière, dès 2030 et réaliser plus de 50 % de son chiffre d’affaires, avant cette date, dans des opérations de recyclage urbain. Les explications d’Olivier de la Roussière, président du groupe dans un entretien avec RCL.

RCL : La loi Climat et résilience fixe l’objectif ZAN à 2050. Le groupe VINCI Immobilier veut atteindre cet objectif avec vingt ans d’avance sur l’objectif de la loi Climat et résilience...

Olivier de la Roussière : Notre stratégie ZAN 2030 repose sur la conviction que le développement urbain fondé sur l’artificialisation des sols n’est plus tenable sur le plan environnemental en raison notamment de l’altération des fonctions naturelles du cycle de l’eau et de l’impact des constructions sur la biodiversité. Nous devons continuer à construire pour répondre aux besoins, mais si nous devons artificialiser à certains endroits, nous le ferons avec le plus de sobriété possible. Et nous compenserons chaque mètre carré de surface artificialisée par la désartificialisation d’une surface équivalente sur d’autres projets. C’est la signification de l’objectif zéro artificialisation net. Depuis le début 2022, toute nouvelle opération qui artificialise plus de terrain qu’elle ne produit de mètres carrés sera refusée en comité d’engagement foncier. Pour atteindre cet objectif ambitieux que nous nous sommes fixé, nous devrons renoncer à certaines opérations que nous avions programmées et qui représentent près de 10 % de notre chiffre d’affaires.

Vous vous engagez également à réaliser la moitié de votre chiffre d’affaires avec des opérations de réhabilitations de friches. Quelles en sont les vertus ?

OR. : Ce deuxième engagement est directement lié au premier, puisque le ZAN nous conduira à intervenir le plus possible sur des terrains déjà artificialisés. Or, il existe en France un nombre important de friches constituées par nombre de bâtiments inusités, à l’abandon ou tout simplement devenus obsolètes en termes d’usage. Je pense notamment à des sites industriels désaffectés, des parkings sous-occupés, des centres commerciaux, des entrepôts, d’anciens bâtiments hospitaliers ou administratifs qui peuvent être réhabilités de manière intelligente. Ce parc immobilier va générer de nombreuses opportunités de transformation. À nous d’être malins et inventifs pour réussir à tenir cet engagement que nous avons pris de réaliser plus de 50 % de notre chiffre d’affaires en recyclage urbain avant 2030. À Troyes par exemple, nous avons recréé un morceau de ville, à proximité de la gare, sur un terrain dont les bâtiments étaient inutilisés depuis dix ans. Nous avons créé sur cette friche deux résidences, seniors et étudiants, avec nos filiales OVELIA et Student Factory, des commerces ainsi qu’un hôtel quatre étoiles. En améliorant le tissu urbain ainsi que la vie des habitants, la réhabilitation de friches présente un réel intérêt pour les collectivités en termes d’aménagement.

La logistique urbaine constitue-t-elle une opportunité pour la reconversion d’anciens parkings ?

O. R. : Il est évident que nous allons vivre une révolution dans nos sous-sols en raison des centaines de milliers de mètres carrés d’anciens parkings disponibles mais qui toutefois n’ont pas toujours la capacité de résistance nécessaire au niveau des planchers, rendant quelquefois coûteuse leur transformation. Il s’agit là d’un sujet difficile à appréhender en raison de la complexité des valeurs de foncier : le recyclage de friches coûte plus cher en milieu urbain. La logistique du dernier kilomètre est un sujet complexe sur lequel de nombreuses start-up se penchent.

D’une manière plus générale quelle est votre stratégie environnementale ?

O. R. : Nous généralisons cette année la mise en place d’un cahier des charges environnemental, avec un certain nombre d’exigences autour de la lutte pour la préservation de la biodiversité et contre le réchauffement climatique, afin que nos opérations soient très bonnes en termes de qualité environnementale. Par exemple, sur certains projets nous avons augmenté nos budgets en espaces verts. Nos mesures sur le ZAN et sur le recyclage urbain ne doivent pas occulter les autres engagements environnementaux que nous avons pris. Nous appliquons depuis 2016 la charte chantiers propres sur l’ensemble de nos opérations. Elle consiste à mettre en place un plan de gestion de déchets en amont de chaque chantier, de conserver le site en état de propreté ou encore d’utiliser des engins moins bruyants. Le groupe Vinci s’est engagé à accroître dans ses constructions la part des matériaux biosourcés et de béton ultra-bas carbone. 90 % de béton bas carbone sera mis en œuvre dans leurs constructions en 2030, avec pour objectif de réduire de 40 % des émissions de CO2 du groupe d’ici à la fin de la décennie.

Avez-vous recours au réemploi de matériaux recyclés dans vos programmes de construction ?

O. R. : Le Village des athlètes que nous construisons à Saint-Denis, dans le cadre des événements sportifs de 2024, est notre chantier modèle. Certains matériaux utilisés pour les ouvrages provisoires seront réemployés dans le futur quartier. Par ailleurs, 6 000 tonnes de bétons concassés issues des démolitions ont été réutilisées pour le terrassement et comme revêtement de voiries provisoires. Sur l’ensemble de l’opération, les bâtiments visent un bilan carbone inférieur de 40 % à celui de bâtiments conventionnels en faisant appel au réemploi bien sûr, mais également en choisissant des matériaux constructifs qui seront à faible empreinte carbone : bois, béton bas carbone et ultra-bas carbone, lequel sera utilisé pour la première fois à cette échelle. Le sujet du réemploi et du recyclage de matériaux est en pleine émergence dans les secteurs de l’immobilier et du BTP avec toutefois beaucoup de difficultés à la fois en termes d’assurances et de réglementation. À partir de 2022, nous allons suivre les taux de recyclage et de tri des matériaux sur l’ensemble de nos chantiers.

Comment allez-vous évaluer l’ensemble de vos actions ?

O. R. : Il est fondamental que nous puissions démontrer les engagements que nous prenons. Systématiquement désormais, nous produirons une fiche pour chaque opération depuis son lancement jusqu’à la livraison afin d’en connaître l’impact sur son environnement. Grâce à nos outils de mesure et de reporting nous pourrons suivre, année par année, notre progression ainsi que les premiers effets des mesures que nous avons prises. Notre objectif étant de progresser dans tous les domaines en mettant en œuvre les mesures que nous décidons, en les implémentant, mais aussi en les partageant avec nos collaborateurs.

Propos recueillis par Blandine Klaas

Construction bois : les élus se mobilisent

Utiliser le bois et les matériaux biosourcés pour la construction de logements, bureaux et équipements publics, une tendance qui traduit cette prise de conscience généralisée des maîtres d’ouvrage de la nécessité de construire différemment, en limitant notamment les impacts sur notre environnement. Un sujet largement abordé le 11 février dernier à l’occasion du webinaire « Comment habiter la ville en 2021 ? » co-organisé par le Centre national pour le développement du bois (CNDB), représenté par sa directrice générale Sarah Laroussi et RCL, la revue des collectivités locales.

Utiliser davantage de bois dans les constructions fait bien partie de la stratégie de l’EPA Bordeaux Euratlantique qui depuis 2010 a engagé un vaste programme d’aménagement de douze nouveaux quartiers, a expliqué Pauline Pradel, Chargée de Mission Développement Durable à Bordeaux Euratlantique. Pour Etienne Guitard, directeur des Grands Projets Urbains en Nouvelle Aquitaine chez Kaufman&Broad, construire en bois a profondément changé les pratiques professionnelles dans l’acte de construire en permettant de dépasser les codes de la construction jusque-là en vigueur. «Nous avons utilisé des procédés constructifs qui n’existaient pas dans les réglementations techniques. Mais au-delà du concept initial, l’enjeu a été de développer les solutions qui permettent de fabriquer un projet ainsi que sa reproductibilité » a-t-il exprimé. Ainsi, la tour Sylva dont les travaux devraient démarrer dans quelques semaines a été conçue avec deux-tiers de structure primaire en bois. Ce projet a par ailleurs bénéficié de l’appui technique du FCBA, véritable centre de recherche et d’innovation au service de l’ensemble des filières bois. « Notre mission : accompagner davantage les donneurs d’ordre et les collectivités pour intégrer le bois dans leurs constructions » a expliqué Patrick Molinié, Responsable du Developpement au FCBA.

Lentement mais sûrement, l’ensemble filière bois, de la sylviculture à la construction s’organise pour répondre à la demande. Fin janvier, la filière forêt-bois française présentait le plan ambition bois construction 2030, la contribution des professionnels à l’effort collectif nécessaire à la décarbonation de la construction française. Un plan qui accompagnera l’entrée en vigueur, début 2022, de la réglementation environnementale 2020, fixant des normes pour les constructions neuves d’ici à 2030 avec en toile de fond la question de l'urgence climatique et de la réduction de l’empreinte carbone du bâtiment qui compte parmi les secteurs les plus émissifs sur le plan national.

 

Un pacte national pour la relance de la construction durable

Vendredi 13 novembre, Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée en charge du Logement, Johanna Rolland, présidente de France urbaine, François Baroin président de l’Association des Maires de France (AMF)et Sébastien Martin, président de l’Assemblée des communautés de France étaient réunis avec les principales associations représentatives des acteurs de la construction et du logement social pour la signature d’un pacte pour la relance de la construction durable, « un acte politique fort qui traduit la mobilisation de tous les acteurs en faveur d’une activité intense de construction de logements dans notre pays, pour répondre aux besoins des Français,  relancer l’économie et contribuer au développement des territoires »selon Emmanuelle Wargon. Ensemble, les acteurs s’engagent à simplifier et accélérer les procédures d’urbanisme pour limiter la baisse des mises en chantier en 2021 et accompagner l’émergence de projets durables de construction, en promouvant la sobriété foncière, la qualité des logements et du cadre de vie. Ce pacte sera décliné localement par des accords locaux de coordination, à l’initiative des collectivités souhaitant s’engager dans la démarche, sous l’impulsion des Préfets. Il fera l’objet d’un suivi trimestriel dans le cadre d’un comité de pilotage associant ses signataires. Pour rappel, d'octobre 2019 à septembre 2020, 393 300 logements ont été autorisés à la construction, soit 43 900 de moins qu'au cours des douze mois précédents (source : statistiques de la construction septembre 2020; Service des données et études statistiques du Ministère de la Transition écologique).

Covid-19 : Montreuil prolonge la suspension de tous les chantiers relevant de sa responsabilité

En cette période d'épidémie et de confinement généralisé, la Ville de Montreuil (seine-saint-Denis) a pris la décision de prolonger la suspension de tous les chantiers dont elle est maître d’ouvrage. Une décision plus stricte que les préconisations gouvernementales « afin de protéger la santé des ouvriers du BTP dont les conditions de travail constatées sur le terrain sont loin de pouvoir respecter les principes de précautions sanitaires en cette période d'épidémie de Covid-19 » estime-t-on a sein de la municipalité. Selon les élus, le seul guide de « recommandations sanitaires pour poursuivre les chantiers » de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics qui accompagne un communiqué de presse ministériel du 3 avril, complémentaire à la parution du décret gouvernemental du 23 mars 2020, prescrivant les mesures générales mises en oeuvre dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, n'est pas une garantie suffisante de protection effective de la santé des ouvriers, salariés et riverains de ces chantiers. Ainsi, depuis le premier jour de confinement, tous les chantiers d’espaces publics et ceux menés au sein des bâtiments communaux et du patrimoine de la ville sont interrompus et ne reprendront qu'avec la levée du confinement ou avec la garantie de conditions de sécurité sanitaire satisfaisantes pour les salariés concernés ainsi que les habitants riverains de ces chantiers. Les travaux de construction ou de réhabilitation du patrimoine locatif social, sous maîtrise d’ouvrage de l’OPHM dont le Maire est président, seront également suspendus à l'exception des chantiers d'étanchéité ou d'enduits ne pouvant supporter d'interruption.

Paris : des coûts de construction médians par rapport aux autres métropoles mondiales

Arcadis, société internationale d’ingénierie et de conseil pour les actifs naturels et construits, publie son rapport annuel « International Construction Cost Index 2020 ». Cet index, qui compare les coûts de construction dans 100 métropoles mondiales, propose un décryptage des facteurs expliquant les coûts par grandes zones géographiques et d’influences, ainsi qu’une analyse des grandes tendances du secteur, parmi lesquelles la crise actuelle du COVID-19 ou encore le changement climatique et la neutralité carbone.

Ainsi, les villes les plus chères sont les grandes villes européennes et américaines, loin devant les métropoles d’Asie (à l’exception de Hong Kong et Tokyo) et du Moyen-Orient. « 2019 aura été pour le marché mondial de la construction une année en demi-teinte, marquée par une croissance faible liée à la baisse des échanges commerciaux et aux incertitudes politiques. » commente Nicolas Boffi, City Executive Paris chez Arcadis. « A Paris, la dynamique des prix a été portée principalement par le génie-civil à l’approche des élections et compte tenu de la concomitance et l’intensité des grands travaux franciliens ». Du côté des projets bâtimentaires, les prix restent stables et dans les moyennes mondiales, sans être les plus élevés d’Europe : « un atout d’attractivité pour la métropole parisienne dans la compétition mondiale avec les autres villes. Paris est ainsi devenue en 2020 le 1er marché mondial de l’investissement en immobilier commercial. » ajoute Nicolas Boffi.

Le rapport aborde également la question du changement climatique et la manière dont le secteur de la construction l’a intégré à travers un panorama de projets dans les différentes métropoles. Dans une économie post-COVID19 qui s’annonce particulièrement incertaine, la question est de savoir quelle place occuperont les objectifs de neutralité carbone et, plus largement de développement durable, à l’heure où les pouvoirs publics seront focalisés sur la reprise, voire le sauvetage économique. « L’innovation dans la productivité, les modes constructifs et la chaîne logistique sera d’autant plus déterminante pour passer ce cap. Les entreprises de construction en Europe vont devoir accélérer leur transition digitale, favoriser la construction hors-site et la préfabrication, comme cela est déjà largement généralisé en Asie. » précise Nicolas Boffi.

 

Les 10 villes où le coût de construction est le plus élevé sont :

  1. Londres
  2. New York
  3. Hong Kong
  4. Genève
  5. San Francisco
  6. Copenhague
  7. Tokyo
  8. Zurich
  9. Dublin
  10. Edinburgh

JO 2024 : des exigences environnementales pour le futur Village olympique et paralympique

C’est au MIPIM, le marché international des professionnels de l’immobilier, qu’a été lancée mardi dernier la procédure de consultation pour la vente des terrains du futur Village olympique et paralympique. Un projet qui répond à de nombreuses exigences fixées par l’Etat, notamment d’un point de vue environnemental. Par exemple, l’ambition est de construire tous les bâtiments de moins de 9 étages en bois, au-delà seulement de cette limite les structures seront en béton et pour partie en bois. L’Etat souhaite par ailleurs que les projets CIME permettent de déployer des techniques nouvelles. Mais l’organisation des jeux Olympiques et Paralympiques doit également être exemplaire en matière d’ambitions sociales. La consultation mettra ainsi en œuvre des clauses sociales d’insertion ambitieuses : 10% des heures travaillées seront réservées à des personnes éloignées de l’emploi et s’appuiera sur le dispositif 15 000 bâtisseurs qui mobilise la filière de la formation en direction du bâtiment pour des jeunes, notamment issus des quartiers.Le projet qui s’étend des communes de Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine et de l’Île-Saint-Denis a aussi la particularité de mettre en valeur les territoires existants pour les transformer durablement, et non uniquement dans le cadre des Jeux. Ainsi, 2200 logements familiaux verront le jour, dont 25% à 40% de logements sociaux selon les communes.

La loi Elan a été publiée

Destinée à améliorer le cadre de vie des Français par le logement, la loi portant évolution du logement, du logement et du numérique (loi ELAN) a été publiée au journal officiel le 24 novembre 2018. « Avec la loi ELAN, nous apportons des solutions concrètes pour le logement : simplifier les normes de construction, améliorer l’accès au logement, notamment pour les personnes les plus fragiles, soutenir la rénovation des bâtiments et accompagner les collectivités dans la redynamisation de leurs territoires. Ce sont autant d’engagements pris pour améliorer le cadre de vie des français » déclarent Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales et Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement. Plus de 50 décrets seront publiés d’ici 6 mois.