Rénovation thermique des centres aquatiques : un projet exemplaire dans le calvados

Particulièrement vulnérables en période de hausse des prix de l’énergie, les équipements aquatiques pèsent dans les finances locales. La commune nouvelle du Hom (Calvados) est parvenue à réduire considérablement la demande énergétique du bâtiment grâce à des partis pris architecturaux et l’installation de systèmes plus performants.

 

« La conception d’un centre aquatique connait une règle d’or, c’est son exposition au soleil », esquisse Thierry Deschaumes, Architecte et responsable du pôle Sport A26, « il est primordial d’optimiser l’orientation de ces équipements très énergivores pour emmagasiner le plus possible d’énergie par apport solaire ». L’Agence d’architecture a ainsi privilégié l’installation de grandes verrières afin de favoriser l’apport énergétique du soleil tout en limitant les besoins en éclairage artificiel des espaces de baignade. Les revêtements muraux clairs permettent également d’augmenter la réflexion lumineuse à l’intérieur du bâtiment. : pour éviter les effets d’éblouissement sur les bassins, la façade a par exemple été repensée et intègre désormais un bandeau en métal faisant office de brise-soleil. Enfin, l’architecte a opté pour une isolation thermique par l’extérieur : « il s’agit actuellement du procédé le plus efficace pour réduire la consommation énergétique d’un bâtiment », explique Thierry Deschaumes, « cela nous permet également de tirer pleinement partie de l’activité des centres aquatiques en récupérant les calories thermiques générées ».

La mise en place de systèmes plus performants

En complément d’une conception architecturale plus économe en énergie, A26 a mis l’accent sur la modernisation des systèmes. La précédente chaudière est ainsi remplacée par deux chaudières bois qui assureront le chauffage du bâtiment ainsi que l’eau chaude sanitaire et des bassins. Un dispositif permettant de récupérer la chaleur provenant de la déshumidification de l’air permettra également de répondre aux besoins thermiques des espaces où se trouvent les bassins. L’éclairage artificiel repose désormais sur la technologie LED, qui consomme deux fois moins d’énergie que les systèmes précédents, et pourra être modulé en fonction des besoins. Tous les équipements sanitaires (chasses d’eau, urinoirs, douches et équipements de nettoyage des surfaces) ont été transformés et équipés de solutions hydro-économes permettant un gain de 30% des consommations réelles par rapport aux consommations de référence (3500 m3 d’eau par an contre 4900 m3 auparavant). Dernière touche du dispositif, une Gestion Technique Centralisée a été intégréepour faciliter le pilotage des nouvelles installations. Ce dispositif permettra de moduler les systèmes de chauffage des espaces et des bassins grâce à un suivi en temps réel.

Bourg-en-Bresse : le centre aquatique fait plonger ses consommations d’eau et d’énergie

Grâce aux équipements installés en 2020 au centre aquatique Carré d’eau, l’agglomération devrait réaliser chaque année 20 % d’économies d’eau et d’énergie et diminuer les charges de fonctionnement de cet équipement qui pèsent lourd dans le budget de la collectivité.

Les piscines publiques et les centres aquatiques occupent souvent l’un des premiers postes de dépense énergétique des équipements publics. « Les charges de fonctionnement de ces établissements constituent un budget lourd pour les collectivités avec une consommation allant jusqu’à 2 800 kWh/ m2/ an », selon la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) qui lançait au printemps 2021 un programme d’accompagnement des collectivités locales. Le centre aquatique communautaire de Bourg-en-Bresse (01) qui fêtera ses quinze ans d’existence en 2022 n’échappe pas à la règle. C’est pour mieux maîtriser ses dépenses que la collectivité a choisi de mettre en place en 2020, un système de récupération de chaleur. « Depuis longtemps, nous cherchions à améliorer la récupération des calories. Notre fournisseur Onsen nous a proposé la mise en place d’un système nous permettant d’économiser 10 000 m3 par an en volume d’eau sur les 40 000 m3 habituels », affirme Damien Ribeyron, responsable de la direction du développement sportif du Grand Bourg Agglomération.

LES EAUX USÉES FABRIQUENT DE L’ÉNERGIE

« Une piscine se doit de renouveler l’eau de ses bassins polluée par les baigneurs. Des centaines de milliers de mètres cubes d’eau chaude sont ainsi jetées directement aux égouts. Grâce à notre solution, nous simplifions la gestion de cette eau de renouvellement en la pilotant en fonction de la fréquentation réelle, de la réglementation, de la qualité de l’eau et aussi selon l’historique de ses consommations », explique Thibaud Perret, responsable projets chez Onsen. Ce système permet notamment de récupérer la chaleur de ces eaux grises pour préchauffer l’eau froide alimentant les bassins. « Avec une température moyenne de 28° toute l’année, les eaux rejetées dans le circuit des eaux usées constituent une source de chaleur capable d’apporter  un complément aux énergies traditionnelles utilisées pour le préchauffage de l’eau du réseau transférée dans les bassins », précise Damien Ribeyron. Une fois la chaleur extraite, ces eaux sont récupérées puis stockées dans un bac tampon de 48 m3 conçu à cet effet. Elles serviront au lavage des filtres qui ne nécessiteront plus d’apport d’eau neuve. La consommation d’eau du centre nautique Carré d’eau a été réduite de 15,3 % par rapport à l’année précédant l’installation de la solution de récupération de chaleur, en passant de 144 litres par baigneur à 80 litres. « L’installation du système a été l’occasion de revoir l’ensemble de nos process. Nous avons pris conscience qu’il était primordial d’inculquer une nouvelle culture à nos agents pour devenir plus vertueux dans notre mode de fonctionnement. Nous devrions générer une économie d’environ 40 000 euros par an. »

UN SYSTÈME FINANCÉ PAR LES CERTIFICATS D’ÉCONOMIES D’ÉNERGIE

À la faveur d’un partenariat entre les entreprises Onsen, qui a réalisé un audit sur les relevés de fréquentations et de consommation d’eau et Hellio – GEO PLC, acteur historique du dispositif des Certificats d’économies d’énergie (CEE), Grand Bourg Agglomération a pu bénéficier d’un accompagnement clés en main et obtenir les aides CEE nécessaires au financement de l’installation, soit 70 000 euros pour la mise en place du système de récupération de chaleur. « Ces deux entreprises nous ont apporté leur concours en gérant de bout en bout toutes les démarches administratives pour que nous puissions bénéficier des aides CEE. Et le résultat a été à la hauteur puisqu’il nous a permis de financer le chantier à 100 %, sans aucune avance de frais avec donc un reste à charge à zéro », témoigne Damien Ribeyron. Conclu entre Grand Bourg Agglomération et la société Onsen ayant réalisé les travaux, ce contrat de performance énergétique, d’une durée de cinq ans, fixe les objectifs d’économies d’énergie à atteindre, et permet de bonifier les primes CEE, qui couvrent la totalité de l’investissement.Les économies d’énergie ici visées pour Carré d’eau sont une baisse de 20 % des consommations primaires, soit environ 350 MWh par an. La collectivité ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et envisage déjà de poursuivre sa transition énergétique avec d’autres travaux : « Afin réduire encore les coûts en électricité, nous avons commencé l’installation de systèmes de variation de fréquence sur les pompes pour qu’elles ne tournent plus à pleine puissance en permanence, la nuit par exemple. Nous réfléchissons également à l’optimisation de la gestion centralisée des équipements ou l’amélioration du traitement de l’air », conclut le responsable de la direction du développement sportif du Grand Bourg Agglomération.

Blandine Klaas