Plus de 10 millions de repas à 1€ ou moins, servis dans les écoles

Mise en place dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, la « Cantine à 1€ » a permis de servir près de 10 millions de repas à 1€ ou moins aux enfants des familles modestes depuis trois ans.

Alors que les enfants des familles modestes sont deux fois moins nombreux que ceux des familles aisées à manger à la cantine, la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté soutient les communes rurales dans la mise en place de tarifications sociales, pour que ces enfants bénéficient chaque jour de ce repas équilibré. Un peu plus de 3 ans après sa mise en place, plus d’une commune éligible sur huit est engagée dans ce dispositif et les résultats obtenus montrent la pertinence du dispositif affirme-t-on au ministère des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées : plus de 10 millions de repas à 1€ ou moins ont été servis dans les cantines scolaires.122 583 enfants en ont bénéficié sur l’année scolaire 21/22 et 1617 communes sont engagées dans cette action aux côtés du gouvernement. Pour Jean-Christophe Combe, ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, « la cantine à 1 € c’est la garantie de l’accès à un repas équilibré pour les enfants et une protection du pouvoir d’achat de leurs familles. Cette mesure est vitale dans le contexte d’inflation pour que les petites communes puisent proposer ces repas abordables à tous. J’invite les Maires des communes éligibles à se saisir de ces aides pour que davantage encore de familles en bénéficient. »

 

Les régions relèvent les défis de la rentrée 2022

Transport scolaire, pouvoir d’achat, tarification des cantines, formation professionnelle, orientation… Les régions françaises abordent cette rentrée scolaire 2022 avec beaucoup de détermination.

Dans un contexte économique et social extrêmement sensible, le changement climatique, l’inflation, la flambée du prix de l’énergie ou encore les pénuries de compétences comptent parmi les grands défis que les exécutifs régionaux vont devoir relever. A commencer par l’enjeu du pouvoir d’achat. Les régions renforcent leurs aides individuelles et collectives dans la limite de leurs marges de manœuvre financières afin de contenir le plus possible le coût de la rentrée pour les familles. « L’essentiel du soutien au pouvoir d’achat des familles dans les lycées est porté par les politiques des régions à travers les différentes mesures de gratuité et de soutien à l’acquisition des manuels scolaires, qui même dans une période difficile pour les budgets des régions sont maintenue » a expliqué François Bonneau, Président de la commission Éducation, orientation, formation et emploi de Régions de France, Président de la Région Centre-Val-de-Loire, lors de la conférence de presse de rentrée qui s’est tenue le 31 août à Paris. Et de rappeler que les régions aident notamment à l’équipement numérique des lycéens, « avec la distribution gratuite d’ordinateurs dans certaines régions tandis qu’ailleurs ils sont proposés à des tarifs préférentiels ». Un exemple, 70.000 ordinateurs seront distribués lors de cette rentrée par la Région Grand Est, soit 320.000 au total depuis le lancement du lycée 4.0 en 2017. Dans les Pays-de-la Loire, l’aide à l’acquisition du premier équipement professionnel – outils et tenues nécessaires à la formation – concerne plus de 200 spécialités relevant de l’enseignement technologique et professionnel.

Cantines scolaires : une tarification au plus juste

Le prix des repas des lycéens dans les cantines scolaires est un autre sujet majeur auquel les régions souhaitent apporter une solution. Selon François Bonneau « Les régions font un effort pour proposer les tarifs de cantine les plus réduits possibles, c’est un sujet majeur alors que le coût des matières première, l’augmentation du prix du gaz et l’inflation sur la production des repas prennent des proportions importantes. Les régions prennent tout ou partie de cet effort ». Dans ce contexte inflationniste, la Région Nouvelle-Aquitaine réfléchit aux mesures d’ajustement nécessaires pour maintenir les marges de manœuvre des établissements en faveur de la qualité de la restauration. En parallèle, l’expérimentation d’une tarification solidaire, en fonction des revenus des familles, se poursuit.

Les transports scolaires impactés par la pénurie de chauffeurs de cars

Face à des situations de pénurie de chauffeurs de car qui touchent la majorité des régions, une rencontre exceptionnelle a eu lieu le 24 août dernier au ministère des Transports entre l’Etat, les Régions et les autres partenaires afin que le service des transports scolaires soit assuré au mieux dès la rentrée. « Nous avons une responsabilité importante, c’est la clé d’accès au service public obligatoire, affirme François Bonneau. Nous avons pris le problème très en amont, il y a eu dans les budgets formation professionnelle des régions un effort particulier pour former les demandeurs d’emplois. Dans la région Centre-Val-de-Loire nous en avons formé 200 ». Dans les Hauts-de-France, la mobilisation générale organisée par la Région pour permettre de transporter gratuitement les 212.000 élèves sur le réseau de cars scolaires de la région a abouti à des résultats prometteurs, grâce à l’engagement des entreprises de transport. Celles-ci ont réussi à mobiliser des conducteurs affectés à d’autres activités, des mécaniciens, des cadres et employés de fonction support, mais aussi des jeunes retraités. En somme, tous ceux qui connaissent le métier et disposent des habilitations nécessaires pour assurer temporairement les circuits scolaires dans le respect des normes de sécurité. Le région Bretagne, après avoir lancé une campagne de recrutement dès janvier 2022, a mobilisé ses dispositifs de formation et financé l’obtention du titre professionnel de conducteur de transport en commun (140 parcours proposés en 2021 et 2022). Mais surtout, la région s’est engagée au début de l’été à revaloriser le salaire des conducteurs. Sur le long terme, les Régions sont conscientes qu’elles devront œuvrer à favoriser l’attractivité des métiers de conduite conjointement avec la profession.

La formation professionnelle

Réaffirmant l’engagement des régions pour assurer le meilleur service aux quelque 2,26 millions de lycéens, le président de la Région Centre-Val-de-Loire a pointé les dysfonctionnements générés par la réforme de l’enseignement professionnel. « Les régions sont très attachées à l’apprentissage et se félicitent de l’augmentation du nombre d’apprentis en France. Elles regrettent toutefois que la progression soit beaucoup plus forte dans l’enseignement supérieur qu’elle ne l’est sur l’enseignement professionnel. La réforme n’est pas équilibrée, elle a généré une augmentation considérable du nombre de centres de formation d’apprentis (CFA), donc une concurrence qui crée des surcoûts et sans réel pilotage public. Nous voulons que se développe certes l’apprentissage mais que se développent aussi les lycées professionnels » a-t-il déclaré. La solution selon lui passe par une meilleure synergie entre les deux systèmes mais aussi par un vrai pilotage de l’offre de formation professionnelle, une réhabilitation de l’image de la formation professionnelle, d’autant plus que nous assistons à une tension grandissante sur l’offre et le besoin de compétences. Sans oublier une orientation qui donne aux jeunes une véritable connaissance des métiers de demain. L’orientation sera l’un des sujets phares du congrès des régions qui se tiendra les 15 et 16 septembre prochains à Vichy (Allier). « L’orientation pour changer l’image des métiers, rapprocher la vision que peuvent en avoir les jeunes de la réalité, c’est un élément indispensable » insiste François Bonneau.

 

A Montereau, la cantine coûte 1 euro depuis 2015

Tous les étudiants pourront avoir accès à deux repas par jour, pour le prix d'un euro le repas, dans les restaurants universitaires, annonçait Emmanuel Macron le 21 janvier dernier. Une initiative que pratiquent déjà de nombreuses municipalités en France dans les cantines scolaires, à l’image de Montereau, en Seine-et-Marne. « Une décision de justice sociale », selon James Chéron, Maire de la commune de 19.000 habitants.

En effet, depuis septembre 2015, la commune de Seine-et-Marne a plafonné le prix des repas de la cantine scolaire à 1 euro. « Tous les élèves des écoles maternelles et élémentaires habitant la commune paient ce tarif, indépendamment du revenu des parents » explique James Chéron. Et pour les familles les plus modestes, elles bénéficient du tarif du quotient familial, et continuent de payer moins de 1 euro ». Et de poursuivre : « C’est une question de justice sociale. D’abord, parce que la commune compte bon nombre de travailleurs pauvres. Mais pas seulement. Pour les familles les plus aisées qui sont au plafond de la tarification, c’est la double peine. Elles sont les plus contributives en matière d’impôts et de taxes et payaient avant 2015 chaque repas 6 euros. Enfin, aujourd’hui nous avons la garantie d’assurer à chaque enfant un repas complet et équilibré par jour ».

« Le quotient familial est une fausse justice »

Alors qu’en parallèle à la tarification unique, la ville s'est également engagée à proposer des alternatives végétariennes aux enfants à chaque repas, Montereau qui compte 2700 élèves dans ses écoles maternelles et élémentaires a vu les enfants affluer massivement dans ses cantines scolaires. « Dès la rentrée 2015, nous avons constaté une hausse de 57% du nombre d'élèves. Aujourd'hui, les effectifs se maintiennent avec 77% d'élèves inscrits aux restaurants scolaires, soit 2140 élèves. Sur une année, nous servons aujourd’hui 145 000 repas, contre 92 000 sur l’année scolaire 2014-2015 », comptabilise James Chéron.

Un surcoût supporté par la mairie

Alors que le coût moyen d’un repas matières premières, personnel et transport compris, s’élève à 9,05 euros, c’est la commune qui prend en charge la différence. « Malgré ce surcoût nous avons fait le choix de ne pas augmenter les impôts. Le différentiel de 8 euros est ainsi financé par le budget de la commune, soit 1,6 million d’euros par an » explique le Maire de la commune. Alors pour financer le budget cantine, la Mairie compte chaque euro. Résultat : 1 million d’économie par an. Un arbitrage qui se fait sur des dépenses de fonctionnement. « Et puis, la chasse aux économies est devenue notre sport favori » lance fièrement James Chéron. Montereau n’est pas la seule commune à proposer le repas à 1 euro à tous les enfants, voire moins pour ceux issus de familles défavorisées. Drancy ou le Bourget vont même plus loin en proposant la gratuité des repas.

Danièle LICATA

Les associations réclament plus de moyens pour la restauration collective

Dans le projet de loi de finances pour 2021, le gouvernement prévoit une enveloppe de 50 millions d’euros sur deux ans, dédiée aux cantines maternelles et élémentaires de 1500 petites communes, éligibles à la dotation de solidarité rurale (DSR). Une somme très en dessous des besoins d’accompagnement nécessaires selon la Fondation Nicolas Hulot, le Secours Catholique- Caritas France et le réseau Restau’Co qui ont évalué le montant des aides nécessaires à 330 millions d’euros par an pendant 3 ans pour transformer l’ensemble de la restauration collective et faire de ce secteur un amortisseur de la précarité alimentaire grandissante. En effet, l’enquête FNH et réseau Restau’Co  menée en 2019 intitulée «  Quels besoins d’investissement en restauration collective pour engager la transition agricole et alimentaire » a démontré qu’avec un investissement - lié à la baisse du gaspillage alimentaire, l’introduction de menus végétariens et le travail de produits bruts et de saisons - de 33 centimes par repas par an sur 3 ans, les restaurants font des économies structurelles rapides ce qui leur permet de réinvestir dans les produits durables, de proximité et bons pour la santé sans surcoût pour les convives. Aussi, la FNH, le réseau Restau’Co et le Secours Catholique demandent aux parlementaires, discutant actuellement du projet de loi de finances, d’investir 330 millions d’euros par an pendant 3 ans pour transformer l’ensemble de la restauration collective et faire de ce secteur un amortisseur de la précarité alimentaire grandissante.

accélérer la transition alimentaire dans les cantines scolaires

« La transition alimentaire est une formidable opportunité pour associer tous les acteurs de nos territoires à un défi commun ambitieux » estime le think tank Terra Nova dans son rapport paru le 13 janvier 2020. « Pour relever ces trois défis, nous devons nous engager dans une large transition alimentaire qui s’efforce de combiner au mieux un haut niveau de qualité nutritionnelle et sanitaire, une moindre empreinte environnementale et une meilleure soutenabilité économique et sociale » indique le rapport. Et de proposer des pistes pour une refonte profonde du modèle actuel de restauration scolaire afin de permettre un approvisionnement plus durable des cantines sans augmenter la facture des repas, de diminuer l’empreinte environnementale des menus sans sacrifier leur qualité gustative ou l’équilibre nutritionnel des enfants, et d’impliquer largement les personnels de cantines qu’il décrit comme des acteurs clés de cette transition.