Réduire la consommation des bâtiments communaux, un nouveau challenge pour les villes

Le programme ACTEE, le Cerema et l’Institut Français pour la performance du bâtiment (IFPEB) lancent le challenge CUBE.Ville en partenariat avec Enedis et GRDF. Les communes candidates devront réduire d’au moins 10 % la consommation de leurs bâtiments.

CUBE.Ville est un challenge organisé dans le cadre du programme de rénovation énergétique national « Actions des Collectivités Territoriales pour l’Efficacité Energétique » (ACTEE) avec pour objectif d’accompagner les collectivités candidates vers des économies d’énergie immédiates et durables, sans investissements majeurs. Elles devront réduire la consommation énergétique de leur hôtel de ville et des autres bâtiments engagés, hors bâtiments scolaires (un programme spécifique ACTEE – CUBE.Écoles leur est dédié). La méthode ? les occupants des bâtiments s’organisent en équipes-projet, les « green teams », pour réaliser des actions concrètes afin de réduire leur consommation d’énergie accompagnés par les équipes du Cerema. De nombreux outils seront à leur disposition pour animer la démarche : des formations, des réunions d’échanges et une application smartphone ludique et collaborative (ENERGIC by CUBE) pour sensibiliser et encourager à l’adoption d’écogestes.

Pour mesurer l’évolution de leurs consommations tout au long de la période de jeu, ces dernières pourront accéder à une plateforme d’analyses développée par l’IFPEB intégrant les données de consommations d’électricité et de gaz recueillies par Enedis et GRDF. D’autres entrées énergétiques (biomasse, fioul, réseaux de chaleur, etc.) pourront être ajoutées. Un classement mensuel des « meilleures » villes sera établi en fonction de ces économies et relayé dans une lettre d’actualités, sur les réseaux sociaux et auprès des médias.

L’immobilier de l’Etat doit faire preuve de sobriété énergétique

Dans le cadre de l’appel à projets « Résilience 2 » lancé en octobre 2022 par la Direction de l’immobilier de l’Etat, visant une réduction rapide de la consommation d’énergies fossiles, 5600 dossiers ont été présentés et 1000 projets sélectionnés.

Raccordement du Palais de Chaillot (75) au réseau de chauffage urbain en remplacement des chaudières gaz, installation de panneaux photovoltaïques afin de couvrir la consommation électrique de la station d'Atuona dans l’archipel des îles Marquises en Polynésie française, remplacement des chaudières fioul par une pompe à chaleur et mise en place d'une programmation centralisée du chauffage à la subdivision des phares et balises de Brest, ce sont au total 1000 projets de réduction rapide de la consommation d’énergie fossile des bâtiments de l’Etat qui ont été identifiés pour un montant de 130 millions d’euros. L’objectif ? contribuer à réduire la consommation nationale d’énergie de 10% d’ici à 2024 comme le stipule le plan de sobriété énergétique. « La rénovation énergétique des bâtiments constitue un enjeu absolument majeur pour réduire notre empreinte carbone. Et notre conviction, c’est que l’Etat, qui pilote un parc immobilier de 94 millions de m2, doit être à l’avant-garde de cette transformation. C’est la raison pour laquelle, dans la continuité des projets initiés dans le cadre de France Relance, nous poursuivons notre action en faveur de la sobriété des bâtiments publics » a rappelé Gabriel Attal, ministre délégué́ chargé des Comptes publics. Ces investissements permettront une économie prévisionnelle estimée à plus de 200 millions de kWh d’énergie fossile par an. Soit la consommation domestique d’une ville de 50.000 habitants.

Réduire rapidement la consommation d'énergie

La sélection des projets par la Direction de l’immobilier de l’Etat a été opérée selon leur efficience ainsi que la rapidité de leur mise en œuvre. Quant à typologie des travaux, ils portent sur l’installation d’un système de régulation de la production de chauffage ou sur le remplacement des équipements de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire au charbon, au fioul ou au gaz au profit par exemple d’un raccordement à un réseau de chaleur ou des équipements faisant appel à des énergies renouvelables. Toutes les autres actions permettant de réduire, directement ou indirectement, la consommation d’énergie fossile comme les dispositifs ou travaux d’isolation, changement d’équipements, pose de panneaux photovoltaïques, relamping, etc. ont également été retenues.  Pour Stanislas Guérini, ministre de la Transformation de de la Fonction publiques, « la rénovation énergétique du parc immobilier de l’Etat est un levier essentiel de notre stratégie de décarbonation ».

 

Démocratiser la Gestion Technique du Bâtiment pour répondre aux défis énergétiques

En matière de transition énergétique des bâtiments, la réglementation s’est accélérée ces dernières années, imposant aux maîtres d’ouvrage de réduire considérablement les consommations énergétiques. Par Cyril Sailly, Président co-fondateur d’advizeo by setec.

La mise en oeuvre du Décret BACS (Building automation & control systems), qui prévoit d’équiper les bâtiments tertiaires de systèmes d’automatisation et de contrôle d’ici 2025, constitue l’un des moyens d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par le dispositif éco-énergie tertiaire. La crise COVID et le développement du télétravail ont changé la manière dont nous occupons les espaces de travail et il convient d’adapter la gestion des bâtiments à ces nouveaux enjeux.

Passer la GTB à l’échelle pour réussir la décarbonation des bâtiments

Initialement réservée aux bâtiments de plus de 2000 m² et pensée à l’échelle d’un site, la GTB (gestion technique du bâtiment) de première génération est bien souvent perfectible. Elle fonctionne généralement sur la base de protocoles fermés, difficiles à exploiter et coûteux à entretenir. Pour réussir le pari de la décarbonation des bâtiments à horizon 2050, il est nécessaire de passer la GTB à l’échelle et d’offrir aux propriétaires, en particulier multisites, des solutions simples et peu coûteuses à mettre en oeuvre. Les dernières innovations en la matière permettent de déployer rapidement des systèmes multi-protocoles couplés à des applications SaaS disposant d’interfaces simplifiées. L’enjeu est triple : faire remonter les données émanant des bâtiments, les analyser, et permettre la supervision à distance des équipements à l’échelle d’un parc pour agir rapidement et de façon groupée. C’est cette capacité à agir sur plusieurs bâtiments simultanément qui change la donne. Ces solutions permettent également de faire communiquer les « petits » bâtiments qui, jusque-ici, ne disposaient pas de GTB intégrée notamment à cause des coûts. Offrant plus de souplesse, plus simples à déployer et moins chers, ces nouveaux systèmes de pilotage à distance des équipements révolutionnent l’exploitation des bâtiments et vont permettre de massifier les actions d’efficacité énergétique.

Piloter les bâtiments à distance pour s’adapter aux nouveaux usages

Associé à des solutions de type EMS (Energy Management System), le pilotage à distance des équipements maximise les économies d’énergie tout en faisant gagner du temps aux équipes terrain. Réglage des programmations horaires, des consignes de températures ou de l’éclairage, prévision météorologiques et adaptation des régulations grâce à l’intelligence artificielle : il est désormais possible de piloter ces actions à distance, 24h/24 et 7 jours/7, via des applications intuitives. A la clé, moins de déplacements sur sites pour les équipes de maintenance, une réactivité accrue en cas de dérive constatée et une amélioration du confort pour les occupants. Un bâtiment connecté, capable d’être piloté à distance, aura plus de facilité à optimiser sa consommation et à adapter son fonctionnement à son occupation et son usage. Cela représente une nouvelle source de valeur fondamentale pour les bâtiments. Ajoutons que ces systèmes numériques interopérables fonctionnent avec des protocoles ouverts et sont sécurisés contre le risque de cyber-malveillance. Avec le développement du BOS (Building Operating System) qui permet de gérer les multiples applications liées aux services dans le bâtiment, on assiste à une révolution du smart building.

Offrir des systèmes économiquement plus avantageux

Désormais, l’enjeu est de déployer ces systèmes dans un maximum de bâtiments. Pour cela, les coûts de l’installation et de la licence doivent être raisonnables pour inciter les propriétaires à investir dès maintenant dans la supervision. Pour faciliter cette transition, des financements existent au travers de fiches CEE consacrées aux systèmes de gestion technique du bâtiment. L’installation et l’entretien doivent être rapides et simples afin de limiter les moyens humains. Ces solutions innovantes pour piloter les bâtiments représentent un levier puissant pour réduire l’empreinte environnementale de l’immobilier tertiaire en France tout en permettant un retour sur investissement mesurable aux maîtres d’ouvrage.

Encore des efforts à faire pour revaloriser les déchets du BTP

La valorisation des déchets du BTP est une obligation légale dont la pratique doit être généralisée à tous les projets de construction, sur l’ensemble du territoire dans le cadre de la protection de la planète. Reste que les pratiques de réemploi dans le secteur sont de l’ordre de l’expérimentation, s’inquiète l’Agence de la transition écologique (Ademe). Explications.

Souvenez-vous, alors secrétaire d’État à la Transition écologique, Brune Poirson lançait, le mercredi 5 février 2020, un appel à projets sur la gestion des déchets du bâtiment, à l’occasion d’un déplacement dans l’Aube. « On ne peut plus se contenter d’avoir seulement 2 % de toutes nos moquettes et de nos fenêtres recyclés ! Seule la moitié des déchets du bâtiment est recyclée et réutilisée, alors qu’il s’agit du secteur qui en produit le plus en France ». Le ton est donné. Cet appel à projets, doté de 20 millions d’euros, anticipe la création, début 2022, de la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) prévue par la loi sur l’économie circulaire, définitivement adoptée par le Parlement le 30 janvier dernier. « Il vise à recueillir des solutions pouvant être répliquées partout en France, avec quatre objectifs : réduire la production de déchets, augmenter le taux de recyclage et la part de déchets recyclés dans la construction, enfin promouvoir des solutions de massification autour de la technologie, de la traçabilité, des données techniques ou encore de la logistique », expliquait Brune Poirson lors d’un entretien qu’elle a accordé à RCL.

Le plan de relance présenté le 3 septembre 2020 par le Premier ministre Jean Castex alors que se tenait quelques jours auparavant les Assises de l’économie circulaire, enfonce le clou et prévoit une enveloppe globale supplémentaire de 500 millions d’euros accordée au fonds Économie circulaire de l’Agence de la transition écologique (Ademe) dont 5 millions d’euros pour mettre en oeuvre la traçabilité dans le cadre de la création de la filière de responsabilité élargie des producteurs pour les déchets du bâtiment. L’économie circulaire, et par là la gestion des déchets, devient donc une réalité dans le bâtiment. Et pour cause : les enjeux sont de taille. Le BTP produit à lui seul presque 228 millions de tonnes de déchets par an dont 42 millions de tonnes pour le seul secteur du bâtiment, selon l’Ademe.

PEUT-ON AMÉLIORER LE TAUX DE RECYCLAGE ?

La réglementation l’impose. Découlant d’une directive- cadre européenne de 2008, la loi sur la transition énergétique du 18 août 2015 contient en effet une série d’articles destinés à « lutter contre les gaspillages et promouvoir l’économie circulaire, de la conception des produits à leur recyclage ». Cette loi fixe notamment comme objectif de « valoriser sous forme de matière 70 % des déchets du secteur du bâtiment et des travaux publics en 2020 », par recyclage, réemploi ou remblaiement. En amont de la production de déchets, la loi porte aussi en filigrane de nouvelles exigences réglementaires sur la construction de bâtiments publics. Chaque fois que possible, ils devront être à énergie positive ou « à haute performance environnementale », ce qui pourra intégrer certains aspects de l’économie circulaire comme l’utilisation de matériaux recyclés.

MAIS AU-DELÀ DU CADRE JURIDIQUE, QU’EN EST-IL DANS LA RÉALITÉ ?

La loi sur l’économie circulaire en appelle clairement à la responsabilité de tous les acteurs du secteur du BTP, publics et privés qui sont contraints désormais de mieux gérer les déchets de leurs chantiers. Cette loi passe également par un changement de regard et de pratiques pour passer de la démolition à la déconstruction, des déchets aux ressources, en priorisant le réemploi, la réutilisation puis le recyclage. Un processus qui a un impact économique positif. En effet, assurer un tri des déchets sur le site même de l’opération permet de réaliser des gains tout à fait substantiels. En moyenne, une gestion efficace des déchets de chantier permet une réduction des coûts de l’ordre de 30 à 40 % selon l’Ademe.

DÉVELOPPER LES FILIÈRES DE RECYCLAGE

Reste que l’entrepreneur ne peut pas faire grand-chose si, en aval, les filières de recyclage ne suivent pas. Certaines sont déjà opérationnelles. C’est le cas de celles du plâtre et du bois recyclés en panneaux de particules ou réutilisés en combustible. Mais si les matériaux inertes comme le béton et les gravats sont largement réutilisés en sous-couche routière dans les travaux publics, dans le bâtiment en revanche, le recyclage du béton est encore rare. D’ailleurs, l’Ademe dans un rapport récent constate que les pratiques de réemploi dans le secteur du bâtiment sont encore de l’ordre de l’expérimentation notamment parce que les filières du réemploi sont peu connues. Pourtant, un bon nombre existe, mais elles ne sont pas toujours référencées en tant que telles.

DES FREINS ENCORE À LEVER

La valorisation des déchets est encore pénalisée par un certain nombre de freins. L’un des principaux concerne le maillage territorial insuffisant en points de collecte, principalement en régions rurales, ce qui limite l’accès aux gisements de déchets recyclables et donc empêche un traitement à grande échelle qui permettrait de faire baisser les coûts. Autres freins constatés : la traçabilité des déchets qui reste insuffisante pour assurer en aval la qualité des matériaux recyclés, la gestion des déchets mal prise en compte dans les marchés de travaux ou encore une compétitivité des filières de valorisation trop faible par rapport aux solutions traditionnelles d’enfouissement.

Danièle Licata

L’Ademe et le CSTB proposent d’imaginer les bâtiments de demain

Changement climatique, développement du numérique, évolution des modes de vie et du travail, vieillissement de la population, mutations des territoires, …l'adaptation du parc de bâtiments au contexte et aux besoins de demain s’annonce comme le grand défi des acteurs de la construction et de la rénovation. Imaginer ensemble les bâtiments de demain : c’est la démarche de prospective collective que lancent ensemble l’Ademe et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) pour identifier les différents scénarios possibles pour l'évolution du patrimoine immobilier de la France. Avec une première étape pour identifier les facteurs clé qui influenceront l'évolution du patrimoine immobilier. La seconde étape consistera, elle, à déterminer comment chacun de ces facteurs peut influencer les futurs possibles. Lors d’une troisième étape, seront élaborés différents scénarios globaux d'évolution. Tous les acteurs de la construction sont invités à participer à la démarche en répondant à une enquête en ligne  jusqu'au 24 mai 2020.

Convergence bâtiment-mobilité : un référentiel pour les villes

Des acteurs du bâtiment et de la mobilité se regroupent pour une première mondiale : travailler ensemble en vue de développer un référentiel commun et créer des modèles d’affaires centrés sur l’usage, le partage et la mutualisation. Le Groupe Bouygues, l’écosystème de mobilité durable Movin’On animé par Michelin, le Groupe Renault, Schneider Electric et la SBA (Smart Buildings Alliance for Smart Cities) constituent le premier groupe de travail intersectoriel sur le sujet convergence du bâtiment et de la mobilité, avec également autour de la table des acteurs tels que l’IFP Énergies Nouvelles, le CSTB, Certivéa, Avere France, Enedis, l’INES et le CEA. Leur objectif, sensibiliser les donneurs d’ordre du bâtiment et des territoires au sujet de l’intégration de la mobilité électrique en vue de construire un référentiel commun. Le consortium se donne une année pour développer le référentiel « 4Mobility » qui pourra s‘intégrer au label Ready2Services (R2S), créé par la SBA et labellisé par Certivéa pour le tertiaire et par Bureau Veritas pour le résidentiel.

La loi Elan a été publiée

Destinée à améliorer le cadre de vie des Français par le logement, la loi portant évolution du logement, du logement et du numérique (loi ELAN) a été publiée au journal officiel le 24 novembre 2018. « Avec la loi ELAN, nous apportons des solutions concrètes pour le logement : simplifier les normes de construction, améliorer l’accès au logement, notamment pour les personnes les plus fragiles, soutenir la rénovation des bâtiments et accompagner les collectivités dans la redynamisation de leurs territoires. Ce sont autant d’engagements pris pour améliorer le cadre de vie des français » déclarent Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales et Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement. Plus de 50 décrets seront publiés d’ici 6 mois.