La CCI du Morbihan incite les entreprises à la sobriété en eau

La CCI du Morbihan recevait en novembre 2022 le trophée de l’innovation décerné par la FNCCR* pour Ecod'O, un programme de sensibilisation et d'initiation à des économies d'eau dans les entreprises industrielles et touristiques du département. Philippe Rouault, président de la CCI du Morbihan revient pour RCL sur cette expérience inédite récemment reprise par la CCI du Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole.

Qu’est-ce que le programme Ecod’O ?

Ecod’O est né de la prise de conscience que l'eau était un bien devenu rare et qu’il fallait engager une démarche collective pour la préserver. Le programme a été initié en 2019 par la préfecture du Morbihan et piloté par la Chambre de commerce et d’industrie du département pour inciter et accompagner les professionnels du tourisme et de l’agroalimentaire dans la réduction de leur consommation en eau. Ce projet partenarial public privé a permis de faire travailler ensemble des entreprises privées avec un certain nombre d’acteurs publics comme l'agence de l'eau Loire-Bretagne, la DREAL, le Conseil régional de Bretagne, les services de l’Etat, l’Association Bretonne des Entreprises de l'Agroalimentaire (ABEA), eau du Morbihan, et aussi des collectivités comme Lorient agglo, Golfe du Morbihan-Vannes agglomération ou Pontivy communauté qui se sont fortement impliquées.

Quel bilan tirez-vous de ce programme qui aborde actuellement son troisième volet ?

Dans les volets 1 et 2 d’Ecod’O, 70 acteurs économiques ont été accompagnées dans leur recherche de sobriété en eau et affichent en moyenne une économie réalisée de 10%. Si les résultats sont satisfaisants du point de vue de la sobriété en eau, les entreprises rapportent que ce travail collectif a été vecteur de cohésion en interne et porteur d’une dynamique incroyable pour tendre vers ces économies de consommation d'eau. Ce travail collaboratif a montré que nous avions tous un intérêt collectif à travailler mieux ensemble. Nous abordons aujourd’hui le troisième volet de ce programme avec une régionalisation sur l’ensemble de la Bretagne en 2023.

Comment aller encore plus loin ?

Nous avons créé un lieu d’échange et de partage, le club Ecod’O, pour que les entreprises puissent partager leurs bonnes pratiques en matière d’économies d’eau. Nous étudions également la création d’une marque Ecod’O afin qu'elles puissent tirer un avantage de leurs actions et bénéficier d’un accompagnement spécifique. Dernier projet en date dans le domaine de l’eau, la volonté de faire de la Bretagne une terre d’expérimentation pour la réutilisation des eaux usées traitées (REUT). Il existe de nombreuses possibilités d’utiliser ces eaux comme le font déjà l’Italie, l’Espagne ou Israël alors France est très en retard sur le sujet. Avec l’Association des entreprises agroalimentaires bretonne (ABEA), les parlementaires morbihannais, la CPME ou encore le Medef, la CCI du Morbihan compte bien identifier les blocages réglementaires susceptibles d'être levés ou assouplis afin de faire bouger les lignes. Le projet Ecod’O nous a donné l’envie d'aller encore plus loin. Nous travaillons à la mise en place d’un programme Eco Carbone. Il s’agirait d’accompagner les entreprises dans un pré diagnostic afin d’identifier les solutions de décarbonation de leur process industriel, de recherche de mix énergétique nouveau et de sobriété énergétique.

*Fédération nationale des collectivités concédantes et régies

Photo : Philippe Rouault, Président de la CCI du Morbihan (crédit : Aude SIRVAIN).

Covid-19 : les Présidents des Comités de Bassin proposent de réactiver les politiques de l’eau

 

Dans un courrier daté du 5 juin dernier, les sept Présidents des Comités de Bassin alertent le Premier ministre sur les conséquences de la crise sanitaire sur le plan de charges des entreprises de l’eau dont les activités sont en parties dépendantes de l'intervention des Agences. En effet, les conséquences de la crise sanitaire qui frappe le secteur des travaux publics, dont les entreprises de l’eau font partie, sont sans précédent, avec un recul d’activité de 89% du fait du confinement d’après les données de l’Insee publiées fin mars 2020. Et donc, un chiffre d’affaires fortement dégradé. Les signataires du courrier estiment que sans faire appel à des moyens nouveaux « les Agences de l’eau sont en mesure de lancer sans délai un "plan de soutien" qui réponde aux objectifs de la politique de l'eau » et demandent d’accorder aux agences l’autorisation de débloquer environ 500 millions d’euros, sans hausse de la fiscalité, pour venir en aide à ces entreprises. Et en fonction de l'évolution de la situation, les présidents proposeront « à la rentrée de septembre, si nécessaire, une seconde étape dont le financement pourrait être assuré ». Ils craignent que tout retard de la mise en place de ces plans n’occasionne le report de nombreux projets.

Les agences de l’eau mobilisées pour la reprise de l'activité dans le secteur de l’eau

Réunis par téléphone en début de semaine, pour évoquer la reprise des chantiers d’eau et d’assainissement ainsi que les actions immédiates permettant au secteur de faire face à la crise, Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, le président du comité national de l’eau, Jean Launay ainsi que les présidents de comité de Bassin ont appelé l’ensemble des maîtres d’ouvrage et des acteurs de la filière « eau » à reprendre en toute sécurité et sans tarder les chantiers de renouvellement de canalisations, les grosses opérations de maintenance, ou encore les travaux de sécurisation dont une large majorité ont été arrêtés ou différés.

Des aides immédiatement disponibles

Pour les y aider, Emmanuelle Wargon a dressé un panorama des mesures d’urgence que prennent les Agences de l’eau, établissements publics de l’Etat, pour aider le secteur de l’eau à faire face à crise sanitaire. Dans l’immédiat, elles mettent en place des aides aux collectivités et aux industriels pour faire face au surcoût de la gestion des boues non hygiénisées dont l’épandage direct a été interdit par précaution pour éviter tout risque de contamination. Elles accélèrent le versement des acomptes de subventions et de primes pour soulager la trésorerie des maîtres d’ouvrages et des entreprises, et ainsi accompagner la reprise des chantiers. Enfin, elles simplifient leurs procédures et rallongent les délais des conventions et des appels à projets pour que les collectivités et entreprises puissent y répondre, au vu des conditions de travail rendues compliquées par la crise sanitaire. Selon la secrétaire d’Etat, les Agences de l’eau préparent également des adaptations temporaires de leurs règles d’intervention pour soutenir la reprise des investissements dans le domaine de l’eau, en faveur des services d’eau et d’assainissement, mais aussi de l’ensemble de la feuille de route issue des Assises de l’eau : la protection de la ressource en eau et des milieux aquatiques, de la lutte contre les pollutions et des économies d’eau. Ce dernier volet est d’autant plus important que la situation hydrologique montre que plusieurs départements doivent se préparer à une nouvelle sécheresse estivale.