La chronique de Marie-Céline Terré, spécialiste de la communication des institutions publiques et des territoires.
Publication des parrainages des candidats à l’élection présidentielle et déclaration de patrimoine...sont-ils les alliés de la démocratie ? Ou comment la transparence à tout prix peut ruiner la démocratie. Ce que le débat sur les « parrainages » nous dit de l’état de notre culture civique. Confondre présentation et parrainage, c’est insinuer que l’élu adoube le candidat auquel il apporte son « soutien ». En tout cas, c’est ce que les Français pensent. Et à cet égard, force est de constater que la publicité, qui est désormais donnée à ces présentations, a eu des effets délétères sur le sens même de ces présentations. Permettre aux citoyens de s’assurer de la rectitude morale de leurs élus et de la bonne marche de leurs institutions est un objectif partagé par le plus grand nombre. Toutefois, on peut s’interroger sur les moyens qui sont mis en œuvre pour y parvenir. En quoi la réforme visant à publier chaque semaine la liste des parrainages obtenus par les aspirants candidats à l’élection présidentielle plutôt que la seule liste des parrains du président nouvellement élu, a-t-elle permis de mieux sélectionner les candidats ? L’extrême droite comme l’extrême gauche, des candidats « hors système » seront de toute façon, comme avant la réforme de 2016, présents sur la ligne de départ, et c’est heureux ! Cette transparence en temps réel et pour tous les candidats, objet de ladite réforme a eu des conséquences fâcheuses pour les élus, et donc pour les citoyens. Elle a alimenté les polémiques, amplifié les pressions des citoyens sur leurs édiles et multiplié les menaces de représailles financières sur les parrains potentiels par les collectivités territoriales cofinançant les investissements. Pour éviter le choc de candidats de premier plan exclus de la compétition faute de parrainage, les politiques ont pro- posé des solutions baroques qui fleuraient bon les petits arrangements entre partis. Ce que la transparence visait précisément à éviter. Certains maires oublieux que le mandat impératif est interdit sous nos tropiques, on même proposé d’interroger par un vote les citoyens sur le choix du candidat à présenter ! C’est sans doute la prise de position de David Lisnard, qui a été la plus efficace. D’une part comme président de l’AMF, sa voix a porté, d’autre part, la communication qui en a été faite a été claire. En présentant la candidature de Jean-Luc Mélenchon, il a rappelé le fait principal : Le parrainage n’est pas un soutien électoral au candidat qui en est bénéficiaire, il doit permettre aux électeurs français de choisir leur président de la République. Quant à la publication des patrimoines des candidats, est-elle une avancée de la démocratie ? L’objectif visé, à savoir, le contrôle de l’enrichissement personnel d’un élu au cours de son mandat, nécessite-t-il une telle intrusion dans la vie privée ? Certes, à la lecture de ces patrimoines, on peut s’interroger sur ce que chacun a fait de ses talents, mais ne revient-on pas à un certain totalitarisme «d’où parles-tu camarade?» qu’on pensait appartenir à l’histoire. Messieurs les prochains élus, arrêtez de verser dans l’infantilisation de vos électeurs en leur proposant des avancées de cartons-pâtes. Restez ferme sur les institutions, réexpliquez-les, défendez-les ! Vous les ferez grandir. Dura lex, sed Lex.
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