Incontournable aujourd’hui, le numérique est une source de pollution importante. Une prise de conscience est amorcée chez la plupart des acteurs publics. Mais comment agir pour réduire l’impact du numérique ? Aujourd’hui la plupart des collectivités reste démunie estime François Milde, manager et associé chez mc2i, cabinet de conseil en transformation numérique.
Bien que faiblement visibles, les usages du numérique ont un impact important sur l’environnement.
En 2020 l’étude « iNum2020 », Impacts environnementaux du numérique en France montrait que rapporté à chaque français, le numérique produisait 420 kg de gaz à effet de serre par an, ce qui représente 1 quart du forfait annuel soutenable par personne.
En termes de consommation d’eau et de manière encore plus surprenante, le numérique représente 2,2 % de la consommation totale française.
Le matériel numérique, rapidement obsolète, représente une part importante (jusqu’à 87%) de ces impacts environnementaux. Il est fortement demandeur de ressources rares et difficilement recyclables.
Chose plus grave, la part du numérique prenant de plus en plus d’importance dans notre vie quotidienne, son impact va en augmentant très fortement.
Un enjeu majeur pris en compte par le législateur et par les collectivités qui lancent de plus en plus d’initiatives.
Le 15 novembre 2021, une première mondiale a eu lieu en France. Le vote de la loi REEN marque une volonté forte de réguler les usages du numérique afin d’en réduire les impacts environnementaux. Plusieurs volets sont explorés : Sensibiliser les utilisateurs aux impacts environnementaux du numérique; Limiter la consommation de matériel numérique; Développer des usages vertueux; Promouvoir des data centers et des réseaux plus sobres; Encourager les collectivités à élaborer une stratégie autour du numérique responsable.
La loi donne ainsi aux collectivités un rôle majeur : “ Les communes de plus de 50 000 habitants définissent, au plus tard le 1er janvier 2025, une stratégie numérique responsable qui indique notamment les objectifs de réduction de l'empreinte environnementale du numérique et les mesures mises en place pour les atteindre.”
Quelques collectivités et OPSN ont déjà lancé des initiatives. Rennes a adopté le 14 mars 2022 la charte " Pour un numérique responsable ". Les premières actions sont la sensibilisation des agents et un effort particulier sur le recyclage du matériel numérique. L’OPSN Déclic va lancer très prochainement un outil permettant d’accompagner les collectivités qui le souhaitent dans des audits de numérique responsable et simplifier les démarches. Les initiatives se multiplient sur le territoire. Le maître mot devient la sobriété numérique.
Une démarche soumise à la bonne volonté et à la compétence des acteurs de terrain.
Les sujets de numérique responsable sont complexes à appréhender. Les dimensions sont multiples ; à la fois environnementale mais également sociétale, éthique et économique.
Les collectivités, conscientes des enjeux, contraintes par la loi REEN mais également soumises de plus en plus à la sensibilité des citoyens se trouvent souvent démunies face à l’ampleur des chantiers à mener.
De plus, la loi REEN est peu contraignante pour les acteurs du numérique (pas d’allongement obligatoire de la durée de garantie du matériel informatique, très peu d’avantage pour le reconditionné) ce qui en limite ses effets notamment pour les collectivités.
Heureusement, des méthodes éprouvées existent pour conduire des chantiers d’amélioration avec de réels impacts positifs mesurables. Sur la sensibilisation, la réalisation d’une fresque du numérique responsable produit un réel impact sur les participants par exemple. Sur l’aspect éco-conception des services numériques, la société de conseil mc2i a élaboré une expertise reconnue dans l’accompagnement des collectivités.
Aujourd’hui, face aux enjeux, les offres d'accompagnement se structurent afin d’aider les collectivités à relever les enjeux environnementaux de la transformation numérique.
Face à l’urgence climatique, il y a fort à espérer que le législateur muscle encore un peu plus son arsenal réglementaire notamment pour pousser les fabricants de matériel vers plus de frugalité (plus de longévité, meilleur recyclage, etc.).
Le mouvement vertueux vers un numérique responsable doit être un mouvement d’ensemble et ne pas se reposer uniquement sur les acteurs publics qui peuvent se retrouver vite démunis face à la complexité et l’ampleur du sujet.
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