« Pour gérer stratégiquement l’eau, il faut acter notre incapacité à la créer »

Paroles d'expert
12 octobre 2023

Face à une situation de sécheresse inédite, l’Etat vient d’annoncer le lancement d’un nouvel appel à projet avec « Innov Eau » qui se clôturera le 13 janvier 2025. De leur côté, les collectivités cherchent à mettre rapidement en place des réponses à court terme. Toutefois, le réchauffement climatique, majoritairement à l’origine de cette tension sur l’eau, a des impacts systémiques, qui s’observeront sur le temps long. Roxane Benedetti, Directrice du développement Résilience des territoires au Groupe SCET (filiale de la Banque des Territoires), appelle donc les collectivités à un changement rapide de leur mode d’action et de leur vision de ce qu’est la vitalité d’un territoire.

Au 1er août 2023, le BRGM a encore alerté sur le niveau des nappes phréatiques qui reste pour 72% en-dessous des normales, malgré les précipitations. Alors que la France connait une sécheresse sans précédent depuis août 2021, les prévisions de Météo France ne laissent pas envisager une possible amélioration.

Sur le bassin Adour-Garonne, il manque déjà 200 à 250 millions de m3 d’eau pour couvrir les besoins des usagers. Ailleurs dans le monde, la situation est tout autant alarmante. L’Uruguay a annoncé le 20 juin l’état d’urgence sur l’eau potable, après plusieurs semaines où la population n’a eu d’autre choix que de boire de l’eau chargée en sel. Comment éviter une telle situation en France ?

Une crise systémique qui nécessite plus que des investissements court-termistes en réaction

Après un appel à la sobriété énergétique pour passer l’hiver, les Français ont été invités cet été à réduire leur consommation en eau. Si la sobriété des usages de l’eau est un axe essentiel pour s’adapter au réchauffement climatique, les territoires ont aussi un rôle majeur à jouer pour mieux gérer la ressource en eau. L’enjeu : passer de la sobriété individuelle à la résilience territoriale.

Confrontés à la sécheresse, certains territoires organisent des interconnexions avec des territoires voisins dont la disponibilité en eau est plus importante. D’autres cherchent à créer de nouveaux captages.

Bien que ces actions permettent de répondre à une situation préoccupante, les sécheresses vont se pérenniser et même s’accentuer. Ces solutions, certes valables, ne conduisent qu’à chercher de nouvelles ressources  quand il s’agit avant tout de s’interroger sur l’optimisation à long terme des consommations d’eau, afin que chaque goutte soit consommée à bon escient.

Une crise extraordinaire nécessiterait des investissements à court terme, en réaction. Le réchauffement climatique, par les effets systémiques qu’il engendre, demande bien plus : un changement total de paradigme et de mode d’intervention.

Un nouveau paradigme pour évaluer la vitalité d’un territoire

La croissance démographique et le développement économique d’un territoire sont devenus des indicateurs obsolètes pour mesurer la vitalité d’un territoire. Il est urgent d’adopter de nouveaux indicateurs qui guident l’action publique.

Les limites des ressources naturelles des territoires s’imposent aux acteurs publics comme privés comme des invariables sur lesquels nous avons peu (voire pas) de marge de manœuvre. Ainsi, pour répondre au défi de la résilience territoriale, les collectivités doivent dans un premier temps faire un état des lieux de la disponibilité et de l’accès à la ressource en eau. Quelle quantité d’eau le territoire peut-il consommer pour assurer un juste accès de tous à l’eau, et ce de façon durable au fil des années ?

La seule manière de gérer stratégiquement l’eau est de prendre conscience en premier lieu de notre incapacité à la créer. Toute eau prélevée est ôtée, de manière plus ou moins temporaire, à un autre milieu, un autre usage, au cycle de l’eau.

Une fois ce premier diagnostic établi, tout l’enjeu pour les acteurs de l’aménagement du territoire est donc de réussir à définir un niveau de développement acceptable en fonction des limites naturelles du territoire. La notion de limites planétaires se territorialise pour une action publique adaptée en fonction de chaque collectivité.

Paroles de maires

RCL
Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

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