La chronique de Marie-Céline Terré, spécialiste de la communication des institutions publiques et des territoires.
Selon les dernières études(*), les Français rêvent de vivre dans des territoires plus ruraux, moins urbanisés, privilégiant cadre de vie, tranquillité, relations humaines au dynamisme et opportunités que proposent les grandes villes. Cette quête d’une meilleure qualité de vie prend le pas sur le potentiel de développement que promettent les métropoles. Comment les territoires doivent-ils s’adapter à ces promesses de nouvelle mobilité résidentielle ? Le désir du Petit est-il la fin de l’ambition du Grand ?
L’enquête de l’lnstitut de management public et gouvernance territoriale, publiée en juin dernier l’atteste, 78 % des Français sont attirés par des territoires de taille inférieure aux grandes villes. Quel impact sur les stratégies de développement de ces territoires devenus désirables, quelles conséquences pour les métropoles dont les hypercentres commencent à se vider ? Faut-il s’alarmer d’un tel désir de calme, de confort de vie, que les métropoles peinent à garantir désormais ?
Adapter le territoire aux nouvelles attentes, et on se trouve à front renversé…
D’une part, les villes petites et moyennes, les territoires plus ruraux et moins urbanisés en vue de satisfaire le quotidien des nouveaux habitants issus de cette mobilité résidentielle, doivent développer leur offre d’aménité, de transport en commun, d’activité économique, au risque de s’éloigner au final de ce qui fait leur attractivité et d’augmenter la pression fiscale pour financer ces investissements pas toujours attendus par les habitants natifs qui de plus voient les prix du foncier et des logements croître rapidement. D’autre part, les métropoles se rêvant autour du concept de ville du quart d’heure, mettent en place des politiques de contrainte d’accès à l’hypercentre pour proposer des espaces plus calmes, plus verts aux résidents de ces « agrégations de villages autonomes » qui disposent de toutes les infrastructures de la métropole, sans les inconvénients relégués aux marges, épuisant ceux qui s’y rendent pour travailler, consommer ou se distraire. Elles mettent par là même sous tension les acteurs de ces aménités, qui participent à l’attractivité de ces métropoles et leur dynamisme économique, la crise de la Covid n’étant pas la seule en cause à l’explosion de la vacance commerciale. Entre baisse de flux, maintien de taxes locales, certaines activités ne sont plus soutenables.
Rats des villes ou rats des champs, force est de constater que cette quête générale de calme et de tranquillité se généralise. Que faut-il y voir ? Un besoin temporaire, conséquence de la crise sanitaire ou alors plus profondément, le corollaire d’une baisse délétère de l’envie de produire et de consommer ? Si tel est le cas, et seul l’avenir nous le dira, comment alors penser le développement des territoires et des hypercentres sans activité économique pour soutenir les investissements inhérents au vivre ensemble ?
(*) Enquête IMAGETERR de perception des territoires auprès du grand public conduite par l’institut de management public et gouvernance territoriale de l’université Aix-Marseille.
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