Avec la crise énergétique, l’inflation, le conflit en Ukraine, le Président l’a annoncé, on entre dans un nouveau modèle : fini l’abondance, place à la sobriété ! Par Marie-Céline Terré, spécialiste de la communication des institutions publiques et des territoires.
Ce changement de paradigme impacte, du coup, la communication des territoires. Il est urgent de repenser les messages au rythme des dispositifs. Les municipalités sont sommées de prendre des décisions douloureuses pour leurs administrés : arbitrer dans les dépenses d’énergie et dans l’urgence, car les factures flambent ! Avec cette impérieuse nécessité budgétaire de sobriété, il faut se préparer à un retour des arbitrages entre « l’essentiel », « le confort » et « l’accessoire »...
La première difficulté sera de faire accepter ces nouvelles frontières à l’ensemble des équipes municipales, les adjoints à la culture, aux sports, aux travaux, au développement économique, au commerce... Car nombre de dépenses jugées « non essentielles » sont vouées à disparaître des lignes budgétaires. Mais comment trouver du sens à sa mission, lorsque son mandat est vidé de tout programme et que sa feuille de route n’est que la pédagogie de la décroissance des activités, des budgets, des ambitions ? Et comment emporter l’adhésion de ses administrés lorsqu’il faut revoir à la baisse l’éclairage public, la température dans les administrations, dans les écoles, dans les Ehpad, les MJC ? Impossible ! Lorsqu’il faut fermer piscine et patinoire ? Lorsqu’il faut renoncer aux sports extérieurs après 18 h l’hiver pour économiser l’éclairage des stades ? Inenvisageable ! Car on le sait, chacun est favorable aux économies pour affronter la crise énergétique, surtout si elles ne dérangent en rien nos habitudes, si elles ne contraignent en rien à la «sobriété». Des économies oui, mais pour les autres! Comment embarquer les populations lorsque l’urgence et les questions abordées semblent interdire le processus de concertation citoyenne, lorsque plus personne ne se sent responsable des dépenses avec la suppression de la taxe d’habitation ? L’équation économique sera d’autant plus difficile que les villes, les villages doivent garantir la solidarité et, e période hivernale, prendre soin de leurs concitoyens, victimes pour bon nombre des affres des catastrophes climatiques.
La sobriété doit se décliner à tous les étages. Face à l’urgence, il est temps de repenser le positionnement des villes qui depuis des lustres ont fait de la surenchère en investissements, en animations, l’alpha et l’oméga de leur attractivité interne et surtout externe. En attestent les dernières communications post-pandémie des villes moyennes. Alors que la fin du confinement et les migrations qui ont suivi ont relancé le marketing territorial avec la promesse d’une vie au vert et d’un même niveau de services que dans les métropoles, le réveil risque d’être brutal lorsque le « Parisien » installé dans sa maison, verra que les projets économiques et culturels seront abandonnés car insoutenables énergétiquement, que les équipements existants fonctionneront au ralenti.... et que le couvre-feu de l’éclairage public sera avancé à 22 h !
Plus le choix. La sobriété doit être, pour le maire et son équipe municipale, la nouvelle façon de penser l’avenir de son territoire.
Comment poursuivre son développement pour qu’il demeure attractif et producteur de richesses tout en devenant plus sobre en dépenses, ou du moins plus efficaces... ce serait déjà une première victoire.
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