Prendre en compte les spécificités du territoire, droit à l’expérimentation, adaptabilité des dispositifs aux réalités du il s’agit là de revendications déjà anciennes des élus locaux auxquelles l’État répond aujourd’hui par le concept de « différenciation » et l’annonce d’un renforcement des pouvoirs confiés à ses services déconcentrés que sont les Directions régionales des affaires culturelles (Drac).
Le ministre de la Culture, Franck Riester, n’a pas manqué de faire usage du propos lors du dernier Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel (CCTDC).
Reconnaissons-le : pendant plusieurs décennies, les élus locaux ont pu trouver confortable la définition d’une politique culturelle nationale, relayée par les Drac, bornée par des critères le plus souvent quantitatifs et couronnée par l’obtention de labels. Le postulat de l’égalité entre les territoires a pu exonérer des collectivités d’un travail de définition d’une politique culturelle singulière, propre à leur territoire.
La demande répétée d’une prise en compte des spécificités locales par l’administration d’État impose aux exécutifs locaux et aux assemblées territoriales de penser, puis de poser des politiques culturelles non seulement lisibles, mais aussi suffisamment originales pour revendiquer la reconnaissance d’une différenciation. « La culture pour tous » ne doit pas servir de paravent à l’absence d’un travail de fond sur l’ambition d’un projet culturel global et les moyens qui lui sont alloués.
Les équipes municipales doivent s’emparer de la proposition de « différenciation » culturelle comme d’une opportunité, afin d’établir leur bilan de mandature entre forces et atouts, mais, surtout, pour construire la politique du prochain mandat en sortant des formules convenues et des orientations longtemps reconduites.
Aujourd’hui la FNCC est soucieuse de préserver la diversité culturelle tant dans l’offre que dans les pratiques. Pour peu qu’on y ajoute l’ambition d’une originalité revendiquée, la différenciation pourrait devenir une étape sur le chemin qui mène au dépassement de la démocratisation culturelle vers la garantie pour toutes et tous de l’exercice de la liberté sensible, soit ce qu’on appelle de manière quelque peu savante le respect des droits culturels.
Jean-Philippe Lefèvre, Président de la FNCC, maire-adjoint à la culture de Dole (39) et conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté.
QUI SONT-ILS ?
■ La Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), créée en 1960 à l’initiative d’un groupe de maires, permet l’échange d’informations et le partage d’expériences dans tous les domaines de l’action culturelle locale.
■ De sa réflexion naquit l’idée du 1 % du budget de l’État, minimum indispensable à une véritable poli- tique culturelle nationale, reconnue aujourd’hui comme une référence.
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