"Sans les bouteilles en PET, les collectivités ne géreront que les déchets qui coûtent le plus d'argent." Vincent Gilles, Président d'Amorce et maire de Saint-Mandrier-sur-Mer (83)
■ Créé en 1987, Amorce constitue le premier réseau français d’acteurs locaux d’information, de partage d’expériences et d’accompagnement des décideurs en matière de politiques énergie-climat des territoires et de gestion territoriale des déchets.
■ L’association Amorce rassemble plus de 900 adhérents (communes, intercommunalités, conseils départementaux, conseils régionaux, entreprises, fédérations professionnelles et associations) pour 60 millions d’habitants représentés.
La consigne sur les bouteilles en plastique est présentée comme la mesure phare du projet de loi économie circulaire. Pourtant, elle vise seulement les 100 000 tonnes de bouteilles en PET (sur 300 000) qui ne sont pas recyclées, alors que nous produisons 35 millions de tonnes de déchets ménagers par an ! De plus, lorsque l’on parle de consigne, on pense à l’ancienne mesure sur le verre permettant de réutiliser les bouteilles. Or celles en PET qui sont visées ne peuvent pas être réutilisées. Elles seront donc recyclées, comme la bouteille mise dans un bac jaune aujourd’hui.
Pourquoi se focalise-t-on autant sur une mesure concernant moins de 1 % des déchets ménagers (et 10 % des déchets plastiques) ? Pour le comprendre, Il faut se tourner vers ceux qui portent cette proposition : les industriels de la boisson. Pour eux, l’intérêt est double. Il s’agit de sauver la bouteille en plastique, critiquée, en verdissant son image. Cela incitera les Français à consommer des bouteilles jetables, ce qui est un très mauvais message pour la prévention. Il y a aussi un enjeu économique : le PET des bouteilles est le déchet qui a le plus de valeur. Les recettes permettent de réduire le coût du service public de gestion des déchets pour les Français. Sans les bouteilles, les collectivités ne géreront que les déchets qui coûtent le plus d’argent : les coûts et les impôts locaux augmenteront. En cumulant avec les consignes non récupérées, les industriels pourraient engranger plus de 500 M au détriment du consommateur et du contribuable. De plus, les collectivités investissent massivement pour moderniser les centres de tri afi n de recycler Vincent Gilles Président d’Amorce et maire de Saint-Mandrier-sur-Mer (83). tous les plastiques pour faciliter le geste de tri. En enlevant les bouteilles, on rend ces investissements non pertinents et on perturbe le geste de tri. Ce projet va donc impacter lourdement le pouvoir d’achat des Français pour un gain environnemental faible puisque les bouteilles sont déjà bien recyclées.
Il y a beaucoup mieux à faire : réduire les déchets (en préférant l’eau du robinet à l’eau en bouteille), limiter les produits non recyclables (un tiers des déchets des Français), valoriser les déchets organiques (un autre tiers)… La consigne sur les bouteilles en plastique ne doit pas faire oublier ces sujets à l’impact environnemental plus important.
Le gouvernement a mis sur la table une question intéressante et légitime : comment améliorer la collecte sélective et le recyclage ? La consigne peut y jouer un rôle partiel, mais ne doit pas se limiter aux bouteilles pour sauvegarder l’intérêt des vendeurs de boissons. Nous proposons au gouvernement de travailler sur un dispositif cohérent, effi cace, et assurant une maîtrise des coûts pour le consommateur et le contribuable, en s’appuyant sur le service public porté par les collectivités.
Site Internet : www.amorce.asso.fr
Twitter : @AMORCE
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