Quelles solutions pour une gestion intelligente de l’énergie ?

Non classé
10 juillet 2017

Toujours plus connectés et plus centrés sur la technologie, nos modes de vie requièrent un approvisionnement énergétique croissant, plus stable et accessible au plan économique. Un véritable défi pour les collectivités locales, accentué par les contraintes de l’époque. Toutefois, des solutions existent.

Urbanisation massive, démocratisation du numérique à l’échelle mondiale, explosion du nombre de véhicules… Toutes les grandes évolutions de notre monde convergent vers un même résultat : un besoin en énergie qui croît de manière exponentielle et la nécessité impérieuse d’y apporter des réponses efficaces. Ces dernières sont cependant conditionnées par deux éléments clés relativement récents. D’une part, il n’est désormais plus envisageable de recourir à des énergies ou des méthodes de production dites « sales ». D’autre part, les exigences des consommateurs contraignent à la mise en place de services stables et qualitatifs. « Autrefois, les coupures d’électricité arrivaient et on faisait avec. Aujourd’hui, c’est insupportable pour les gens », constate Bernard Lassus, directeur du programme Linky chez Enedis (ex-ERDF). Et pour cause, nos modes de vie et nos process de travail ultra connectés ne supportent plus le moindre isolement énergétique.

Si, en la matière, les grandes lignes sont établies au niveau européen et national, face à de tels défis, ce sont souvent les collectivités qui sont à la manœuvre en ce qui concerne les solutions locales. Et à petite comme à grande échelle, deux principaux axes de réflexion se complètent : le remplacement de technologies anciennes par des alternatives plus propres, moins énergivores, et une gestion plus intelligente des énergies et des technologies déjà en place.

Linky, première étape du réseau intelligent

Lancée fin 2015, la mise en place des compteurs Linky constitue indéniablement le plus important chantier de cette nouvelle génération de solutions dites intelligentes. Ce petit boîtier de mêmes dimensions que son prédécesseur est un « compteur communicant » ou « compteur intelligent ». « Linky enregistre la consommation et nous la transmet une fois par jour, puis nous la retransmettons mensuellement au fournisseur d’énergie pour qu’il puisse facturer. Chaque ménage peut donc étudier sa courbe de charges et agir en conséquence, voire se faire conseiller. Quant aux fournisseurs, ils peuvent proposer des offres mieux adaptées à la réalité des clients », explique Bernard Lassus. Et d’ajouter : « Linky est surtout un compteur dont on peut mettre à jour les logiciels embarqués, il évoluera donc avec les innovations à venir ».

Sur les 35 millions de compteurs qui doivent être installés à horizon 2021, plus de 4 millions le sont déjà. Enedis les pose à un rythme de 18 000 par jour et espère atteindre les 35 000 par jour d’ici la fin de l’année. Juste de quoi rentrer dans les jalons établis par une directive européenne qui impose aux États membres de s’être équipés de 80 % de compteurs communicants à la fin de l’année 2020. L’Union croit en effet fortement aux bienfaits évoqués par le directeur du programme pour le consommateur. Ainsi, si l’impact sur son portefeuille dépend des offres des fournisseurs, il y gagnera cependant à plusieurs niveaux : des prestations moins onéreuses, des pannes quasi indétectables et surtout une disparition progressive des interventions à domicile et des inconvénients qui vont avec (obligation de présence, RTT, coupures, etc.). Un dernier élément loin d’être négligeable, selon Bernard Lassus : « Nous réalisons 12 millions d’interventions par an et Linky permettra d’en réaliser au moins 70 % à distance ». De quoi réjouir les administrés qui ne s’apercevront même pas que leur compteur est en train de s’autoréparer ou d’être opéré à distance par les équipes techniques d’Enedis.

Piloter la production énergétique avec les Smart Grids

Au-delà du confort des consommateurs, le flux colossal d’informations envoyé par les compteurs intelligents sert à évaluer les véritables besoins du réseau électrique et les détails de ces besoins. À quelles heures a-t-on besoin d’énergie ? Comment satisfaire les besoins de chacun sans créer de surcharge ? Comment exploiter les temps creux ? Comment intégrer les énergies renouvelables au réseau historique ? Autant de questions auxquelles les Smart Grids ou réseaux électriques intelligents essaient de répondre.

L’idée est simple. Le réseau est divisé en mailles connectées, mais indépendantes les unes des autres, séparables, et en communication permanente entre elles. Ainsi, les informations sont collectées à chaque niveau de réseau afin de connaître son état en permanence. Quand un point de passage devient impraticable, l’électricité est redirigée vers un autre itinéraire. Elle est surtout dispensée en fonction des besoins locaux et globaux afin que la production et la consommation soient en phase. Un équilibre qui génère une économie naturelle des ressources de la planète sans priver qui que ce soit.

Mieux encore, les Smart Grids contribuent fondamentalement à l’utilisation des énergies renouvelables. Dans un document, le cabinet Sia Partners estimait même que leur mise en place aiderait grandement les pays de l’UE à atteindre les 20 % de renouvelable imposés, notamment pour la France, qualifiée de « pionnière » dans le domaine. Tandis que les réseaux traditionnels s’organisent autour de grands points de production d’énergie — les centrales, qu’elles soient nucléaires, à flamme, hydroélectriques ou autre —, les réseaux électriques intelligents, grâce à leur souplesse, peuvent se brancher sur des milliers de producteurs d’énergie, petits ou grands. « C’est particulièrement utile pour gérer une énergie comme le photovoltaïque, qui fournit de l’électricité à des heures où elle n’est pas nécessaire en grande quantité », précise Christian Tordo, adjoint au maire de Nice délégué à l’économie, l’emploi et l’industrie. « En quatre ou cinq ans sont apparus près de 370 000 producteurs d’énergies renouvelables. Cela implique nécessairement une gestion beaucoup plus fi ne du réseau », ajoute Bernard Lassus.

Faciliter l’intégration des outils écologiques

Mais les nouveaux points de production d’énergie ne sont pas les seuls à s’être multipliés à grande vitesse sur le réseau français. C’est aussi le cas des outils de la Smart City. Véhicules électriques en partage, bâtiments intelligents, quartiers connectés, tous nous emmènent progressivement vers la ville du futur à laquelle rêvent déjà dirigeants politiques et industriels. Dans celle-ci, tout communique. Comprendre que des millions d’appareils relèveront et enverront en permanence des données et les centraliseront ou les échangeront — entre eux et avec les usagers — pour optimiser aussi bien les comportements humains que les automatismes des systèmes.

Dans la plupart des métropoles françaises, cette révolution devient peu à peu une réalité. Les véhicules électriques en ont été un des premiers exemples ostentatoires. Les recharges qu’ils nécessitent illustrent toutefois parfaitement la grande problématique de la Smart City. Seul l’usage de bornes intelligentes autorise leur fonctionnement sans déséquilibre énergétique local. Or, en aucun cas la ville intelligente ne doit devenir hostile à l’usager au profit de l’économie financière ou énergétique. C’est même l’inverse. « Le premier des objectifs est indéniablement l’amélioration de l’expérience urbaine et de l’habitat », conclut Christian Tordo.

 

Jean Delphes & Liorah Benamou

 

Nice, pionnière française de la Smart City

« Nice Côte d’Azur est une péninsule électrique, ce qui veut dire que nous achetons entre 80 et 90 % de l’énergie que nous consommons. La Smart City est donc un enjeu clé pour nous ». Le constat de Christian Tordo, adjoint au maire de Nice délégué à l’économie, l’emploi et l’industrie, ne souffre aucun débat : l’énergie est au centre des préoccupations de la capitale azuréenne. Et la métropole n’a pas ménagé ses efforts pour se placer au rang des leaders français et européens sur le sujet. Lauréate du Smarter Cities Challenge d’IBM en 2011, elle a su s’attirer l’intérêt des acteurs du secteur et les fonds de soutien qui vont avec. Alors qu’elle s’apprête à lancer Nice Smart Valley, elle a déjà prouvé sa volonté et son efficacité avec le quartier photovoltaïque de Nice Grid, à Carros. « Pour la collectivité, ce n’est pas excessivement lourd du point de vue des infrastructures car ce sont les partenaires qui sont à la manœuvre. La véritable difficulté réside dans la gestion de la coopération étroite entre différents acteurs de poids ». L’élu ne tarit pourtant pas d’éloges sur les bienfaits des « Smart projets ». Satisfaction des administrés, croissance et diversification économique, enseignements fondamentaux pour les dirigeants, portée éducative profonde, la liste est longue. Toutefois, Christian Tordo prévient ceux qui envisagent de se lancer un peu trop vite. « Il faut identifier clairement le problème à résoudre, l’objectif véritable et la solution qui y répondra le mieux. Important aussi : éviter de souscrire à des solutions propriétaires. Enfin, il est fondamental d’organiser une plateforme pour collecter les retours des citoyens ». La Smart City est la propriété de tous, tous doivent donc y participer.  

 

L'agenda

RCL
Voir tout l'agenda

Paroles de maires

RCL
Question :
Un maire, donc OPJ, peut-il l’être en dehors de sa commune ?
Réponses :
Non, il est élu OPJ sur sa commune.
Tous les pouvoirs du Maire en tant que représentant de l'Etat ne lui sont octroyés que sur son territoire.
Non uniquement dans la commune où il est élu maire.

Inscrivez-vous dès maintenant sur le groupe Facebook Paroles de Maires pour obtenir des informations quotidiennes sur l'actualité de vos missions.

Copyright © 2022 Link Media Group. Tous droits réservés.