Entretien
Patrick Even
Responsable du pôle déchets à lʼAdeme Bretagne
Quelles sont les actions les plus significatives qui ont permis une tendance à la baisse de la production de déchets en Bretagne ?
Beaucoup d’actions pilotes sont menées par les collectivités bretonnes. Si l’on maintient la tendance actuelle, la réduction moyenne sera de 9 % sur les Ordures Ménagères et Assimilées (OMA) et 8 % sur les Déchets Ménagers et Assimilés(DMA) à l’échéance des cinq ans. L’objectif de réduction de la production d’ordures ménagères et assimilées de 7% par habitant d’ici 2013 devrait donc être respecté. L’Ademe bretagne est engagée dans un partenariat très fort avec les quatre départements bretons (Conseil Général du Morbihan, SYMEED/Conseil Général du Finistère, Conseil Général d’Ille-et-Vilaine et Conseil Général des Côtes d’Armor) et les chambres consulaires. C’est l’association de tous ces acteurs qui nous a permis de réussir ce challenge. Il est cependant difficile de diffuser ces actions de manière à ce qu’elles soient pratiquées par le plus grand nombre. C’est un point sur lequel nous réfléchissons collectivement.
Parmi les actions les plus significatives, on peut citer :
• le développement de la mise en oeuvre de la tarification incitative : actuellement, près de 50% de la population bretonne est concernée par l’étude ou la mise en oeuvre de cette tarification. Nous constatons une très fortes augmentation des collectes sélectives d’emballages et matériaux secs dans les communes ayant mis en oeuvre conjointement un programme de prévention et la redevance incitative. En parallèle, la réduction de la production de déchets peut atteindre 30%. Toute collectivité qui met en oeuvre la tarification incitative a besoin d’accompagner la demande des habitants pour réduire leurs quantités de déchets. Et notamment nous constatons à chaque fois une explosion des demandes de composteurs individuels. Sur le plan quantitatif, les actions de promotion pour le compostage domestique ont l’impact le plus important. C’est un circuit court qui permet de réduire fortement les déchets collectés.
• Le développement du réemploi : plusieurs recycleries sont en projet ou déjà ouvertes, avec des impacts positifs sur les plans environnementaux et sociaux,
• De nombreuses animations sont proposées lors de la semaine européenne de réduction des déchets (298 en 2011). La Bretagne était la 3e région française à mettre en place le plus d’actions.
Quelles sont pour les collectivités les conséquences de la réduction des tonnages collectés ?
Les conséquences sont positives, notamment en matière de « coût évité ».
En effet, le budget financier alloué par l’Ademe ne peut constituer, à lui seul, le budget prévention des déchets d’une collectivité. C’est par la mise en oeuvre de mesures visant à réduire les quantités de déchets à collecter et à traiter que les collectivités dégagent une marge en matière de coût de collecte et traitement. La collectivité peut alors au choix réduire la facture de ses administrés ou réinvestir cette somme dans une politique de réduction des déchets. La seconde solution nous semble toutefois plus judicieuse de façon à abonder l’enveloppe budgétaire que nous leur accordons.
Quelles catégories de déchets vous semblent plus difficiles à gérer ?
Les « assimilés ainsi que les déchets produits par les artisans comptent parmi les catégories de déchets les plus difficiles à collecter. Nous avons mis en place un partenariat avec la chambre des métiers. Cette dernière a signé des conventions avec les EPCI et les programmes locaux qui le souhaitaient de façon à pouvoir travailler sur ces deux cibles dans chacun des territoires bretons. Des réflexions sont en cours sur les solutions à trouver pour lever certains freins qui existent pour certaines catégories de déchets ou certaines cibles.
Le territoire Breton a-t-il des particularités dont il faut tenir compte lors de la mise en place d’un plan de gestion des déchets ?
L’ouest de la France et notamment de la Bretagne ont en effet une particularité : la quantité très importante de déchets verts. Les ratios sont de 100 kilos supérieurs à la moyenne nationale et les fluctuations dépendent en grande partie de la météo. C’est un véritable problème pour les collectivités qui, malgré leur volonté de réduire les déchets, se retrouvent avec des quantités à la hausse. Sans compter que, depuis la parution de la circulaire du 18 novembre 2011, relative à l’interdiction du brûlage à l’air libre des déchets verts, certaines collectivités ont observé une augmentation très forte des déchets verts en déchetterie.
Les Programmes locaux de prévention sont des contrats passés pour une durée de 5 ans. Or plus de cinq années seront nécessaires pour réellement changer les comportements et on peut estimer que dix environ seront nécessaires pour mesurer les véritables conséquences des actions qui ont été engagées.
Propos recueillis par Blandine Klaas
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