3 questions à…
Joël Carreiras
vice-président du Grand Toulouse et président de la commission intermodalité du Gart
Quelle est la part des déplacements multimodaux en France ?
Les chiffres dont nous disposons montrent que les pratiques intermodales en France sont minoritaires. En Ile-de-France, moins de 10 % des déplacements sont intermodaux. Pour la province, ce chiffre varie entre 1% et 5 % des déplacements. Il faut savoir qu’il s’agit en grande majorité de déplacements internes aux réseaux de transport collectifs urbains, ceux qui concentrent le plus grand nombre d’offres. L’intermodalité est un sujet important pour toutes les autorités de transport et notamment pour le Gart. Nous considérons qu’il faut raisonner en termes de chaîne de déplacements, c’est à dire l’utilisation de plusieurs modes de transport au cours d’un même déplacement. Souvent les réseaux ont été développés d’une manière qui ne favorisait pas l’intermodalité. Dès lors qu’une grande partie des investissements était consacrée à la création de lignes de transports, il restait inévitablement moins de moyens pour le maillage et les couvertures territoriales larges qui vont chercher l’usager au plus près de son lieu d’habitation. C’est pourquoi la réflexion menée aujourd’hui privilégie cette logique de connexion. Bien entendu, le mode de transport doit être attractif et performant pour que l’usager puisse se déplacer le plus rapidement possible et dans les meilleures conditions.
Quels sont les enjeux de l’intermodalité ?
Gagner du temps, gagner en efficacité en délivrant une information précise et en temps réel sur le réseau. Simplifier l’usage des transports par le tarif, en dématérialisant les titres de transport, etc. Ce sont des développements importants qui faciliteront l’usage des transports. Aujourd’hui la compétence transport est répartie entre la région, les départements, les intercommunalités et demain les métropoles. Le projet de loi de décentralisation, actuellement en discussion, renforce d’ailleurs le rôle des régions dans ce domaine. Il est mentionné que le conseil régional pilotera la co-élaboration d’un schéma de l’intermodalité, en concertation avec l’État et les autorités organisatrices situées sur son territoire. Ce schéma porte sur la coordination entre les services de transports et l’information offerts aux usagers, la complémentarité entre les modes, cohérence de la tarification, lisibilité des réseaux…Il ne s’agit plus uniquement d’améliorer les infrastructures, mais l’ensemble des services.
Comment la collectivité peut-elle faire face à l’ensemble des coûts ?
Pour financer les transports urbains, les collectivités locales disposent de recettes qui proviennent en partie du contribuable, de l’usager (environ 32 % du coût réel d’exploitation). Le versement transport, payé par les entreprises de plus de 9 salariés contribue aussi à l’investissement. Toutefois, seules les communes et les intercommunalités peuvent en bénéficier. Cette ressource ne peut exister à l’échelle régionale qu’à la condition de créer un syndicat mixte SRU, à l’échelle du périmètre concerné, qui permet de percevoir un versement transport additionnel pouvant être porté à 0,5 %, dans les zones situées hors périmètre de transports urbains. Les collectivités concernées décideront ensemble de son utilisation. Les mécanismes de financement de l’intermodalité, sont souvent le fruit d’une configuration locale.
La question de la ressource financière est essentielle pour le développement du transport collectif. C’est pourquoi le Gart est très attentif aux discussions menées dans le cadre du projet de loi de finances. Nous militons pour que le taux de TVÀ sur les transports publics soit abaissé à 5,5 %. Or, le gouvernement prévoit une augmentation de 7 % actuellement à 10 %. Nous considérons que le transport public, est un bien de première nécessité. Il faut donc veiller à ce que la part payée par l’usager demeure raisonnable au risque de voir de plus en plus d’usagers déserter les transports publics. D’où un manque à gagner, en termes de recettes, pour développer le réseau.
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