C’est un double défi que doit relever le conseil général du Loiret : avoir sur son territoire des médecins en nombre suffisant pour soigner les populations mais aussi pour faire face aux besoins de la collectivité qui n’emploie que 12 médecins au sein de ses services au lieu des 25 nécessaires. Si la désertification médicale est une réalité pour beaucoup de territoires français, il semblerait que certaines régions soient plus fortement touchées. « Sur les 22 régions françaises, la région Centre occupe la 21e place en matière de désertification. Et le Loiret est un des six départements de la région qui constate la plus grande désertification dans les zones rurales » explique Éric Doligé, président du conseil général du Loiret. « Et ce, malgré un bon positionnement géographique, à proximité immédiate de l’Île-de-France. Une situation grave que les nombreux départs à la retraite de médecins ne font qu’aggraver ». D’où cette initiative lancée le mois dernier, en partenariat avec l’ordre des médecins du Loiret, visant à recruter des médecins libéraux retraités, qui souhaitent poursuivre, quelques heures par mois, leur activité professionnelle au sein des services du département. Ces praticiens contribueront ainsi à la continuité du service public et à la qualité des soins alloués aux Loirétains par l’évaluation des personnes âgées et handicapées, la consultation de nourrissons, les visites médicales dans les écoles… « Nous devions trouver un système qui permette à des médecins à la retraite de continuer leur activité dans des conditions plus souples. Nous disposons d’un vivier relativement important que nous avons évalué à environ 500 praticiens dans le département, disponibles, et répartis géographiquement sur l’ensemble du territoire. Nous leur proposons de continuer d’exercer dans des conditions plus souples, avec moins de contraintes au niveau des horaires et des gardes ».
Pour le Loiret, cette action va dans le sens de ses investissements initiés depuis 2009 en faveur du maintien et de l’installation des professions médicales sur le département, qui représente 1,3 million d’euros : maisons de santé pluridisciplinaires et paramédicales, attribution de bourses à des étudiants en médecine, etc.
Parallèlement, le département a pris diverses mesures pour favoriser l’installation de jeunes médecins sur son territoire : « Il y a dix ans, nous avons anticipé cette pénurie de médecins. Nous avons misé dans un premier temps sur l’accueil de médecins étrangers mais l’opération s’est révédes contraintes administratives auxquelles ils ont dû faire face. Nous avons donc mis en place des financements importants pour la création de maisons médicales dans les communes ». C’est un dispositif qui marche bien. Une douzaine d’établissements sont implantés dans les chefs lieu de cantons et accueillent plusieurs médecins et infirmiers aux spécialités médicales et paramédicales très diversifiées. « L’État et la région ont mis en place des financements pour développer ces établissements. À Meung-sur-Loire, chef-lieu de canton situé à 15 kilomètres d’Orléans, la commune a financé les trois dernières années d’étudiants en médecine de la faculté de médecine de Tours, soit environ 2 000 euros par mois. En contrepartie, ils devront exercer dans le département pendant les cinq premières années de leur carrière de médecin. Ce sont des opérations ponctuelles mais qui fonctionnent ».
Que faut-il donc faire pour que les médecins acceptent de venir s’installer dans les zones rurales qui manquent de praticiens ? Selon Éric Doligé la première solution consisterait à créer une antenne de la faculté de médecine à Orléans où la ville dispose de deux hôpitaux nouveaux. Il faudrait également proposer des formations médicales sur Orléans, selon lui. « D’une manière plus générale, il faut arriver à trouver des incitations qui permettent aux jeunes médecins de sortir du lieu où ils ont été formés, où ils ont souvent passé une dizaine d’années et pour certains fondé leur foyer ». Il est également vrai que beaucoup d’entre eux partent sous des cieux plus propices au bord de la Méditerranée. Il faut leur offrir des conditions attractives. « Je pense qu’il faut arriver à trouver un moyen d’offrir aux médecins des conditions plus avantageuses selon les secteurs géographiques. Ca peut être sur le plan de la fiscalité, sur le plan de l’installation, du remboursement, de la nature des honoraires, etc. Il faut arriver à mixer un certain nombre de conditions et éventuellement mettre en place des structures qui permettent de faciliter la recherche d’un nouvel emploi pour les conjoints. Tous ces points doivent être pris en compte. C’est une addition de facteurs qui permettront de rendre attractifs des territoires qui aujourd’hui ne le sont pas, non pas parce que les territoires ne sont pas agréables mais parce que certaines habitudes sont prises ou alors comme toujours, quand il y a une pénurie dans un secteur, les places sont chères ».
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