Petit à petit, les nouvelles formes de mobilité intègrent les offres globales proposées par les opérateurs de transport afin d’offrir aux usagers l’offre de transport la plus performante possible.
Pourra-t-on à l’avenir penser les réseaux de transports publics sans y associer d’autres formes de mobilité ? Pour Stéphanie Lopes d’Azevedo, directrice du département des affaires économiques et techniques de l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), la réponse est non. « On va devoir jouer la complémentarité des modes partout où cela est possible, sur les premiers et derniers kilomètres notamment. La loi LOM a donné aux collectivités locales ainsi qu’aux autorités organisatrices de mobilité (AOM) plus de compétences sur tout l’éventail des mobilités, qu’il s’agisse de modes actifs comme le vélo, de l’autopartage, du covoiturage ou encore du transport à la demande. » La crise sanitaire a donné lieu à de nouvelles habitudes de déplacement et accéléré le développement de nouvelles mobilités, le vélo en tête avec une augmentation du trafic dans tous les milieux urbains, périurbain et rural de 30 % en 2020 par rapport à 2019, selon une enquête menée par le réseau Vélo & Territoires. L’articulation entre les réseaux de transports en commun et ces nouveaux modes de déplacement est une tendance de fond qui émerge et pourrait bien contribuer à redonner aux transports collectifs une nouvelle attractivité.
COMBINER LES MODES DE DÉPLACEMENT
À l’heure où de nombreux opérateurs et collectivités découvrent le MaaS (Mobility-as-a-Service), le syndicat mixte des transports en commun du Territoire de Belfort peut se targuer de compter parmi les pionniers en France de l’intermodalité. « Offrir avec les transports en commun la même liberté qu’en voiture individuelle sans les inconvénients », tel est son credo depuis près de dix ans avec l’intégration d’un service d’auto-partage baptisé « L’Auto en libre-service » dans le bouquet de mobilités du Territoire de Belfort. « Lancer ce service d’autopartage était une réponse à un enjeu d’intérêt public », souligne Franck Mesclier, directeur du développement et des mobilités partagées, notamment pour connecter les territoires ruraux au réseau urbain de Belfort. Sachant que le vélo est le moyen le plus rapide sur de courtes distances, que l’autobus est performant aux heures de pointe et que les longs parcours sont pertinents en automobile, son pack « triple play » répond à un besoin réel. Résultat : de 4,8 millions de voyageurs annuels en bus en 2006, la fréquentation a bondi à 8,7 millions de voyages en 2018. Le SMTC ne compte pas s’arrêter là et entend faire évoluer son parcours client avec l’introduction d’une application MaaS. En 2022, les usagers pourront accéder au bouquet de services de mobilité Optymo – bus, vélo, autopartage – directement depuis une seule et même application dont la réalisation a été confiée à Vulog, spécialiste des technologies de mobilité partagée. « Les politiques intermodales n’ont pas pour seul objectif de simplifier les conditions de déplacement des usagers. Elles participent également à l’optimisation des réseaux de transport, alors que les contraintes financières pesant sur les collectivités territoriales, autorités organisatrices, sont de plus en plus prégnantes. L’intermodalité invite ainsi à restructurer et à hiérarchiser les offres de transport, en définissant leurs zones de pertinence respectives et en recherchant leur complémentarité plutôt que leur concurrence », indiquait le conseil économique, social et environnemental régional (CESER) Nouvelle-aquitaine dans une note publiée en 2017.
COMPOSER SA MOBILITÉ
« Aujourd’hui, on ne parle plus en termes de transport public mais de mobilité, lance François Rage, président du syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération clermontoise (SMTC-AC). Nous garantissons à chacun une mobilité adaptée à sa situation géographique, sociale et physique. Cette mobilité passera pour certains par un mode lourd, un mode de transport public, et pour d’autres, par des modes doux ou actifs. » Parmi les solutions qui se développent, dopées pour certaines par les technologies numériques, le covoiturage qui en l’espace de quelques années a trouvé sa place dans les offres de mobilité des opérateurs de transport.
À l’image de Modalis, la marque du Syndicat Nouvelle- Aquitaine Mobilités, qui intègre depuis peu Karos, leader du covoiturage domicile-travail, à son offre de transport intermodale afin de proposer à ses utilisateurs des trajets en covoiturage en complément des transports en commun et simplifier ainsi encore plus les déplacements en Nouvelle-Aquitaine. « C’est une pierre supplémentaire apportée au système d’information multimodale que la Nouvelle-Aquitaine et ses membres développent en continu », commente Jérôme Kravetz, directeur de Nouvelle-Aquitaine Mobilités. Karos a déjà signé une quinzaine de contrats avec des régions ou agglomérations (Normandie, Occitanie, Grenoble, Cholet, Béthune, département de l’Aube…), dont le réseau de transports en commun d’Île-de-France où cet accord concerne Paris et 1 267 autres communes, soit 12,2 millions d’habitants.
« Les transports collectifs doivent s’intégrer davantage avec les autres modes de déplacement pour que les usagers reviennent, estime Carole Pezzali, Partner au sein du cabinet Wavestone. L’étude sur le retour au travail et la mobilité publiée par la société de conseil en juin dernier le montre : près d’un Français sur trois estime que la facilitation des connexions entre les différents modes de transports (covoiturage, parking à vélos…) favoriserait l’usage des transports en commun.
Blandine Klaas
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